écritures audiovisuelles de l’Histoire, Argo, Ben Affleck, Shah d’Iran, Ayatollah Khomeini, révolution iranienne, crise iranienne, otages de l’ambassade américaine, Téhéran
Argo est un film réalisé en 2012 par Ben Affleck qui raconte l'exfiltration vers les Etats-Unis de six diplomates américains en pleine révolution iranienne, événement qui fut par la suite appelé « The Canadian Caper ».
Le 22 octobre 1979, le Shah d'Iran, qui était en exil depuis l'accession au pouvoir de l'Ayatollah Khomeini en février 1979, rejoint les Etats-Unis afin de recevoir des soins au New York Hospital. C'est cet événement qui sera à l'origine de la crise iranienne des otages de l'ambassade américaine de Téhéran. Alors que les partisans de l'Ayatollah réclament le retour du Shah afin qu'il soit jugé puis exécuté en Iran, Khomeini appelle ses partisans à manifester contre les Etats-Unis le 1er novembre 1979. La foule d'étudiants iraniens, réunie devant l'ambassade américaine de Téhéran va alors prendre d'assaut le bâtiment et prendre en otage plus de cinquante employés et diplomates. Six diplomates (Robert Anders, Cora Amburn-Lijek, Mark Lijek, Joseph Stafford, Kathleen Stafford and Lee Schatz) vont cependant parvenir à s'enfuir et vont trouver refuge à l'ambassade du Canada puis au domicile de l'ambassadeur canadien, Ken Taylor. Le film présente brièvement ces évènements puis se focalise sur Tony Mendez, un agent du CIA qui trouve le stratagème d'exfiltration des six diplomates américains : ceux-ci, ainsi que Tony Mendez vont prétendre qu'ils sont une équipe canadienne en « repérage des lieux » pour le tournage d'un film de science fiction intitulé « Argo » et parviendront alors à rejoindre les Etats-Unis par avion.
[...] Le film s'ouvre en effet sur un mini-documentaire de 3 minutes, relatant l'histoire mouvementée de l'Iran durant le XXe siècle, les relations entre les Etats-Unis et l'Iran durant cette période, et les origines de la révolution iranienne. Si ce documentaire a un caractère pédagogique certain et permet au spectateur de comprendre le contexte dans lequel va se dérouler la fiction, il est également un moyen d'apporter une valeur ajoutée au film, en apportant un gage d'historicité. Cette introduction, présentée sous la forme d'un documentaire dans lequel une voix off donne du sens aux images d'archives a donc pour but d'indiquer au spectateur que ce film qui relate des faits historiques, a été documenté, et ainsi d'obtenir la confiance du spectateur sur l'historicité et la véracité des faits relatés. [...]
[...] Si ce sont les acteurs qui apparaissent sur ces images, la mise en scène de ces images respecte les codes de l'image d'époque tel que le grain important de l'image et la saturation des couleurs. Ces fausses images amateurs cherchent à émouvoir le spectateur, à susciter de la sympathie vis-à-vis des diplomates. Elles ont une fonction de souvenir, une fonction mémorielle. Pour Ricciotto Canudo, c'est d'ailleurs l'un des rôles de l'image d'archive : selon lui, ces images sont chargées d'un fort pouvoir émotionnel qui lutte contre l'effacement du temps et qui permet de faire perdurer la mémoire d'hommes et de femmes qui ont marqué leur temps. [...]
[...] ) notamment dans les trois premières minutes de film et dans le générique de fin. Cependant, ce sont en majorité des extraits de journaux télévisés de l'époque qui sont utilisés : les archives de journaux télévisés se sont en effet beaucoup développées après la Seconde Guerre Mondiale et constituent selon Claire Sécail une base volumineuse des travaux des historiens et servent à la compréhension des sociétés actuelles B. L'utilisation d'images d'archives dans Argo vient certifier l'historicité et l'authenticité des faits relatés dans cette fiction L'utilisation des images d'archive est aussi utilisée pour convaincre le spectateur de l'historicité des faits présentés dans le film. [...]
[...] D'une part, l'image d'archive conserve son rôle traditionnel de témoin du passé et de transmission aux générations futures de la vérité d'une époque dans une perspective pédagogique. D'un autre côté, l'image d'archive est employée comme un moyen servant l'œuvre cinématographique : son esthétique est travaillée, et elle est montée et assemblée à d'autres supports afin de susciter l'intérêt et l'émotion du spectateur. Preuve de l'impact des 10 images d'archives sur le spectateur, elles sont aussi souvent imitées dans la fiction, afin de troubler le spectateur et d'effacer les frontières entre le réel et la fiction. [...]
[...] Il utilise en effet des dessins de types comics ou storyboard qui laissent apparaître en fondu les images d'archives. Ces dessins, qui introduisent les images d'archives, ont bien entendu été insérés afin de rappeler les storyboard du film de science-fiction Argo au cœur de notre film éponyme, mais elle ne sont aussi pas sans rappeler les images du film d'animation Persepolis, dont l'intrigue était elle aussi basée sur la révolution iranienne, et qui avait été acclamé par la critique. Il s'agit donc d'un travail esthétique très stylisé visant à sublimer l'image d'archive et ainsi, à la rendre accessible au spectateur. [...]
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