Ce texte est un extrait du livre d'Elisée Reclus (1830-1905), Nouvelle géographie universelle…Tome II, la France, paru en 1877. L'auteur, géographe français membre de l'internationale socialiste, aborde dans cet extrait la condition paysanne en France à son époque, et plus particulièrement la forme de domination qu'exerce le paysan sur le reste de la France : « le paysan est actuellement le maître de la France » (lignes 1-2). En réalité, il nous faut recentrer le propos et le restreindre puisqu'Elisée Reclus n'applique cette notion de pouvoir qu'aux cultivateurs, les personnes qui exploitent les terres : « du moins appliqué aux cultivateurs » (ligne 2). La question que nous devons nous poser est donc la suivante : en quelle mesure Elisée Reclus peut-il affirmer que les cultivateurs exercent une domination sur le reste de la population française ? Pour répondre à cette question, nous allons aborder trois grands thèmes, tout d'abord, le thème principal du pouvoir du cultivateur, puis celui de la représentation démographique paysanne en France, avant de finir sur le thème de la propriété et du travail de la terre.
[...] En effet, près de quatre millions de propriétaires sont exemptés de la cote personnelle (ligne la cote personnelle étant un impôt de l'époque. La vente des terres par la noblesse, n'a donc pas favorisé tout le monde, puisque certains paysans, qui avaient déjà quelques moyens, ont pu acheter des domaines suffisants, mais d'autres, qui n'avaient presque rien, ont dépensé le peu qu'ils avaient pour une terre qui ne leur permet pas de s'élever au- dessus de la misère, leur propriété est trop petite à cause de l'exiguïté de leur domaine (ligne se trouvent en réalité dans l'indigence (ligne 22). [...]
[...] Ainsi, la prise de conscience de leur rôle politique et social chez les populations rurales se fait lentement, entraînant de ce fait une lenteur de l'action politique des paysans, ce que remarque Élisée Reclus. Le paysan ne fait pas les révolutions, mais il les défait souvent [ ] il les atténue par sa force d'inertie cette phrase et celles qui l'entourent dans le texte s'explique par le fait que la politique étant affaire des villes, mais la majeure partie de la population étant dans les campagnes, il ne peut y avoir de bouleversement sans la prise de parti des populations rurales. [...]
[...] Or, la population française à cette époque est d'un peu moins de quarante millions d'habitants. Mais il ne sert à rien de posséder un domaine si celui-ci n'est pas suffisant pour empêcher la misère et la disette. C'est pourquoi l'auteur précise que sur les huit millions de propriétaires fonciers, cinq millions ont un domaine suffisant pour élever leur possesseur au-dessus de la misère (lignes 17- 18). Mais l'on constate qu'Élisée Reclus avait déjà fait une distinction de cet ordre au début du texte, puisque pour lui, les cultivateurs étaient ceux qui ont en leurs mains la moyenne propriété (lignes c'est-à- dire la possession d'une terre de taille suffisante pour échapper à la misère. [...]
[...] Hélène Fréchet argumente encore en disant que l'exode rural diminue la pression démographique sur les campagnes et augmente le niveau de vie de chacun C'est donc par l'exode rural, phénomène qui implique dans sa définition, une mort des campagnes puisqu'elles se dépeuplent, que le monde rural a pu hausser son niveau de vie et devenir maître de la France Ce paradoxe mériterait, dans un autre cadre que celui du commentaire de document, une réflexion approfondie. Bibliographie Histoire de la France au XIXe siècle, Hélène Fréchet La population française aux XIXe, XXe siècles, Jean-Claude Gégot Le XIXe siècle 1815-1914, Tome II, René Rémond Dictionnaire Hachette 1997 Cours magistraux d'histoire contemporaine et de géographie régionale Problématique donnée en cours : comment Élisée Reclus fait-il pour nous parler des paysans ? Quelle place est donnée aux paysans dans la société ? [...]
[...] Cette forme de pouvoir s'exerce grâce au fait que les paysans produisent ce qui permet la subsistance de la nation ils sont distributeurs de la vie matérielle (ligne mais encore ils ont le pain et le vin (ligne 5). Mais Élisée Reclus fait très justement remarquer que ce pouvoir n'existerait pas si les paysans ne savaient pas gérer cet avantage - Un pouvoir très bien géré L'auteur résume le pouvoir des paysans en une phrase, lignes ils disposent du sort des villes et peuvent y faire l'abondance ou la disette Mais il ne suffit pas d'avoir la capacité d'approvisionner ou non une ville, il faut aussi savoir gérer cette capacité en vendant les denrées produites au bon moment et en en tirant le maximum de profit. [...]
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