Dans Selling NSC-68, Steven Casey, spécialiste de la politique étrangère américaine au XXème siècle traite de l'évolution de la politique extérieure américaine face à la Guerre Froide à travers l'analyse du NSC-68, un plan commandé par Harry Truman ayant pour objectif d'augmenter significativement les dépenses en matière de défense afin de préparer les Etats-Unis à affronter la menace soviétique. Plus précisément, l'auteur s'attache à analyser un aspect du problème, celui de la diffusion du rapport : comment vendre ce projet à l'opinion publique et qu'est-ce que cette démarche révèle au niveau de l'administration ?
Casey analyse en effet l'évolution de la stratégie de l'administration Truman pour faire accepter ce plan en fonction des changements d'opinion de la population, des débats internes à l'administration mais aussi de la concurrence opposée par les Républicains. Ajoutons à cela un contexte international qui se dégrade via la Guerre Froide (d'où le NSC-68) et via la Guerre de Corée, laquelle va avoir une influence considérable sur l'approbation du rapport et la politique extérieure américaine en général. Ainsi, l'objectif du texte est d'expliciter comment Truman et son administration en sont venus, d'une part, à prendre conscience de la nouvelle menace à l'Est en s'attachant notamment à observer l'évolution de la pensée officielle et d'autre part, à créer un climat d'approbation nécessaire à l'adoption du NSC-68 et mettre en exergue l'impact de la Guerre de Corée durant cette période. Pour cela, l'auteur utilise plusieurs outils : des témoignages, notamment ceux de Truman mais aussi du secrétaire d'Etat Dean Acheson, MacMahon, Tydings, ou encore du secrétaire d'Etat à la défense Louis Johnson. (...)
[...] La mise en application du plan sera alors avancée de deux ans. Le NSC-68 témoigne de l'évolution de l'opinion américaine par rapport à la menace que représente l'URSS et illustre l'approche choisie par la Maison Blanche pour faire face à la Guerre Froide. L'article quant à lui parvient à analyser subtilement la manière dont la Maison Blanche, malgré les oppositions, a su maintenir la population sous alerte, sans provoquer l'hystérie et révèle finalement comment elle s'est pliée aux exigences de la situation internationale. [...]
[...] Le Congrès et le manque de soutien populaire incitent donc l'administration à lancer une campagne d'information pour donner un coup de fouet à la population. Toutefois, et c'est là l'un des points centraux mis en exergue par cet article, l'opinion américaine est particulièrement versatile. Par conséquent, l'administration Truman s'est efforcée d'agir en faisant attention de ne pas créer de panique générale, tout en évitant de laisser la population dans l'apathie la plus complète. Tout le problème du NSC-68 était donc de faire campagne pour prévenir la population sans provoquer de réaction démesurée ; on pense à l'incident de la Baltique du 8 Avril 1950. [...]
[...] Mais face à cette attitude et en vue des élections de mi-mandat, les républicains réclament plus de fermeté de la part de Truman dont l'action est jugée inefficace et confuse. Symbole de cette confusion, l'opposition entre Acheson et Louis Johnson (secrétaire à la défense contre le NSC-68, pour qui le plan mettrait les USA dans une posture trop belligérante). Enfin, l'intervention chinoise en Corée en Octobre prend de cours les américains et constitue le dernier bouleversement analysé par Casey. Truman déclare l'état d'urgence pour créer un effet psychologique sur les foules et accélérer la formation de la défense américaine, ainsi que l'application du rapport. [...]
[...] Accélérateur du processus de mise en place du NSC-68, il modifie aussi le changement de stratégie de l'administration qui lance une campagne d'information pour éviter une panique générale. L'auteur part d'abord d'une idée communément acceptée, celle d'un NSC- 68 vendu de manière exagérée et dramatisé. Le contexte initial est en effet peu propice à la diffusion du NSC-68 : le Congrès est démocrate et en faveur d'une réduction des dépenses (une des promesses de Truman). Les défenseurs du NSC-68 craignent aussi l'opinion publique qui selon eux, défend les initiatives d'apaisement comme la moral crusade for peace des sénateurs MacMahon et Tydings. [...]
[...] C'est alors à partir du 8 avril 1950 (incident de la Baltique) ou du début de la Guerre de Corée (Juin 1950) que débute la deuxième partie. Constituant les incidents tant recherchés par D. Acheson pour appuyer la campagne d'information, ils favorisent la prise de conscience du danger soviétique par l'opinion. C'est aussi à ce moment-là que les républicains revendiquent plus de fermeté que les démocrates (les élections de mi-mandat constituent ici un tournant indéniable) et que la population commence à soutenir l'accroissement du budget de la Défense. [...]
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