Fiche d'histoire : L'affaire Dreyfus
A l'extrême fin du siècle, la France c'est d'abord l'affaire Dreyfus. Certes, le mouvement ouvrier n'a pas oublié ses objectifs, la conquête coloniale se poursuit, l'alliance est franco-russe est réaffirmée.
Mais c'est autour de « l'Affaire » que s'organise un débat d'une durée et d'une intensité exceptionnelle, et que se joue l'avenir politique de la République. La société française nous y révèle ses goûts, ses fantasmes, ses passions?
1) L'affaire avant l'Affaire 1894-1897
2) L'affaire devient L'Affaire
3) L'appareil d'Etat
4) Les deux France
5) Les idéologies révélées par l'Affaire
6) Les résultats
[...] Le frère admirable Alfred Dreyfus et sa famille n'avaient pas perdu confiance. Sa sœur Lucie écrit tous azimuts, son frère aîné, Mathieu, s'adresse aux journalistes, au président Faure, au vice-président du Sénat Scheurer- Kestner. La communauté juive craint une poussée d'antisémitisme et décide de ne rien faire. Cependant, le député nationaliste Castelin dénonce en 1896 les machinations d'un syndicat Dreyfus les socialistes l'applaudissent (Jaurès avait dénoncé l'indulgence du conseil de guerre ) L'affaire devient L'Affaire L'intervention de l'imprimé Automne 1896 : deux journaux importants, l'Eclair puis Le Matin, attirent l'attention sur les preuves du procès. [...]
[...] La République paraît en danger. Deux discours Les antidreyfusards déclarent combattre pour l'armée et affirmer la France face à l'étranger. Les dreyfusards proclament la Justice et la Vérité, défendent la France des Droits de l'Homme. Idéologie et société ( Les discours ne correspondent pas aux forces politiques organisées, ni aux classes sociales. Les catholiques pratiquants sont fidèles à l'armée. Le dreyfusisme catholique est minoritaire, la grande presse catholique (la Croix, le Pèlerin) y est hostile. La division règne chez : -les progressistes (Poincaré pour la révision contre Méline), - les radicaux (la Dépêche reste longtemps antidreyfusarde, malgré les positions de Clemenceau), - les socialistes (Millerand et Viviani attendent la découverte du faux d'Henry pour se décider), - les guesdistes, qui saluent J'accuse puis refusent de prendre parti dans une bataille qui n'est pas la leur Les premiers intellectuels engagés se rallient derrière Zola (Anatole France, l'avant-garde, les symbolistes : Gide, Mallarmé, Proust, Apollinaire ; impressionnistes : Pissarro, Signac), hormis Barrès et Valéry. [...]
[...] Les familles se divisent même. C'est le temps des ligues : ( Ligue pour la défense des Droits de l'homme conçue en 1898 par Trarieux, ancien ministre de la justice. Elle collecte des sommes pour faire connaître la vérité, peu de recrutements mais audience de masse. ( Ligue des patriotes, renaît en 1898 grâce à Déroulède, presque un ordre : saintes baïonnettes ( Ligue de la Patrie française, organisée en 1899, entre autres par Barrès ; un mouvement qui se gonfle momentanément avec l'opinion ( adhérents en deux mois). [...]
[...] Pendant l'Affaire ils sont proches des conservateurs. L'armée est une société close, majoritairement réactionnaire voire antirépublicaine, mais ne tentera pas de coup d'Etat ouvert : c'est un groupe de pression invincible. La magistrature, recrutée sans concours, est presque totalement dépendante du ministère (ex : partialité de la Cour lors du procès Zola) ( le corps des magistrats se conduit en agent du pouvoir politique Fonction répressive Collaboration gouvernement / armée / magistrature pour la défense de l'ordre social (ex : répression des grèves par la troupe à Decazeville, Fourmies, Carmaux ) Les deux France Manifestations et organisations La violence des passions déchaîne la France. [...]
[...] Et pourtant, pauvre victoire : la grâce de Dreyfus est un geste d'humanité individuelle et d'apaisement politique, non de justice. Et victoire réelle Vainqueur : l'ordre, qui triomphe des désordres L'arrivée de Waldeck-Rousseau annonce la défaite des nationalistes, seule la capital passe du radicalisme socialisant au nationalisme. Liquidation politique du ralliement, effondrement des républicains progressistes (scindés en 3 : conservateurs, centre et Union Démocratique avec Etienne et Rouvier pour les plus à gauche) Les perspectives d'union contre la république se sont effondrées : prestige de la république parlementaire affermi. [...]
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