Ce document est un commentaire de texte, complet et entièrement et rédigé, portant sur le discours de Ronald Reagan prononcé le 8 mars 1983 à Orlando devant la convention annuelle de l'Association nationale des Évangélistes.
L'analyse du discours du Président Reagan nous permettra donc de répondre à la problématique suivante. En quoi Ronald Reagan use-t-il d'une stratégie très politicienne de défense des valeurs conservatrices américaines et d'incitation à la peur pour obtenir l'approbation de la population à une diplomatie ferme vis-à-vis de l'URSS, ce afin de justifier l'investissement qu'il veut réaliser dans l'armement ?
Pour ce faire, nous montrerons d'abord en quoi le discours s'inscrit dans une forme très conservatrice, axée sur l'histoire, la morale et la religion et par conséquent adaptée à son public et à son électorat. Dans un second temps, nous illustrerons la stratégie de montée de la peur, développée par un champ lexical plus proche de la fiction que de la réalité. Enfin, nous démontrerons l'usage politique de ce texte, à savoir la volonté d'obtention d'un soutien populaire à la politique d'armement que Reagan veut défendre face à ses adversaires politiques.
[...] De fait, s'il n'y avait aucun risque d'utiliser la force, la politique d'armement serait bien entendu beaucoup plus difficile à justifier. Il reste à démontrer si ce risque de guerre est vraiment réel : il l'était dans les années 1950, mais Reagan comme Brejnev ont-ils vraiment envie d'un conflit où même le vainqueur, quel qu'il soit, aurait beaucoup à perdre dans un monde nucléarisé ? Il est possible que Reagan entende plutôt favoriser une technique de dissuasion nucléaire où les Etats-Unis montreraient les bras, sans forcément avoir vocation à attaquer - mais déclarer que ne pas utiliser les armes est l'option la plus probable n'inciterait certes pas à les construire. [...]
[...] « L'Histoire nous apprend que prendre nos désirs pour des réalités et rechercher naïvement la conciliation avec nos adversaires n'est que folie. » (l9-10) Cette phrase n'est pas plus claire que précédemment quant à la période historique exacte que Reagan mentionne, toujours est-il qu'elle laisse d'autant plus le champ libre aux Américains de choisir en quelle période l'histoire, justement, a causé des souffrances de par le non-interventionnisme, voire la stratégie diplomatique. Peut-être durant la Seconde Guerre mondiale, coûteuse en vies américaines : le désintérêt pour l'expansion japonaise jusqu'en 1941 avec le désastre de Pearl Harbor ? [...]
[...] Là encore, celui-ci touche à un point extrêmement sensible, notamment pour la frange conservatrice de son électorat : la peur du déclin, de l'infériorité. L'idée selon laquelle les Etats-Unis devraient activement s'engager dans une évolution positive du monde n'est pas nouvelle, et si elle n'a pas été permanente, elle est relativement constante depuis 1945. Pourtant, cette idée a été largement écornée avec la défaite américaine au Vietnam : avoir une armée forte n'a alors pas permis de vaincre une guérilla locale et d'imposer la vision américaine ; les évènements de la prise d'otages de Téhéran n'ont pas aidé à dissiper ce doute. [...]
[...] Un champ lexical proche du film de guerre La suite du discours devient de plus en plus hollywoodienne : Reagan évoque « les pulsions agressives de l'Empire du Mal » (l16-17), et le risque de se « soustraire au combat entre le juste et le faux, le bien et le mal » (l18-19). Ces termes sont éloquents : la géopolitique dans sa grande complexité se retrouve simplifiée à l'extrême, pour ne pas dire tout simplement grimée en un remake de film de guerre, au cours duquel la nation soviétique devient un Empire du mal, qui aurait la vocation naturelle à soumettre, à faire souffrir - si l'oppression est objectivement une réalité en soi dans le bloc soviétique, l'on sait bien que les choses sont bien plus complexes, le modèle soviétique s'étant construit sur l'idée de faire appliquer une doctrine politique et économique visant au bien-être du peuple - aussi lointaine la réalité soit-elle de l'idéal en 1983. [...]
[...] Idéaliser le passé, rappeler les valeurs morales du pays et évoquer la religion apparaissent donc comme des choix naturels. Un passé idéalisé Le premier élément important dans un discours que l'on veut centrer sur le conservatisme est l'évocation, précise ou vague, du passé. Reagan déclare ainsi, en parlant du choix éventuel de poursuivre le désarmement : « Cette attitude reviendrait à trahir notre passé. » (l10-11) Il donne ainsi l'idée d'une Amérique qui aurait été conquérante depuis sa naissance deux siècles plus tôt. [...]
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