Attachés militaires français, Japon, Revue historique des Armées, Jonathan Bertout, Japonais, renseignement français
Dans les années 30, les attachés militaires français eurent des difficultés à connaître les intentions des Japonais compte tenu de la faiblesse des moyens accordés. De même, les Japonais se méfiaient de ces attachés venus de l'étranger. Mais un échange de renseignements sur l'armée rouge entre 1932 et 1934 a pu s'établir jusqu'à ce que la France se rapproche du régime soviétique et en 1935, la signature du pacte Antikomintern. Par la suite, les efforts français se concentrent sur l'évaluation de l'expansionnisme japonais et s'il pouvait porter menace aux possessions françaises.
[...] Les difficultés rencontrées en Chine obligèrent le Japon à redéployer ses troupes et faire pression sur la France sur la contrebande d'armes entre le Tonkin et la Chine. Thiébaut estimait que le Japon, ayant du mal à lutter contre la résistance chinoise, ne pouvait en conséquence son front contre l'Indochine au moins si la France et la Grande-Bretagne ne s'engageaient pas dans un conflit à l'échelle européenne. De même, au sein de l'armée japonaise, il y avait des divergences : l'armée de terre préférait une politique d'expansion continentale, la marine une extension vers les mers du Sud et l'Insulinde. [...]
[...] Les officiers stagiaires dans les régiments avaient des données plus précises. Les cadres et la préparation étaient scrutés. Mais comme dit plus haut, l'armée japonaise se méfiait des étrangers et il était bien difficile de communiquer à la France toutes ces informations : par exemple, les photographies par les stagiaires étaient interdites, l'observation des cartes et l'organisation des cartes étaient réservées. À l'École de guerre impériale, le commandant Mast nota qu'entre janvier et juillet des cours d'état-major étaient refusés aux étrangers. [...]
[...] Les relations avec les attachés militaires étrangers furent rompues quelques mois plus tard. Mast en témoigne par la difficulté croissante d'avoir des renseignements sur l'Allemagne. Mais au moins jusqu'en 1934, Mast put obtenir des informations importantes sur le dispositif aéronautique russe, etc. La signature du pacte franco-soviétique en 1935 porta un coup décisif à l'action des attachés militaires français au Japon. Il craignait de fait que la France communique les informations communiquées par le pays du Soleil levant. Cependant, pour Mast, il fallait rester ferme : si les relations devaient se tendre, autant que cela devienne le cas pour l'attaché militaire japonais à Paris. [...]
[...] Année 1938, le contre-espionnage français prit des mesures contre des officiers japonais jugés espions. Il était même craint qu'en cas de guerre contre l'Allemagne, ces espions se livrent à des actions de sabotage. De fait l'attaché japonais fut surveillé par la Section de Centralisation du Renseignement qui prêtait d'ailleurs particulièrement attention à la ville de Paris et ses points vulnérables et au dispositif armé. Il chercha également au cours de l'été 1938, à se procurer la carte de la ville auprès d'organismes publics, mais sans succès. [...]
[...] La guerre était proche : des informations de l'attaché naval à Londres à Mast firent état d'importations inquiétantes de ressources pétrolifères depuis l'année 1938. Mast en conclut que le Japon se constituait là des réserves. Les attachés militaires à Tokyo et le commandement en Indochine estimaient la menace japonaise à un haut niveau. La méfiance et la documentation apportées poussèrent donc l'Indochine à créer un exercice de défense de l'Union indochinoise dès 1937. [...]
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