Ce petit livre, vif, sérieux et polémique, pose les bases du débat actuel et développe les arguments de l'école du Sud-Ouest des historiens de la Première Guerre mondiale pour une réhabilitation du témoignage en réponse à l'attaque des « Péronnais » (Annette Becker, Stéphane Audoin-Rouzeau, Jay Winter) contre la « dictature du témoignage ». Les auteurs prennent vigoureusement position du côté des combattants, des témoins, et contre les historiens autoproclamés, d'hier et d'aujourd'hui, de la Grande Guerre. Ils défendent une histoire humaine et honnête de « l'expérience combattante » (p. 48), une histoire qui écoute tous les combattants, à travers leurs témoignages, bref qui leur donne la parole.
Le livre s'organise en trois parties d'inégal intérêt. Dans la première partie, les auteurs analysent rigoureusement les sources à la disposition de l'historien que l'on appelle communément « témoignages ». La seconde partie est consacrée à l'histoire immédiate de la guerre de 14-18, c'est-à-dire aux premiers livres d'historiens (ou autoproclamés comme tels) sur 14-18 qui paraissent dans les années 1920 et qui, comme le montre une étude détaillée des auteurs, nient la nature réelle de ce que vécurent les combattants (en étudiant le traitement des mutineries de 1917 notamment). Ce faisant les auteurs se placent dans la continuité (flatteuse mais juste) des anciens-combattants qui dés les années 1930, derrière Norton Cru, Ducasse, Remarque et bien d'autres, se levèrent, armés de leurs propres témoignages, afin de rétablir la vérité. Enfin la troisième partie est consacrée à une étude critique de l'historiographie actuelle de la Grande Guerre et constitue en réalité une attaque franche et directe contre l'école de Péronne et surtout contre Annette Becker et Stéphane Audoin-Rouzeau.
[...] 121) afin qu'elle ne revienne pas : Si les hommes connaissaient toutes ces tortures, s'ils pouvaient souffrir tous par la pensée ce que nous avons réellement souffert, c'en serait fait à jamais des guerres (André Ducasse cité p. 112). - Génération désireuse d'honorer les morts : La meilleure façon d'honorer les morts pour la patrie n'est-elle pas de dire en toute sincérité comment ils ont vécu et comment ils sont morts. (André Ducasse, cité p. 112) - Génération enfin désireuse, à la manière de Remarque, de se libérer par un livre en forme d'auto-analyse de ses souvenirs oppressants. [...]
[...] Audoin- Rouzeau et A. Becker. Cette posture des deux historiens apparaît surtout comme un prétexte pour écarter tous les documents susceptibles de prouver l'inanité de leurs théories sur la culture de la haine, le thème de la croisade exterminatrice, l'explication exclusive de la ténacité des combattants par le consentement patriotique exalté. (p. 154) Le faisceau de contraintes En fait, les auteurs du présent ouvrage rejettent la théorie du facteur unique (le consentement) pour expliquer le départ et le maintien au front des Poilus. [...]
[...] Ils défendent une histoire humaine et honnête de l'expérience combattante (p. une histoire qui écoute tous les combattants, à travers leurs témoignages, bref qui leur donne la parole. Le livre s'organise en trois parties d'inégal intérêt. Dans la première partie, les auteurs analysent rigoureusement les sources à la disposition de l'historien que l'on appelle communément témoignages La seconde partie est consacrée à l'histoire immédiate de la guerre de 14-18, c'est-à- dire aux premiers livres d'historiens (ou autoproclamés comme tels) sur 14- 18 qui paraissent dans les années 1920 et qui, comme le montre une étude détaillée des auteurs, nient la nature réelle de ce que vécurent les combattants (en étudiant le traitement des mutineries de 1917 notamment). [...]
[...] Mais surtout c'est le phénomène d'autocensure de la part des combattants eux-mêmes lorsqu'ils écrivent à leurs familles qui, s'il est en lui-même intéressant à étudier (J. Norton Cru l'avait déjà fait en parlant du dualisme déconcertant de la pensée rend impossible toute étude de l'expérience combattante réelle à travers les lettres. En effet, dans la correspondance souvent se joue une comédie destinée à maintenir le moral de l'un ou des autres (p. on y découvre une guerre mythique qui permet aux uns et aux autres de supporter l'insupportable (p. [...]
[...] également Norton Cru à propos du poilu permissionnaire qui se tait ou se nie), du fait aussi de l'esprit de corps au sein de l'escouade, enfin, et sans doute surtout, du poids du sens du devoir de ces patriotes obéissants et contraints de l'être (cf. les arsenaux répressifs prévus dans tous les pays, chose tout à fait passée sous silence par Becker et Audoin-Rouzeau). Pour les auteurs, en fait de subversion du regard c'est surtout à une subversion de la réalité historique que nous assistons depuis quelques années. [...]
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