Éleusis, Grèce antique, décret, civilisation hellénistique, Athènes, ville grecque, société athénienne, civilisation commune, Commentaire d'oeuvre, Religion, interprétation, texte de loi, cité athénienne, illustration, coutumes ancestrales, domination politique
C'est ainsi le cas pour le document qui est en notre présence, « Décret sur les principes d'Éleusis », document émis à l'époque de l'apogée de la Grèce antique classique, au V? siècle avant Jésus-Christ. La civilisation hellénistique est alors constituée d'un ensemble de cités puissantes économiquement, militairement et politiquement - c'est à cette période que se déroule la première expérience occidentale de démocratie à Athènes - réparties dans l'est de la Méditerranée. Éleusis, située dans l'ouest de l'Attique, est alors une ville grecque de moyenne importance ; cependant, le décret a dû être rédigé à Athènes. Ses rédacteurs, de même, sont assurément les syngraphes de leur appellation grecque « syngrapheis » (commissaires) qui ont eu en charge de retranscrire à l'écrit le document, de même que le secrétaire évoqué, Timotélès.
[...] Entre les lignes et la volonté d'honorer les dieux, il faut lire en effet une marque de puissance politique plus large, comme nous allons le démontrer. Des cités appelées à coopérer autour d'une culture et d'une religion communes Si le présent texte nous démontre par ses propos différents éléments relatifs au fonctionnement de la cité athénienne, nous pouvons également approfondir en constatant que ce système apparait comme intégré dans un ensemble plus large, celui des cités grecques. La capacité d'Athènes à légiférer ou du moins à inciter à suivre son modèle en dehors de ses limites en est une première illustration. [...]
[...] Quel sens donner à cela ? Peut-être celui d'un travail d'influence. La Grèce est unie culturellement et spirituellement, elle ne l'est pas (encore) politiquement ; contrairement à l'imaginaire commun, la démocratie elle-même n'est pas un système d'évidence en Grèce, adoptée seulement depuis quelques décennies à Athènes (réformes de Dracon et de Solon aux VIIème et VIème siècles avant notre ère) et inenvisageable à Sparte. Par l'émission et la communication de références juridiques telles que ce décret, sans doute les Athéniens espèrent-ils donc inciter, leurs alliés en particulier, les Grecs en général, de s'intéresser à leur système. [...]
[...] Pourtant, elle démontre déjà plusieurs éléments intéressants. Bien que le décret ait été pris en ville, à Athènes, il consacre des pratiques à réaliser dans les campagnes, là où la nourriture est produite. Il y a donc une certaine complémentarité entre cités et campagnes, dont on imagine l'importance, permettant l'approvisionnement de la ville. Également, une forme de décentralisation et d'organisation territoriale est mise en évidence dans le texte présent. La place du religieux, domaine de loi Cependant, ce qui retient en premier lieu notre attention dans ce texte est la thématique de l'offrande religieuse, expliquée très précisément dans le décret. [...]
[...] Pour cela, nous nous appuierons sur les nombreuses illustrations de l'organisation de la cité que nous propose le décret. Le contrôle des récoltes dans la cité, thème fondamental d'organisation sociale Il convient en premier lieu de s'intéresser directement au domaine évoqué par le texte présenté. S'agissant de la répartition des récoltes, pour le service religieux notamment, il donne une idée générale des denrées qui étaient alors récoltées en Grèce, l'orge et le blé, tous deux mentionnés. Le texte définit clairement à quel moment et dans quelles proportions des quantités de nourriture doivent être prélevées : « que les démarques se chargent de la collecte dans les dèmes » - précisons que les dèmes étaient les divisions territoriales de la Grèce antique, visant à faciliter son administration ; les démarques étaient donc les chefs de ces provinces. [...]
[...] Le langage employé, à tous les sens du terme, doit être remarqué puisqu'il a vocation à être compris par tous. En premier lieu, naturellement, parce que le texte original était en grec, une langue commune à toutes les cités. Mais aussi par les références mentionnées, qui n'ont ainsi pas besoin d'être explicitées : « Eleusinion d'Eleusis » et surtout le « Bouletérion », comme lieux, le bouleutérion, comme doit le savoir chaque Grec allié, étant le batiment où se réunissait la Boulè, conseil des citoyens chargés de la gestion de la ville. [...]
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