La première de couverture et le titre choisis par Dominique Deslandres pour son ouvrage sont extrêmement significatifs de l'angle que prend l'auteure tout au long de son développement. Le titre de cet ouvrage – Croire et faire croire – met tout à fait en valeur un double enjeu pour la religion chrétienne catholique dans la première moitié du XVIIe siècle : il s'agit dans un premier temps de se reconquérir elle-même, de se restructurer, avant de diriger ses forces vers ceux qu'elle appelle les « ignorants », les « hérétiques » ou encore les « sauvages ». L'illustration choisie par l'auteure pour cette couverture – dont elle fait d'ailleurs une analyse pointue en introduction – est également très symbolique : elle est la synthèse de l'idéologie coloniale française du XVIIe siècle. Pour synthétiser à son essentiel l'analyse qu'en fait l'auteur : elle est le symbole même de cette France où le trône et l'autel sont extrêmement liés (c'est bien la reine Anne d'Autriche qui instruit un indien à la religion chrétienne), où le trône a besoin de l'autel pour maintenir dans l'ordre ses sujets, où le trône a besoin de l'autel pour justifier sa légitimité.
[...] Par exemple, en Savoie, comme il s'agit de redonner de la visibilité au catholicisme alors que le pays est gagné par le protestantisme, il faut organiser de grandes cérémonies bien visibles, que la population puisse identifier. C'est cette troisième partie qui nous intéresse davantage. Intitulée Au Nouveau Monde, une France nouvelle ? celle-ci nous emmène de l'autre côté de l'Atlantique où un grand nombre de missionnaires vont en l'espace de cinquante ans apporter une multitude de projets. En constatant l'omniprésence des termes sauvages ou Canada dans les lettres de missionnaires candidats à un départ, l'auteur nous parle d'un véritable fantasme pour le Nouveau Monde. [...]
[...] L'auteure nous précise, et nous rappelle constamment que l'intégration socio-religieuse passe par l'exemple et donc par de multiples méthodes exporter du savoir-faire utilisé en France. Là est sans doute l'erreur de ces hommes débordants de motivation : ils ont assimilé l'Autre à soi, ils ont essayé d'apposer les méthodes françaises sur les indiens d'Amérique dont le système de pensée est radicalement différent et donc, les conversions aussi bien à la religion catholique qu'à la vie occidentale sont très peu nombreuses. Néanmoins, Dominique Deslandres met en avant le fait que ces missions ne sont pas un échec pour les principaux intéressés : les missionnaires. [...]
[...] Des nombreuses références citées par l'auteur, des nombreux ordres missionnaires . on comprend qu'il n'y a pas d'unification de l'effort missionnaire, même au sein d'un même ordre. Globalement, l'auteure montre le rôle qu'occupent les agents de la Réforme catholique dans l'uniformisation sociale et religieuse : elle unifie le mode de pensée et soumet à l'État comme à l'église. La deuxième partit de cet ouvrage, intituler Les Indes noires de l'intérieur est composé de portraits d'agents convertisseurs et d'itinéraires de leurs missions. [...]
[...] Ce sujet de l'intégration socioreligieuse, c'est loin d'être la première fois que Dominique Deslandres l'exploite, il s'agit en quelque sorte du fil d'Ariane de sa recherche. En effet, elle soutient une thèse en 1990 à l'Université de Montréal intitulée le modèle français d'intégration socio-religieuse 1600-1650 : missions intérieures et premières missions canadiennes dans laquelle le sujet et la période traités sont les même que cet ouvrage de 2003. En examinant plus en détail sa bibliographie, on peut risquer d'affirmer que se croire et faire croire est une synthèse de l'intégralité de ses premières recherches publiées sous forme d'articles dans différentes revues telles qu'Études d'histoire religieuse, Mélanges de l'École française de Rome, Revue d'histoire de l'Amérique française . [...]
[...] en effet, l'auteure les insère, leur donne même une place conséquente dans son développement. On peut distinguer trois méthodes différentes d'utilisation des sources. La première consiste à reprendre certains mots des protagonistes et à les glisser dans son développement pour insister sur des éléments de langage ou des éléments de pensée importants. La deuxième consiste à tirer quelques phrases des écrits d'un protagoniste et des séparés de son développement. Dans ce cas, l'auteur se sert des sources comme un exemple d'une théorie qu'elle vient de formuler. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture