Commentaire du texte d'Amin Maalouf, "Les croisades vues par les Arabes"
[...] L'épopée des croisades commence, donc, en 1095 par l'appel du pape Urbain II et s'achève après la bataille de Hattîn, en 1187. Mais avant cela, l'Orient est alors celui d'un Empire byzantin brillant2. L'Occident, quant à lui, est profondément marqué par le déclin de l'Empire romain puis peu à peu réhabilité par Charlemagne qui prendra le titre d'Empereur d'Occident. Après des Croisades, et malgré la défaite militaire de l'Occident, on y verra s'épanouir l'art roman et l'art gothique, ainsi que la naissance de la classe bourgeoise. L'Europe connaîtra, dans le même temps, une croissance démographique exceptionnelle. [...]
[...] En effet, le souvenir des Croisades brûle encore dans la mémoire orientale. Les indices sont nombreux et paradoxalement, peu estimés par les Occidentaux. Un des exemples les plus frappants est celui du conflit israélo-palestinien qui fait dire au docteur Salman Abu Sitta, en août 2012, « Dire que nous avons complètement réussi serait une exagération parce que nous ne luttons pas seulement contre l'influence israélienne en Occident, mais aussi contre les revendications des Croisades sur la Palestine. En Occident, la vision de la Palestine est figée au temps des Croisades : "Ce sont des Sarrasins, ils ont pris notre Jérusalem. [...]
[...] C'est ce que démontre le philosophe Bromberger en 1994. Ici, il s'agira toujours d'opposer identité orientale et identité occidentale. Par ailleurs, ce qu'il faut comprendre, en Orient, c'est qu'il n'y a pas réellement de« visions de l'Occident », mais des idées engagées, des références à l'Occident ou des objets occidentaux entreprirent dans des bribes discontinues de la vie sociale des sociétés dites arabo-musulmanes7. Il est, donc, naturel de penser que les Croisades ont insufflé, depuis huit siècles, un héritage mouvant et complexe aux sociétés d'Orient. [...]
[...] Il s'agit d'une question d'interprétation. Nous avons vu que l'historiographie occidentale et orientale différait complètement sur ce point. De même, il est juste de parler de ressentiment poussé, en Orient, qui donne, d'ailleurs, lieu à toute une littérature vilipendant le néocolonialisme occidental éternel. Cette idée de retour constant de l'Histoire est très marquée et hante le monde oriental, aujourd'hui encore. Partout, le passé influence le présent ou du moins, sa lecture. Et ces dispositions semblent faire du monde oriental et du monde occidental, deux irréconciliables. [...]
[...] Enfin, le livre d'Amin Maalouf a porté un regard neuf, tant déroutant qu'inhabituel sur les Croisades et suscité, dans le même temps, nombre de polémiques. Mais il possède également la vertu d'apporter un éclairage intéressant sur nombre de maux géopolitiques contemporains et, s'il n'aide à les résoudre, permet de mieux en saisir les forces cachées. Bibliographie : 1 Saladin le plus pur Héros de l'Islam , d'Albert Champdor , Éditions Albin Michel; La situation mondiale de l'Empire byzantin avant les croisades, de Carl Neumann et Charles Diehl ; La Civilisation de l'Occident médiéval, de Jacques Le Goff, Arthaud La Turquie, entre Orient et Occident, Les Échos, article du 03/02/ Rendez-vous avec L'islam, de Alexandre Adler Les croisades, temps de rencontre entre Francs et musulmans en Orient, de Tatiana Pignon, article publié le 29/03/ L'Histoire toute crue, de la Première Croisade au miroir de son Histoire, de Damien Kempf et Marcus Bull ; Médiévales [en ligne] Printemps 2010, mis en ligne le 20 septembre 2012, consulté le 1er mars 2017. [...]
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