commentaire du discours d'Aristide Briand : Le 7 septembre 1929, devant l'Assemblée de la SDN, le ministre Aristide Briand, délégué de la France, appelle les pays européens à condamner unanimement la guerre et à adopter une politique de désarmement généralisé.
[...] Si la notion de lien fédéral est, aujourd'hui encore, anticipée, force est de constater que l'essentiel de ce qu'il a proposé, non suivi d'effet dans les années suivant son discours, sera presque exactement la voie tant de la construction de l'Union Européenne que du renforcement de la paix après-guerre. Dès les années qui suivront la Seconde Guerre mondiale, soit deux décennies seulement - mais de nombreuses victimes - après son discours, la construction européenne apparaîtra presque immédiatement comme une évidence par les dirigeants européens de la seconde moitié du XXème siècle: construction de la CECA (1951), de la CEE (1957) et de l'UE (1993); contrairement aux années 1930, plus la moindre guerre n'éclatera entre membres de ces différentes entités. [...]
[...] Aussi, c'est sans surprise que la session à laquelle participe Briand traite largement de cet enjeu et débat des moyens de garantir la paix européenne. Le discours est ainsi fait qu'il permet de contextualiser les débats. Briand prend visiblement la parole à la suite de Paul Hymans, parlementaire belge, qui semble avoir défendu la notion de "désarmement économique" nécessaire à la paix. L'on peut deviner que ce terme signifierait une réduction harmonisée des dépenses et équipements militaires par les pays consentants, afin de réduire les risques d'escalade militaire comme le début du XXème siècle l'a déjà connu. [...]
[...] L'on pourrait dire qu'aujourd'hui encore, les paroles de Briand tiennent sens: l'Europe a été construite en très grande partie, comme Briand le souhaitait, et garantit à ce jour la paix. Mais les critiques formulées à l'encontre d'une Union Européenne construite par le haut sont nombreuses, l'abstention aux élections européennes montre la désaffection d'une base populaire qui se sent trop peu associée est très parlante, et la montée des nationalismes parallèlement est un phénomène qui doit nous alerter. Sans doute Aristide Briand nous recommanderait-il d'intégrer davantage les peuples au renforcement de l'Union Européenne; et peut-être aurait-il, de nouveau, raison. [...]
[...] Nous montrerons donc en quoi le discours d'Aristide Briand est à a fois fondateur de la théorisation de la corrélation entre rapprochement entre peuples européens et renforcement de la paix, et visionnaire quant au moyen d'y accéder. Pour ce faire, nous expliquerons dans un premier temps en quoi Briand s'insère dans la volonté de l'époque de garantir la paix. Dans un second temps, nous montrerons en quoi ce discours visionnaire peut aujourd'hui être considéré comme l'un des éléments fondateurs de l'Europe. I. La défense de la paix, ambition de l'époque Il convient de se souvenir qu'en 1929, l'Europe n'est sortie de la meurtrière Première Guerre mondiale que depuis une décennie. [...]
[...] Si Briand ne juge pas négativement cette idée, il la juge manifestement insuffisante, employant le terme de "pure technicité". Nous pourrions aller plus loin et constater que Briand critique, de manière à peine voilée, une Société des Nations qui serait essentiellement technique, bureaucrate, et privilégiant le discours sur l'action ("faire de très beaux discours et enregistrer avec amertume bon nombre de déceptions"). Aussi, si Briand rejoint ses collègues sur l'importance de l'engagement de la SDN pour la paix, il juge qu'il n'est pas réaliste de pensée que la paix s'obtiendra par des solutions à caractère économique, parce qu'elles seraient essentiellement portées par le haut. [...]
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