Le Duc Federico III da Montefeltro s'érige au rang de condottiere de cette première renaissance faisant d'Urbino un centre artistique majeur. Bladassare Castiglione, témoin oculaire et privilégié de ce tournant historico-culturel, livre dans son livre Le Courtisan publié en 1528 ses observations d'un monde influent et en transformation tandis que Piero della Francesca, autre figure-clé de la période, offre Le Triomphe de la Chasteté ou Double Portrait des Ducs D'Urbino , réalisé entre 1460 et 1472, commandé par le duc lui-même.
[...] Bladassare Castiglione, témoin oculaire et privilégié de ce tournant historico-culturel, livre dans son livre Le Courtisan publié en 1528 ses observations d'un monde influent et en transformation tandis que Piero della Francesca, autre figure-clé de la période, offre Le Triomphe de la Chasteté ou Double Portrait des Ducs D'Urbino , réalisé entre 1460 et 1472, commandé par le duc lui-même. Mais quel est l'impact de ces documents sur le mouvement d'Urbino et la Renaissance italienne? Nous verrons dans un premier temps que la diffusion du mouvement repose sur la volonté des puissants puis nous étudierons quel apport ces œuvres font retentir sur le mouvement Renaissance dans son entièreté. [...]
[...] Outre une collection d'objets datant des périodes précédentes- antiques en particulier-il s'entoure, d'artistes « de qualité », peintres, sculpteurs, danseurs, « nobles et valeureux gentilshommes » formant sans doute le premier « Salon littéraire » avec la recherche de « discussions » intellectuelles aux « fines réparties », « proverbes » ou encore « jeux d'esprit » veillant à garantir «excellence » culturelle et artistique du lieu et probablement, aussi sa renommée. Car si les observations de Castiglione portent surtout sur la qualité culturelle du centre d'Urbino, le dyptique de Della Francesca offre une lecture plus politique de l'influence de Montefeltro au-delà de sa province. [...]
[...] Ainsi ces portraits diffusent autant qu'ils montrent les évolutions artistiques de l'époque. La recherche de symétrie parfaite et d'équilibre dans l'exécution des visages comme dans la présentation des tableaux évoque la rigueur mathématique propre à la période et à l'humanisme du Quattrocento. Si les œuvres commandées décrivent autant qu'elles transmettent sur un tournant-clé de la Renaissance italienne, elles livrent également un embrassement plus grand et plus distancié sur la période. En effet, nous l'avons dit, derrière le désir de diffuser les arts et l'esprit Renaissance, se cache une lecture plus critique de la période car si l'influence du sang princier des Montefeltro au-delà de la localité d'Urbino fut sans commune mesure, dans le même temps, on peut y lire la recherche de gloire personnelle et une certaine forme d'assujettissement de l'Art et de la culture aux desseins personnels du seigneur local. [...]
[...] En effet, ces œuvres destinées à servir la gloire de leur Seigneur et commanditaire permettent d'en déjouer les pièges car par l'écriture enlevée de Castiglione décrivant avec force détails l'atmosphère régnant sur Urbino, en réalité, la dualité de l'œuvre transparaît offrant un questionnement sur l'époque. Qui a servi qui, de l'Art ou du pouvoir ? Au delà de la commande officielle des puissants, ces deux artistes contemporains offrent, par leur Art et maestria, une mise à distance intéressante de cette Première Renaissance et une interrogation plus vaste sur le rôle politique de la Renaissance lui-même, ici instrumentalisé comme le sont d'ailleurs tout autant, le livre et la peinture dont cette analyse fut tirée. [...]
[...] De même, lorsqu'il insiste sur le « permanence » des jeux, danses et musiques comme celle des artistes à demeure, il dénonce la frivolité des occupations seigneuriales ainsi que l'intérêt de nombreux courtisans amenés à la cour qui « passaient la majeure partie de leur temps au palais ». Par ailleurs, lorsque Della Francesca exécute ces portraits sur commande, il procède à un rendu méticuleux du paysage en fond articulant le lien entre propriété, richesse et gloire, toutes supposées honorer le prince. Cependant, ces œuvres véhiculent toute l'influence désirée et commandée par la famille, donnant à voir de beaux portraits dominant une contrée verdoyante. [...]
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