Le 15 avril 1931, Niceto Alcala Zamora, soixante-neuf ans, est élu Président de la République espagnole. C'est un avocat andalou, qui a déjà été ministre pendant la monarchie. Les historiens disent de lui qu'il est libéral et catholique. Il nomme ses ministres.
Au ministère de l'Intérieur, il place Miguel Maura, fils d'un homme d'Etat conservateur très connu du début du siècle, Antonio Maura, frère du Duc du même nom qui avait fait partie du cabinet du roi jusqu'au 14 avril. Miguel était considéré comme la brebis galeuse par cette grande famille juive. C'est un républicain de droite. Au ministère de la Guerre, il nomme Manuel Azaña, un intellectuel républicain de gauche. Un homme, selon les historiens, intelligent et désintéressé mais sectaire. Ses études chez les Augustins l'ont rendu férocement anticlérical. Au ministère du Travail, c'est Francisco Largo Caballero. D'origine modeste, il a débuté sa vie comme ouvrier plâtrier. On l'accuse, ou on l'honore, d'être resté très « petit peuple » dans sa façon d'être, d'agir et de penser. Il avait été employé syndical et conseiller municipal de Madrid. On peut légitimement s'étonner qu'il ait pu collaborer avec la dictature de Miguel Primo de Rivera. Au ministère des Affaires étrangères, on peut voir Alejandro Lerroux, l'auteur des célèbres exhortations lors des émeutes de 1905 : « Jeunes barbares d'aujourd'hui ! Venez piller la civilisation décadente de ce malheureux pays ! Détruisez ses temples ! Abattez ses dieux ! Arrachez le voile des novices, violez-les et faites en des mères … ». Ancien croupier, sacristain, proxénète ou agitateur révolutionnaire, son arrivée au pouvoir avec son ami Martinez Barrio soulève craintes et protestations dans les milieux catholiques. Ces derniers ne pouvaient pas deviner, à cette époque, qu'il serait l'un des membres les plus modérés du Gouvernement et un véritable homme d'état.
[...] Le désaccord entre les deux syndicats U.G.T. et C.N.T., l'un socialiste et l'autre anarchiste, qui finissait le plus souvent en batailles lors des grèves, provenait de la rivalité entre Largo Caballero et Prieto. Alors que Prieto aidait Azaña à maintenir son pouvoir, Largo Caballero parcourait l'Espagne en faisant des meetings ou il annonçait l'imminence de la révolution. La panique gagne alors la moitié de la population. La peseta s'effondre et la fuite des capitaux s'accompagne de la fuite de leurs propriétaires. [...]
[...] Une émigration massive commence. Les droites ont tiré les enseignements de leur désunion aux élections. Après l'avoir regretté, elles commencent à faire cause commune face aux dangers qui les menacent. La C.E.D.A., les officiers, les carlistes, les monarchistes, la petite et la grande bourgeoisie ainsi que les radicaux, comparent Manuel Azaña et son gouvernement à Kerensky et l'apparition du bolchevisme dans la Russie de 1917. Ce n'est plus de la peur qu'ils ont, c'est de la terreur. Et le nouveau gouvernement commet encore une erreur de stratégie. [...]
[...] On peut légitimement s'étonner qu'il ait pu collaborer avec la dictature de Miguel Primo de Rivera. Au ministère des Affaires étrangères, on peut voir Alejandro Lerroux, l'auteur des célèbres exhortations lors des émeutes de 1905 : Jeunes barbares d'aujourd'hui ! Venez piller la civilisation décadente de ce malheureux pays ! Détruisez ses temples ! Abattez ses dieux ! Arrachez le voile des novices, violez-les et faites en des mères Ancien croupier, sacristain, proxénète ou agitateur révolutionnaire, son arrivée au pouvoir avec son ami Martinez Barrio soulève craintes et protestations dans les milieux catholiques. [...]
[...] Les catholiques sont déçus : ils avaient tendu la main et voilà que l'on parle de restrictions de libertés ! Le premier coup de griffe vient du jeune cardinal Segura, qui publie le 7 mai 1931 une lettre pastorale qui est prise comme une véritable provocation. Dès le lendemain, ce qui prouve bien que les rumeurs étaient fondées, sortent les premières mesures anticléricales réduisant l'enseignement religieux dans l'Instruction Publique. Le 11 mai 1931 soit moins d'un mois après les élections à Madrid, des manifestations réclament l'expulsion des évêques, la dissolution des congrégations, le licenciement de la guardia civil A onze heures, la foule, surexcitée par des agitateurs, se déchaîne. [...]
[...] Le parti de Manuel Azaña ne remporte que 8 sièges et tout l'ensemble de la gauche 99. Les centres 167, dont 104 pour le Parti Radical d'Alejandro Lerroux, et 207 pour la droite. Il y avait aussi 86 agrariens, qui défendaient les intérêts des producteurs de blé et d'olives, mais les plus nombreux étaient les membres de la C.E.D.A (Confédération Espagnole des Droites Autonomes) un parti catholique Enfin, le roi parti, la place est libre. Les ambitions se sont réveillées et la soif de pouvoir agite désormais les classes dominantes. [...]
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