Correspondance — Catherine II et Voltaire (1763-1778) — Comment Catherine II et Voltaire construisent-ils une relation intime et amicale à travers leur correspondance ?

Thèmes abordés

Catherine II, Voltaire, siècle des lumières, relation épistolaire, amitié, Guerre russo-turque, Diderot, D'Alembert, progrès scientifiques

Résumé du document

Catherine II accède au trône de Russie en juin 1762. Elle soutient financièrement les Lumières, notamment en finançant la célèbre Encyclopédie de Diderot et d'Alembert. Elle s'attache à promouvoir en Russie les valeurs portées par les Lumières, affirmant ainsi son ambition de rattacher son Empire à l'Europe occidentale. L'impératrice Catherine II et Voltaire ne se sont jamais rencontrés, mais ont construit une relation forte à travers leur correspondance, de 1763 jusqu'à la mort de Voltaire, en 1778. Dans ses lettres, Voltaire transmet sa grande admiration pour Catherine et sa manière de gouverner, et fait même preuve d'une certaine dévotion vis-à-vis d'elle. En retour, Catherine accorde une grande valeur aux paroles de Voltaire et n'hésite pas à lui confier sa manière de penser. Ainsi, ces deux grands personnages construisent une relation amicale et même intime à travers leur correspondance, et partagent leurs points de vue sur la gouvernance de l'Europe.

Extraits

[...] Catherine envoie à Voltaire des manuscrits de textes de lois et lui demande de les relire et de donner son avis. Cela prouve la confiance qu'elle lui porte, et la haute estime en laquelle elle tient son opinion. Cette estime se retrouve dans la manière dont elle s'adresse à Voltaire, qui fait écho à tous les louanges que Voltaire lui écrit dans ses propres lettres. Elle a d'ailleurs à cœur de lui envoyer des informations suffisamment intéressantes, révélant qu'elle pourrait même parfois se sentir en situation d'infériorité par rapport au philosophe. [...]

[...] Tout d'abord, Catherine refuse très explicitement la position divine que lui accorde Voltaire dans la première lettre de ce corpus. Elle fait preuve d'un grand respect pour Voltaire et les autres philosophes des Lumières avec qui elle correspond, Diderot et d'Alembert : selon elle, les écrits des philosophes des Lumières et notamment de Voltaire sont sur le même plan que la médecine et ce qui concerne le bien-être de l'humanité. Catherine souhaite elle-même suivre leur exemple et devenir une monarque qui donne l'exemple par ses valeurs et ses actions. [...]

[...] Nous analyserons ensuite la position de Catherine par rapport à Voltaire, et notamment la manière dont elle fait de lui un confident et un conseiller (III). La nature des relations entre Voltaire et Catherine II L'impératrice Catherine II a reçu une éducation française : depuis l'impératrice Elisabeth, l'influence française était forte à la cour de Russie et de nombreux scientifiques et érudits allaient s'instruire en France. Un grand nombre de traités et d'ouvrages français ont également été traduits en russe à cette époque. [...]

[...] Ces échanges traduisent cependant la manière dont Catherine s'en remet à Voltaire en lui demandant des conseils, tandis que Voltaire n'hésite pas à exprimer ses envies à l'impératrice vis-à-vis de la guerre menée par la Russie contre les Turcs. Correspondre avec Voltaire permet à Catherine II d'adopter une position de monarque éclairée, qui soutient les hommes de lettres. A la mort de Voltaire, elle achète sa bibliothèque et a pour ambition de la conserver dans une réplique du château de Ferney construite à Saint-Pétersbourg, un projet finalement abandonné faute de moyens financiers suffisants. [...]

[...] Il finit même par parler à la première personne et parler de ses propres besoins alors qu'il s'agit d'un acte géopolitique menée par Catherine et l'empire de Russie. Finalement, Voltaire admet lui-même se sentir parfois trop familier avec l'impératrice et lui livrer ses pensées avec trop peu de retenue en raison de sa profonde amitié pour elle. Il renouvelle cet aveu et ses excuses dans une lettre du 21 septembre. Dans une des dernières lettres de ce corpus, il s'excuse à plusieurs reprises, en appuyant sur l'importance de ces excuses grâce à l'utilisation de l'anaphore « je demande pardon ». [...]