Albert-Alain Bourdon est professeur émérite à l'université Paris 8. Il est l'auteur d'une Histoire du Portugal, parue en 1977, et rééditée en 1994. Ce texte est extrait de la retranscription d'un colloque tenu à Paris en 1987 consacré à l'Histoire du Portugal au XIX° siècle, dans lequel l'auteur commente la crise du libéralisme au Portugal à la fin du XIX° siècle. Au cours de cet exposé, l'auteur cherche à répondre à la question suivante : comment, en un demi-siècle, est-on passé d'un triomphe des idées libérales avec le coup d'Etat progressiste de 1851, au basculement vers l'adoption d'une idéologie et l'instauration d'une république autoritaire ?
Afin de répondre à cette question, cette présentation s'articule autour de deux parties. Dans la première, l'auteur s'attache à démontrer la singularité du Portugal, au travers de la crise multidimensionnelle qu'il traverse au début des années 1890, crise qui, en anticipant celle que subira l'Europe entière au lendemain de la Première Guerre mondiale, met à mal le système libéral. Dans la deuxième partie, Albert-Alain Bourdon montre que les conséquences de cette crise profonde s'inscrivent en fait dans un mouvement plus large au niveau européen, qui se caractérise par l'adoption de solutions autoritaires et nationalistes comme réponse aux problèmes nationaux.
[...] Conclusion En l'espace de vingt années, le système mis en place par les libéraux s'effondre au profit de solutions autoritaires des problèmes par le gouvernement monarchique, comme en témoigne l'accord de pouvoirs semi- dictatoriaux au Premier ministre, João Franco en 1906 pour tenter d'enrayer la crise monarchique. Selon l'auteur, la prise de pouvoir par les républicains en 1910 s'apparente plutôt à la défaite de la monarchie qu'à la victoire de la République. L'échec de l'expérience républicaine seize ans plus tard consacrera la victoire des idées autoritaires dont João Franco aura été l'emblème. [...]
[...] Selon ce qu'affirme Albert- Alain Bourdon, cette ruine du prestige de la monarchie ira jusqu'à provoquer l'assassinat de Dom Carlos en 1908, suivi de la chute du régime en 1910. Ce qui est certain, c'est que cet événement marque une véritable crise traumatique de la conscience nationale, l'opinion publique se réfugiant violemment dans le nationalisme et l'exaltation de la gloire passée. Par contraste, tous les espoirs se tournent dorénavant vers les républicains ; et dès son instauration, la République de 1910 prendra des accents messianiques, s'affirmant aux yeux de l'opinion publique comme le seul Régime capable d'enrayer le déclin de la puissance portugaise. [...]
[...] Se traduit au niveau politique par des scissions partisanes La tendance à l'adoption de l'idéologie autoritaire divise les forces politiques, du côté des monarchistes d'une part, du côté des républicains surtout. Alors que les républicains légalistes incarnés par Arriaga, Braga, puis Costa, cherchent à prendre le pouvoir par la voie légale, en profitant de la relative liberté d'expression que leur accorde la monarchie, un deuxième courant républicain a en commun avec les monarchistes de ne pas faire confiance en la versatilité de la population, et de promouvoir l'instauration d'un régime fort, voire militaire, garant du Salut National. [...]
[...] Du libéralisme à l'autoritarisme, une tendance européenne. Selon Albert-Alain Bourdon, reprenant l'idée des cycles du capitalisme de Kondratiev, c'est le continent européen dans son ensemble qui traverse, en même temps que le Portugal, des phases de prospérité et de crise, avec à chaque fois une manière différente d'y répondre. A. L'idéologie du Salut National Après une période peu favorable, qui atteint son point culminant au début des années 90, date qui coïncide avec la triple crise subie par le Portugal, le capitalisme connaît une nouvelle phase ascendante. [...]
[...] Bibliographie Albert-Alain Bourdon, La crise du libéralisme au Portugal à la fin du XIX° siècle ; in Actes du colloque Le XIX° siècle au Portugal, Histoire-Société- Culture-Art. Paris 6-7-8 novembre 1987. Fondation Calouste Gulbenkian, Paris 1988. [...]
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