Le document que nous allons étudier aujourd'hui est un extrait du discours prononcé par John Fitzgerald Kennedy à l'université américaine de Washington D.C., le 10 juin 1963.
35e président des États-Unis d'Amérique, Kennedy est en poste depuis plus de deux ans quand il prononce ce discours. Son mandat a été jusqu'alors traversé par quelques graves crises, notamment l'affaire de la Baie des Cochons en avril 1961, la crise de Berlin en aout 1961 et celle de Cuba en octobre 1962.
Ainsi, s'il a déjà été amené à brandir la menace nucléaire au long de son mandat présidentiel, Kennedy fait ici un discours prônant la paix dans le monde. Dans ce discours, JFK ne s'adresse non pas seulement à des étudiants, mais également aux « dirigeants soviétiques » ; le fait de s'adresser à l'URSS dans un discours prononcé devant une université américaine laisse ainsi penser que Kennedy sait que ce discours sera traduit et interprété par son homologue russe, Khrouchtchev.
Il faut bien comprendre que Kennedy est rôdé à l'usage du discours. Son élection elle-même a été basée entre autres sur sa capacité à utiliser tout le potentiel des médias pour diffuser son image. Pour la première fois, les débats entre deux candidats à l'élection présidentielle, soit Kennedy et Nixon, ont été retransmis à l'écran, ce qui induit que la présence et le charisme rentraient complètement en ligne de compte. Quand il entre au pouvoir en janvier 1961, c'est donc dû non seulement au programme politique qu'il soutient, mais également à l'image qu'il véhicule.
[...] Il est intéressant de noter que ce conflit a été créé et résolu par l'arme nucléaire. En cela que c'est la crainte d'une attaque nucléaire qui a fait renoncer Kennedy à déployer des hommes sur Cuba pour prendre d'assaut les rampes de lancement et cette même crainte qui a fait reculer Khrouchtchev sur ses ambitions à propos de Cuba. Kennedy illustre d'ailleurs ce paradoxe quand il parle d'un nouvel aspect de la guerre au paragraphe 4. La guerre apparaît désormais comme impossible sans Destruction Mutuelle Assurée (ou mutual assured destruction, expression désignée par l'acronyme MAD). [...]
[...] Khrouchtchev adopte cette doctrine dès 1960 mais ne l'admet pas en pratique. Ainsi, le bilan de ce discours sur les relations américano-soviétique est ambigu. Si Kennedy semble montrer patte blanche, une analyse plus approfondie nous montre bien que la logique de bloc est toujours présente dans ce texte. Maintenant, intéressons-nous plus spécifiquement dans une troisième partie, à la forme de ce discours, et en quoi le fait que ces mots soient prononcés par JFK soit intéressant à étudier. III] Un charisme au service de la transmission de l'information Un grand prestige Après la crise des fusées, Kennedy est perçu comme l'homme qui a réussi à éviter la guerre nucléaire. [...]
[...] Vers de nouvelles relations américano-soviétiques ? A ce titre, on peut citer le discours d'investiture de Kennedy lors de son entrée en fonction présidentielle, le 20 janvier 1961 : «Aux nations qui voudraient se muer en adversaires, nous ne faisons pas de promesses, mais nous leur adressons une requête : que les deux parties en présence entreprennent de nouveau la recherche de la paix, avant que les sombres puissances de destruction engendrées par la science n'entraînent l'humanité dans une destruction organisée ou accidentelle Dans les mois qui suivirent la crise de Cuba, une sorte d'armistice s'installa entre les deux grands, pour reprendre les termes d'André Fontaine, historien et journaliste français. [...]
[...] Il faut bien comprendre que Kennedy est rôdé à l'usage du discours. Son élection elle-même a été basée entre autres sur sa capacité à utiliser tout le potentiel des médias pour diffuser son image. Pour la première fois, les débats entre deux candidats à l'élection présidentielle, soit Kennedy et Nixon, ont été retransmis à l'écran, ce qui induit que la présence et le charisme rentraient complètement en ligne de compte. Quand il entre au pouvoir en janvier 1961c'est donc du non seulement au programme politique qu'il soutient mais également à l'image qu'il véhicule. [...]
[...] Kennedy (Une visite à la maison blanche avec Mme Kennedy). Dans cette émission, des reportages nombreux, longuement et soigneusement improvisés, nous montrent comment le président travaille, dans quelle atmosphère il prend des décisions, les relations qui l'unissent à ses conseillers. Kennedy a clairement instauré le temps de la présidence médiatique. On peut noter à ce titre qu'au premier paragraphe il dit lui même en citant John Masefield (un poète et écrivain anglais contemporain [1898-1967]) que l'université est un lieu où ceux qui haïssent l'ignorance peuvent s'efforcer de s'instruire, où ceux qui perçoivent la vérité peuvent s'efforcer de la faire comprendre aux autres Cette citation n'est pas choisie au hasard : on peut supposer que Kennedy s'érige lui-même en détenteur de la vérité et tente de la transmettre au reste du monde. [...]
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