Le document proposé est un discours prononcé par Victor Hugo le 16 juin 1877 au Sénat, auquel il siège en tant que républicain depuis 1876, adressé aux sénateurs dans le but de les faire voter contre la dissolution de la Chambre des députés par le président de la République. Le discours porte sur le 16 mai 1877. La crise du 16 mai 1877 apparaît aux contemporains comme le combat entre Monarchie et République alors qu'il s'agit réellement de savoir si la République sera parlementaire ou présidentielle.
Quels sont les arguments employés par Hugo pour dissuader les sénateurs de voter pour la dissolution de la Chambre ? En quoi le discours de Hugo l'inscrit-il dans la culture républicaine française ?
[...] Victor Hugo est banni de la France et vit en exil en Belgique puis en Angleterre pendant près de 19 ans. Victor Hugo lui-même contribue fortement à cette légende noire de la Seconde République à travers les Châtiments (1853) qui donne naissance à la figure de Napoléon le Petit. Dans son discours, Hugo met en garde son auditoire contre la répétition de l'histoire : Le passé donne quelquefois des renseignements. De certains crimes que l'histoire n'oublie pas, ont des reflets sinistres, et l'on dirait qu'ils éclairent confusément les événements possibles. [...]
[...] Pour recadrer les deux portraits contrastés, Victor Hugo prononce cette mise en garde finale : Qu'est-ce que la dissolution ? C'est une révolution possible (p.2 l.22). En conclusion, nous pouvons observer que le discours de Victor Hugo l'inscrit parfaitement dans ce que l'on appelle la culture républicaine française par l'intermédiaire de quelques éléments-clés qui sont l'exaltation de la France et sa mission civilisatrice universelle et la stigmatisation de la légende noire du Second Empire. Victor Hugo, pour convaincre les sénateurs joue également sur deux arguments essentiels qui se rapportent tous deux à la stabilité de la France : la menace extérieure qui demande un gouvernement solide pour y résister ainsi que la stabilité économique en France à laquelle les sénateurs aisés ont tout intérêt à veiller. [...]
[...] B La légende noire du Second Empire La culture républicaine s'est dans une grande mesure forgée par opposition au Second Empire et les coups d'État de ce qu'on appelle le césarisme. Afin de mieux comprendre les arguments de Victor Hugo, il est nécessaire de faire un rappel historique et constitutionnel. La Constitution de 1848 repose sur la stricte séparation des pouvoirs. On compte une chambre unique, l'Assemblée législative, qui ne peut être dissoute. Le pouvoir exécutif est élu au suffrage universel direct selon la ligne d'Alphonse de Lamartine contre la mise en garde de Jules Grévy. [...]
[...] Ces crimes sont derrière nous, et par moment nous croyons les revoir devant nous (p.1 l.7-10). La référence la plus explicite au coup d'État de Louis-Napoléon Bonapart est la suivante : Ces hommes ont vu, il y a 26 ans, de phénomène (p.1 l.12). La dissolution de la Chambre par l'exécutif est assimilée à l'acte semblable de 1851 et les conséquences, selon Hugo, vont être les mêmes. Une grande nation qui ne demande que la paix, une nation qui sait ce qu'elle veut ( . [...]
[...] En quoi le discours de Hugo l'inscrit dans la culture républicaine française ? Tout d'abord, nous verrons comment Hugo joue sur la vision mythique de la France phare civilisateur universel et la responsabilité que cela implique pour le Sénat, puis, sera étudié la fonction du regard rétrospectif au service de la position messianique de l'orateur, et finalement, analyserons les outils employés pour la défense de la République contre la Monarchie. I La France, phare de l'humanité A Le Sénat investi d'une mission d'importance mondiale La rhétorique de Victor Hugo investit le Sénat d'une mission d'importance mondiale dans un double but. [...]
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