André-Jean Tudesq est un professeur émérite de l'Université Bordeaux 3 – Michel de Montaigne. Docteur en lettres, sa thèse est : « Les grands notables en France 1840 – 1849". Aujourd'hui il s'est spécialisé sur l'espace public et les médias en Afrique.
Le scrutin censitaire s'est appliqué en France lors de la Monarchie Constitutionnelle, du Directoire, des Restaurations, et sous la Monarchie de Juillet. Ici l'auteur étudie plus précisément le régime censitaire sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, de 1814 à 1848.
Dans une première partie nous étudierons les acteurs de ce mode de scrutin, les électeurs, les éligibles et la relation candidat – électeurs. Puis dans une seconde partie nous expliquerons la mobilisation et la campagne électorale : genèse de « partis politiques », et les dérives de ce mode de scrutin.
[...] Les élus sont principalement le notable ou le mandataire considéré comme le plus apte à défendre les intérêts des électeurs. Les candidats s'ils ne sont pas notables, eux-mêmes, sont choisis par des notables, ainsi dès que le député de Gasparin a perdu la confiance des Sebastiani, il ne se présente même plus, il sait qu'il n'a aucune chance sans le soutien de cette famille corse. Le second cas d'éligibilité est la personne soutenue par l'administration préfectorale, ainsi le préfet Pellenc s'imposa contre les Périer. [...]
[...] Les premiers comités électoraux sont créés mais ils sont souvent dissous après l'élection. Ces premiers comités se développent, parallèlement à la lutte entre candidats, plus il y a de lutte, plus ils se développent. Aussi, ils habituent l'opinion politique à s'exprimer sous la direction des notabilités [ ] et à rechercher ses leaders parmi les hommes riches et influents. On voit aussi, pendant cette période la création de Sociétés qui vivent plus longuement, mais qui sont centrées sur une question politique très précise, c'est le cas d'Aide-toi le ciel t'aidera de Guizot. [...]
[...] Les électeurs, les éligibles Le scrutin était fondé sur une hiérarchie reposant sur la richesse, et plus précisément la richesse foncière. Pour être électeurs, les hommes devaient payer un certain cens suivant les élections (de 1 F pour des élections municipales à 300 F pour les députés). Ceci limitait le corps électoral à la bourgeoisie. Ce suffrage conditionnait donc la vie politique, et favorisait la propriété foncière. Les électeurs étaient environ au nombre de après 1830 ; les éligibles sur une population de 32 millions de personnes. Pour être éligible le cens doit être encore plus élevé : 500 F. [...]
[...] L'élu est l'intermédiaire entre le paysan et la ville, entre le citoyen et l'Etat, entre l'arrondissement et Paris. De plus l'absence d'indemnités parlementaires, ne permettait pas à tous le monde d'être candidat. Dans certains cas le candidat était le mandataire d'une influente famille, qui à travers ce parisien défendait ses intérêts. Donc, seuls les plus fortunés pouvaient être candidat ou électeur, c'est la ploutocratie ; et les élections étaient plus basées sur les intérêts que les opinions purement politiques. II. [...]
[...] Pour terminer, l'annulation, la vente ou l'achat de voix sont souvent dénoncés, mais rarement prouvés. En conclusion, nous pouvons dire que le suffrage censitaire est basé sur la relation candidat électeurs, puisque peu ouvert, les électeurs sont peu nombreux et entretiennent des relations individuelles, où la place des intérêts personnels est plus importante que celle de l'opinion politique. C'est aussi sous ce Régime Censitaire que nous voyons apparaitre les premières formes de partis politiques, même si celles-là n'ont pas une grande longévité. [...]
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