Histoire de France — Eugène Grasset (1893) — En quoi cette oeuvre révèle-t-elle la manière dont l'Art nouveau a été utilisé pour exprimer l'identité nationale et les valeurs culturelles de la France à la fin du 19e siècle ?

Thèmes abordés

Image, oeuvre, affiche, Grasset, Victor Duruy, analyse, symbolisme, message, chronologie, paysage, figure, personnage, valeurs, France, Art Nouveau, valeurs culturelles, art

Résumé du document

Nous avons ici une affiche de 31,9 x 44,8 cm en format rectangulaire (étiré en largeur), illustrée par Eugène Grasset et publiée par Hachette en 1893 pour promouvoir le livre Histoire de France écrit par l'historien Victor Duruy. Cette dernière est conservée à la bibliothèque Forney à Paris. L'affiche est probablement réalisée dans un style artistique de l'art nouveau, caractérisée par des motifs floraux, des courbes élégantes et une esthétique décorative.

Extraits

[...] Cette rhétorique des sentiments d'amour de la nation et d'affirmation nationale est au cœur de la politique d'influence de la France en Europe a la fin du XIXe siècle. En outre, les trois drapeaux français que Marianne tient dans sa main gauche. Ces trois drapeaux, chacun ornés de différents symboles (la pointe de lance pour la république, l'aigle impérial pour l'empire et la fleur de lys pour la monarchie), renvoient à l'image d'une France militaire et guerrière qui coïncide avec le sentiment nationaliste anti-germanique ressenti en France à cette période, autant ressenti au sein de la classe politique conservatrice qu'au sein d'une grande part du peuple français (bourgeoisie urbaine et rurale, négociants, petits commerçants), tous galvanisés par ce sentiment de supériorité de la France. [...]

[...] Au vu des informations que semble vouloir nous transmettre cette affiche d'Eugène Grasset, nous pouvons nous poser la question suivante : En quoi l'œuvre Histoire de France d'Eugène Grasset révèle la manière dont l'Art Nouveau a été utilisé pour exprimer l'identité nationale et les valeurs culturelles de la France à la fin du 19e siècle ? Pour répondre à cette problématique, nous allons procéder en deux étapes. Tout d'abord, nous allons réaliser une analyse formelle de cette image, c'est à dire que nous allons nous intéresser à sa composition (format, cadrage, espace de l'action, lignes de construction, mouvement de l'action), au personnage, aux couleurs et à la lumière. [...]

[...] La IIIe république se sert alors de ce terreau d'inquiétude et de colère pour influencer les habitants de la ruralité et les rallier ainsi à la cause nationaliste anti-germanique, manœuvre effectué par le régime pour faire adhérer une population rurale a majorité monarchiste, conservatrice et catholique au nouveau système politique. Cette manœuvre est également un camouflet pour faire face à la montée du socialisme, du communisme et de l'anarchisme au sein des classes populaires urbaines, pour éviter que cette tendance politique n'arrive dans les campagnes et ne menace a court terme la stabilité du système républicain. [...]

[...] On peut prendre l'exemple de nombreuses œuvres pour illustrer cet argument, comme Encre L. Marquet (1892), la belle jardinière - Octobre (1896) et méditation (1897). Par ailleurs, l'usage de ces couleurs vives sur la figure de Marianne et sur les éléments qui caractérise l'Histoire de France est peut-être une forme d'idolâtrie. En effet, Marianne serait alors l'idole qui sortirait la France du marasme et de l'obscurantisme (représenté par les couleurs sombres utilisé pour le ciel en arrière-plan) religieux (foi catholique) et politique (monarchie, empire, idéaux de la Commune) dans laquelle la nation se trouvait dans le passé. [...]

[...] Par ailleurs, Marianne est ici en position assise et collé a la pierre tombale. Elle est vêtue d'une robe bleu orné de motifs dorés (fleur de lys, aigle impérial, croix de templier . d'une cuirasse romaine et coiffé d'une couronne de laurier. De plus, elle port en sa main droite un livre ouvert où sur les deux pages il est inscrit les grands noms de l'Histoire de France et en sa main gauche trois drapeaux français. Enfin, on peut voir que Marianne détourne le regard. [...]