Les grands écrivains de cette première moitié du XIXème siècle ont eu une conscience aiguë des changements en cours; ils furent des observateurs attentifs de leur époque. Ainsi en est-il de François-René de Chateaubriand (1768-1848), davantage célèbre aujourd'hui pour son œuvre littéraire que pour son expérience politique.
Né sous le règne de Louis XV, ayant passé toute sa jeunesse voyageuse sous le règne de Louis XVI, il servit comme soldat sous l'armée des Princes. Chateaubriand est secrétaire d'ambassade à Rome à l'époque du Consulat (1803), puis devient un opposant résolu au régime napoléonien après l'assassinat du duc d'Enghien. Auteur en 1814 d'un libellé de combat -"De Buonaparte aux Bourbons- dont l'influence sur l'opinion ne semble pas avoir été négligeable, il compte alors parmi les personnalités les plus importantes de ce qu'il est convenu d'appeler le "parti" ultra-royaliste.
Il fut parlementaire (membre à vie de la Chambre des Pairs), directeur de publication, éditorialiste, animateur de parti, ambassadeur à la légation de Berlin (1821), aux ambassades de Londres (1822) et Rome (1828-1829), négociateur au congrès de Vérone (1822), et au conclave de 1829. Enfin il fut membre du gouvernement pendant 18 mois, à la tête du ministère des Affaires étrangères (1823-1824). Hostile aux Orléanistes, il quitte définitivement la vie politique au lendemain des Trois Glorieuses (27,28,29 Juillet 1830), à la chute de Charles X et à l'arrivée de Louis-Philippe. Chateaubriand possédait en tout cas une expérience d'une exceptionnelle richesse.
Les réflexions que celle ci ne pouvait pas manquer de lui inspirer sont nombreuses, qu'il s'agisse de textes directement tributaires de l'évènement, comme Le congrès de Vérone publié en 1838, ou de notations dispersées dans les autres ouvrages, d'autant plus nombreuses qu'il n'est pas un texte de sa main qui ne soit pas, de manière plus ou moins nette, en rapport avec la politique. Ainsi en est il de Réflexions politiques publié en 1831, ouvrage constituant son « testament politique », au sein duquel il retrace les différents épisodes de sa vie politique. En 1831, Chateaubriand pense que les vieilles monarchies sont irréductiblement condamnées à périr, pour être remplacées par le despotisme d'un homme ou des masses.
L'extrait de ses Réflexions politiques relatif à la Charte de 1814 témoigne des espoirs placés initialement par lui dans un texte, dont l'équilibre lui semblait alors susceptible de mettre un coup d'arrêt définitif aux conflits qui ont déchiré le pays depuis 1789.
Ainsi l'on peut se demander: en quoi ce texte est-il un compromis entre Révolution, Empire et Monarchie?
Afin de tenter d'y répondre, il pourra tout d'abord être étudié la prise en considération par la Charte des antécédents révolutionnaires et impériaux (I), avant de prouver que la tradition monarchique renaît de se cendres (II) .
[...] Le clergé est alors divisé entre clergé réfractaire demeurant fidèle à la papauté, et clergé jureur. À partir du printemps 1790, les biens du clergé sont mis en vente. Il y a un démantèlement de la puissance du ClergéŽ : le patrimoine de l'Église qui est considérable (environ des terres en France) est confisqué et mis en vente. Le 10 novembre 93 la religion catholique est abolie, et remplacée par le culte de la Raison. Le 18 septembre 1794, la République ne salarie plus aucun culte. [...]
[...] La loi n'est plus conçue comme une conséquence technique de dispositions créées par le roi et la coutume et appliquée par les tribunaux mais comme une norme fondamentale créée par la volonté nationale. En 1789 apparaît la création d'institutions remettant en cause l'absolutisme monarchique. Après l'ouverture des Etats Généraux le 5 Mai, les députés du Tiers se proclament Assemblée Nationale le 17 Juin. Afin de donner de nouvelles institutions au pays, elle se transforme le 9 Juillet en Assemblée constituante. Le 4 Août, les privilèges sont abolis. Peu après, est voté le principe d'une chambre unique pour représenter la Nation, le Roi conservant un veto suspensif. [...]
[...] Il enracine la continuité capétienne et monarchique et satisfait à l'adage populaire le Roi est mort, vive le Roi Le nouveau monarque fait aussi référence aux bienfaits prodigués par ses ancêtres; il évoque ainsi les réalisations de Saint Louis, Philippe le Bel, Louis XI et Louis XIV. C'est une manière de faire accepter au peuple la présence à la tête du royaume de la maison Bourbon Le caractère sacré, inviolable et tout-puissant du Monarque est mis en avant et cela est visible par l'étendu des compétences dont il est le dépositaire. Rappelons que le Roi détient le monopole de l'exécutif. A ceci viennent s'ajouter l'initiative législative, un droit de veto absolu, le droit de nommer aux fonctions de Pair de France. [...]
[...] La France est alors profondément marquée par les expériences politiques qui se sont succédées depuis 1789. Le frère de Louis XVI est conscient qu'il devra prendre en compte ces aspirations populaires I - La charte octroyée: une prise en considération des expériences révolutionnaires et impériales De 1789 à 1814, la France a traversé une période violent et troublée. Elle a permit la réalisation de progrès sociaux capitaux, auxquels les Français sont attachés Ils aspirent désormais à la paix A - Une volonté partagée par les deux France la Paix Chateaubriand effectue en premier lieu un bref rappel historique en affirmant Il faut se souvenir que depuis soixante ans les Français se sont accoutumés à penser librement sur tous les sujets (l. [...]
[...] Le 20 Avril 1792, la France déclare la guerre au Roi de Hongrie et de Bohème Les Alliés des différentes Monarchies européennes, à travers le Manifeste de Brunswick du 25 Juillet 1792 font état de menaces si l'on porte atteinte à l'intégrité de la famille royale. On déclare alors la Patrie en danger Le Roi étant déchu peu après, les troupes prussiennes commencent à envahir la France. Les Guerres révolutionnaires françaises avaient commencé, elles dureront dix ans. Leur succéderont les guerres de conquêtes impériales qui virent notamment la victoire de l'Empire sur la Prusse, l'Empire d'Autriche-Hongrie, l'invasion de l'Empire de Russie. [...]
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