Le discours de Nasser à Alexandrie le 26 juillet 1956

Résumé du document

Dès le début des années 1950, le climat politique du Moyen-Orient arabe est largement troublé, voire chamboulé. Il y a en fait trois aspects plus ou moins violents qui se recoupent et participent à créer une ambiance très tendue : un large mouvement de décolonisation lié au développement des nationalismes, l'inscription du Moyen-Orient arabe dans la guerre froide, et la prise de conscience et l'affirmation d'un fort nationalisme arabe emmené pas des leaders charismatiques.

Tout d'abord donc, les États arabes sont épris de liberté après des décennies de domination européenne. Ainsi, la Libye proclame son indépendance en décembre 1951, la Tunisie et le Maroc se libèrent du protectorat français et obtiennent leur indépendance totale en mars 1956, l'Algérie est en guerre contre la France à partir de 1954… Ces pays arabes se soulèvent enfin, car ils prennent notamment conscience que les Occidentaux sont fragilisés par la Seconde Guerre mondiale et par la Guerre froide qui met progressivement en place un monde bipolaire.

Extraits

[...] En effet, depuis l'occupation du pays par les forces britanniques à la suite de la chute de l'Empire ottoman, les égyptiens ne se gouvernent plus d'eux-mêmes. Pour Nasser, à travers cette expression, il est temps que les égyptiens soient souverains en leur pays. Pour cela, comme nous le développerons plus tard, le peuple égyptien doit devenir indépendant économiquement pour devenir indépendant politiquement. Pour obtenir une véritable souveraineté du peuple égyptien, Nasser envisage plusieurs options ainsi que pour défendre cette souveraineté. Lignes 54-55 : nous voulions des armes pour consolider notre souveraineté et notre indépendance et notre entité et non pour nous plier à certaines conditions. [...]

[...] Le fait d'avoir soutenu les insurrections en Afrique du Nord a d'ailleurs valu à l'Egypte des tensions avec la France qui a alors refusé de les livrer en armes. Il a eu aussi toute une propagande anti colonialisme français qui a été mise en place depuis la radio du Caire Voix Arabe qui est diffusé dans une grande partie de la Méditerranée et du monde Arabe. Lignes 39-44 Evocation de toutes les luttes arabes face aux occidentaux : lutte jordanienne, Algérienne, syrienne, soudanaise. Nasser ici exprime bien que toutes les nations arabes sont liées. [...]

[...] On a donc une omniprésence du panarabisme dans ce discours de Gamal Abel Nasser. Cependant, dans le domaine international, Nasser ne prône pas seulement le panarabisme, il prône aussi un neutralisme pour l'Égypte. Une nation neutre : L'Egypte depuis sa Révolution en 1952, désire adopter d'un point de vue international un point de vue neutre. Nasser dans ce discours ne montre pas son affiliation à l'un ou l'autre des blocs de la Guerre Froide que sont le bloc américain ou le bloc soviétique. [...]

[...] L'annonce de cette nationalisation a lieu à Alexandrie le 26 juillet 1956, et ce, au cours d'un discours ponctué d'anecdotes et déclamé sur un ton familier et dans un arabe dialectal. Le leader égyptien justifie la nationalisation du canal en insistant sur le passé de l'Égypte et sur les bienfaits économiques que cela va rapporter au pays, mais il insiste aussi sur l'indépendance politique de l'Égypte et sur l'importance de la souveraineté égyptienne. On peut donc dire que la nationalisation du canal de Suez en 1956, s'inscrit tout à fait dans une politique nassérienne basée sur un fort nationalisme égyptien et sur l'unité du monde arabe. [...]

[...] àIci, Nasser nous évoque la lutte des jordaniens face à l'ingérence britannique. Pour faire court, la Grande-Bretagne voulait que la Jordanie entre dans le pacte anti-communiste dit Pacte de Bagdad. En échange les britanniques offraient 24 millions de dollars d'aides supplémentaires, assouplissaient leur mandat et s'engageaient à former les soldats jordaniens. Dans un premier temps, le roi jordanien accepte, mais le peuple associe le pacte de Bagdad à une association avec Israël et se révolte. Cette révolte populaire aboutit à un refus de la Jordanie d'adhérer au pacte de Bagdad mais aussi à 40 morts et à 300 personnes arrêtées. [...]