Phrase d'amorce : (On commence le commentaire par une ligne de laïus un peu général, histoire de ne pas plonger le correcteur directement dans la sécheresse de l'analyse - attention quand même à ne pas dépasser un certain niveau de généralité : "de tout temps les hommes" est à proscrire)
Il s'agit ici d'un texte que nous utilisons non pas pour sa qualité de source et pour connaître quelque chose de la période au cours de laquelle il a été rédigé (une telle lecture serait néanmoins possible) mais pour son apport à l'historiographie, pour la qualité de sa réflexion sur l'histoire.
Présentation du document : (date - nature - auteur - destinataire : attention, ne pas raconter toute la vie et l'oeuvre de l'auteur, mais seulement ce qui est nécessaire pour comprendre le texte précis que l'on a sous les yeux et qui est à analyser).
Rappel : nécessité de distinguer le titre qui figure dans la plaquette du titre de l'oeuvre étudiée ! Il faut bien comprendre que le titre n'a été ajouté que pour aider les étudiants à bâtir leur problématique. Il ne faut donc pas le faire figurer entre guillemets au début de l'introduction.
Ce texte fait partie des écrits clandestins de Marc Bloch (1886-1944), le grand médiéviste et co-fondateur, avec Lucien Febvre, de l'Ecole des Annales en 1929.
Il a donc une histoire éditoriale un peu particulière, qu'il faut rappeler brièvement car elle explique l'état du texte. Marc Bloch semble avoir commencé à rédiger l'ouvrage dès juin 1940, pendant la débâcle. Il s'y consacre pendant les années troublées qui suivent (troublées à cause de la guerre et troublées en particulier pour M. Bloch, en bute à l'antisémitisme du régime de Vichy), notamment entre 1941 et 42 lorsqu'il se trouve (par proposition exceptionnelle du ministre, en raison et de son aura d'enseignant et de médiéviste mais aussi en raison des services rendus à la patrie lors de son engagement dans la première guerre mondiale), enseigner à l'université de Montpellier alors que Vichy a renvoyé tous les Juifs de l'Université. Début 1943, Marc Bloch doit quitter Montpellier, la zone libre ayant été envahie, il se rend à Lyon et entre dans la clandestinité et la résistance. Il ne pourra reprendre son manuscrit : en 1944 il est arrêté, torturé et fusillé par la Gestapo (...)
[...] Bloch a pu trouver ce modèle de l'imagination chez Simmel (un sociologue allemand du début du siècle que lisaient les gens de l'Ecole des Annales, et en particulier Bloch, qui lit l'allemand). Cette faculté d'imagination doit permettre d'imaginer la catégorie, le problème que la recherche mettra à l'épreuve. Insistons donc sur ce point : B. Créer et réviser des catégories : l'histoire-problème. Le texte de Bloch n'est pas seulement cette réfutation d'une philosophie du devenir humain que postule implicitement l'histoire, récit événementiel. Il met l'accent sur une exigence méthodologique fondamentale que l'on pourrait résumer en un mot (qui n'apparaît cependant pas dans notre texte) : le problème. Créer des catégories. [...]
[...] par classement classer par genres L'historien choisit et trie (l. il est actif, car les textes ou les documents archéologiques, fût-ce les plus clairs en apparence et les plus complaisants, ne parlent que lorsqu'on sait les interroger Il s'agit d'établir des classes, des classifications (l. 57) de phénomènes, des mises en parallèle (synchroniques ou diachroniques) qui révèlent du sens. Cette création de catégorie, qui semble ne pas être pure soumission au réel et à sa structuration, a pu être critiquée par les tenants d'une histoire narrative pour laquelle la scientificité devait être recherchée dans une soumission totale à la source. [...]
[...] et l'histoire comme une science (l. 52). Il utilise la comparaison avec le carnet d'expérience du savant dans son laboratoire. Néanmoins, il n'évoque pas la science comme le lieu de lois de certitude, mais au contraire comme le lieu d'une probabilité haute. Les faits humains échappent à la logique mathématique. Il souligne, dans l'Apologie pour l'histoire, que l'image des sciences physiques au XIXe siècle fascina certains historiens à tel point que ceux-ci en arrivèrent à construire une science de l'évolution humaine qui excluait beaucoup de réalités très humaines, mais qui leur paraissaient désespérément rebelle à un savoir rationnel. [...]
[...] L'extrait présenté fait suite à une section intitulée Juger ou comprendre dans laquelle l'auteur recommande à l'historien de ne pas distribuer aux héros morts l'éloge ou le blâme de se garder de juger pour s'efforcer plutôt de comprendre. Néanmoins, il marque ici que cette compréhension ne peut être le fruit d'une pure passivité devant les documents mais que l'historien, au sein d'un même document choisit le type d'éléments qui l'intéresse et au sein du foisonnement de la réalité d'un moment classe les données par catégories abstraites. Bloch met cependant en garde contre toute tentation d'isoler ces catégories du reste de la complexité historique. [...]
[...] Bloch évoque ici ces dieux (l. 21) et cette étude des croyances (l. 14-15 et le mot revient l. 30) dont Lucien Febvre a donné une belle étude avec Le Problème de l'incroyance au XVIe siècle : la religion de Rabelais et qu'il a lui-même entreprise dans Les rois thaumaturges. Il écrit à propos de Les rois thaumaturges : Avec ce qui n'était jusqu'à présent que de l'anecdote, j'ai estimé qu'on pouvait faire de l'histoire. + Mêler les croyances, les rituels, les mythologies au domaine politique Rappel : Georges Duby, en 1974, a écrit que ce livre permet de considérer Marc Bloch comme l'inventeur de l'histoire des mentalités, Jacques Le Goff en 1983 le considère comme le livre précurseur de l'anthropologie politique historique. [...]
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