Aragon est né en 1897 et meurt en 1982. Il a donc vécu les deux Guerres mondiales et participe à la Seconde, ce qui provoquera chez lui un désenchantement notable. Il fait partie des mouvements dadaïstes et surréalistes, en vogue après la Première Guerre mondiale, dans la mesure où il veut peindre, à travers ses œuvres, la réalité dans sa plus grande complexité – d'où le sous-titre « le monde réel » pour Aurélien, publié en 1944. Le roman se déroule dans les années 1920 et porte à la fois sur les stigmates qu'a eus la Grande Guerre sur la génération de l'auteur et sur l'impossibilité du couple que forment Bérénice et Aurélien. Il commence d'ailleurs de façon assez surprenante : « La première fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide ».
[...] Analyse critique C'est un roman réaliste que nous propose Louis Aragon. Il élabore une peinture sociale et culturelle des années folles à Paris, empruntant le style de la Comédie Humaine de Balzac afin de construire une chronique sociale et historique réunissant des personnages de la bourgeoisie parisienne. Les longues descriptions nous permettent de visualiser le contexte historique et de saisir l'atmosphère particulière, parfois méconnue, car peu enseignée à l'école, des années folles. On peut regretter cependant la distribution pléthorique de personnages, compliquant parfois la lecture et la lisibilité de l'histoire. [...]
[...] Pourtant, la promesse de s'aimer toute une vie n'est-elle pas signe d'un amour absolu ? On peut se poser la question. Ainsi, Aurélien développe une vision pessimiste de l'amour, un amour qui n'est pas plus fort que tout mais plutôt étouffé, qui ne vivra jamais. On peut se demander si la vie de couple ou l'amour simplement sont possibles dans le roman d'Aragon où l'on nous fait si bien sentir l'épaisseur des obstacles à la simplicité (les guerres, la division sociale, le mal du siècle, la déchirure entre avant guerre et la modernité). [...]
[...] S'en suit une séparation, longue de dix-sept ans. Par hasard, ils se recroisent durant la Seconde Guerre mondiale, éprouvant tous les deux une profonde nostalgie quant à leur amour malheureux. Aurélien, marié et père de deux enfants, travaille dans l'usine de son beau frère à Lille. Bérénice, quant à elle, s'est engagée politiquement. Un soir, alors qu'ils font une promenade en voiture, Bérénice touchée par une balle de l'armée allemande meurt sur l'épaule d'Aurélien. Analyse thématique: un roman influencé par le romantisme L'impossibilité du couple, la recherche de l'absolu Le sujet du livre est précisément l'impossibilité de l'amour du couple. [...]
[...] Elle, femme mystérieuse ayant le gout des choses modernes, un certain snobisme de ce qui occupait les milieux d'avant-garde qui ira même jusqu'à s'engager politiquement par la suite. Lui qui expérimente le sentiment d'amour, a une vision antique de la femme : elle n'a donc pas à être intelligente, cultivée, à aimer l'art moderne. Ce qui fait l'intérêt et la marque du roman c'est que l'amour n'y est jamais pleinement vécu : il s'agit d'un amour impossible d'un amour qui échoue. Cet amour est en effet impossible pour deux raisons. [...]
[...] «Sur Aurélien Leurtillois et sur la femme qu'il aime, le poids de la guerre récente pèse lourdement». La guerre l'a ainsi laissé en proie au désarroi, il éprouve un sentiment de vide en lui. C'est toute sa représentation du monde, de lui- même et de la vie qui va s'en trouver influencée. Comme le dit Adrien, ancien combattant héroïque le réapprentissage de la vie civile avait été salement dur Il existe un choc des mondes, des modes de pensées, on a volé une partie de la vie de ces hommes, anciens combattants, ce qui les empêche de comprendre pleinement le monde dans lequel ils doivent vivre. [...]
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