Une vie américaine, Mémoires - Ronald Reagan (1990) - En quoi Reagan use d'une stratégie de défense des valeurs conservatrices américaines et d'incitation à la peur pour obtenir l'approbation de la population à une diplomatie ferme vis-à-vis de l'URSS ?

Thèmes abordés

Une vie américaine, Ronald Reagan, valeurs conservatrices américaines, URSS Union des Républiques Socialistes Soviétiques, diplomatie ferme, doctrine Reagan, Guerre froide, Président Reagan, conservateur, ordre moral, peur du déclin, Etats-unis

Résumé du document

« America is back ! » était le slogan du Président américain Reagan, dès avant son arrivée au pouvoir en 1981 pour le premier de ses deux mandats. Elle symbolisait la mise en place de la « doctrine Reagan », caractérisée par une politique de fermeté face à l'URSS et une dynamique de réarmement. Le document en notre présence illustre particulièrement cette doctrine. Il s'agit en effet d'un discours présidentiel, prononcé par Ronald Reagan le 8 mars 1983 à Orlando, face à un public composé d'évangélistes réunis pour la convention annuelle de leur association.

Extraits

[...] L'ennemi, selon Reagan, en serait dépourvu. Peut-être évoque-t-il la liberté de fait absente dans le bloc soviétique. Mais plus largement, nous devons encore insister sur la bonne image que le terme a toujours pour un public conservateur, qui peut accepter d'autant plus d'avoir un président très interventionniste dans les relations internationales si celui-ci défend des valeurs morales. Transition : Nous le voyons, Ronald Reagan, Président américain mais aussi leader républicain, se pose ici dans une posture très conservatrice, où sa fonction devrait en faire un gardien de l'ordre religieux et moral ; une certaine Amérique est ici mise en valeur, celle de valeurs permanentes où la politique devrait être fidèle à un certain passé ; une position opportuniste pour un public religieux. [...]

[...] Le contexte interne américain justifie cependant au moins au temps un tel discours que la politique extérieure : Reagan vient de perdre des élections et sa stratégie est contestée, d'où l'importance de convaincre le peuple de sa bonne foi en défendant plus que jamais des valeurs conservatrices en même temps que la grandeur du pays. Si ce discours est celui d'un fin stratège politicien, on peut cependant remarquer son manque d'objectivité. D'une part parce qu'assimiler le gel nucléaire à un risque pour les Etats-Unis est assez paradoxal, la menace nucléaire étant présente dans tous les esprits dans les années 1980 ; à l'inverse, appeler à s'appuyer sur un armement fort comme garantie de vaincre est tout aussi discutable, comme l'a montré la guerre du Vietnam. [...]

[...] Idéaliser le passé, rappeler les valeurs morales du pays et évoquer la religion apparaissent donc comme des choix naturels. Un passé idéalisé Le premier élément important dans un discours que l'on veut centrer sur le conservatisme est l'évocation, précise ou vague, du passé. Reagan déclare ainsi, en parlant du choix éventuel de poursuivre le désarmement : « Cette attitude reviendrait à trahir notre passé. » (l10-11) Il donne ainsi l'idée d'une Amérique qui aurait été conquérante depuis sa naissance deux siècles plus tôt. [...]

[...] Le cadre est posé au mieux pour orienter le discours vers sa finalité : convaincre de la nécessité d'une politique tournée vers l'armement ; derrière le scénario hollywoodien, le pragmatisme politique de l'homme politique n'a plus qu'à s'affirmer. Le véritable objectif stratégique du discours : la politique d'armement Le discours de Reagan s'insère dans une doctrine homonyme bien connue, celle de la défense américaine par l'attaque éventuelle, une politique offensive qui passe par l'armement. Comme dans toute nation démocratique, il faut convaincre l'électorat de son utilité. [...]

[...] Il réalise une promesse forte aux Américains : gagner une Guerre Froide qui s'éternise depuis 1947 en accentuant la pression pour l'effondrement de l'URSS. Un pari qui se révélera gagnant . Conclusion Le discours présenté ici par le Président américain Reagan est sans doute l'un de ceux qui caractérisent le mieux la fameuse « Doctrine Reagan » : en effet, il se caractérise par une stratégie offensive, basée sur l'acquisition d'un armement de pointe, face à l'URSS qui doit être vaincu, remettant en cause la coexistence pacifique qui prévalait avant son élection. [...]