La Monarchie de Juillet apparaîtrait d'abord comme une grande coupure pour la vieille aristocratie : elle refusa (sauf exceptions) le règne de cet « intrus ceint de tricolore ». Par-dessus tout, il était craint que Louis-Philippe ne réimplante un « légitimisme ombrageux » dans les châteaux de la noblesse survivante.
Les principales compétences politiques de Louis-Philippe ont trouvé leur pleine mesure dans son sens particulièrement développé de la gestion de l'opinion. En effet, il sut s'entourer, entre autres, des hommes qui avaient conservé une audience auprès des révolutionnaires, et qui tenaient encore la rue à la fin de 1830. Parmi ses appuis, les plus sûrs étaient ceux issus de milieux de banquiers (Laffitte, Périer), d'historiens (Mignet, Guizot, Thiers) et de grands bourgeois, sans oublier quelques survivants de l'Empire (Soult, Mortier…) et La Fayette ainsi qu'Odilon Barrot.
Louis-Philippe sut particulièrement bien flatter l'amour propre national en officialisant le culte napoléonien : le régime fit revenir à grand spectacle les « cendres » de l'Empereur, pour complaire aux nostalgiques de Napoléon.
Mais l'ambiguïté de la Monarchie de Juillet s'est manifestée dès ses débuts. L'impuissance des légitimistes, des républicains ou des bonapartistes qui avaient pourtant le pouvoir à portée de main, ne peut cacher les divergences profondes qui apparaissent dès le mois d'août 1830 parmi les partisans de la nouvelle dynastie.
Dès le départ, deux tendances, ou plutôt deux interprétations de la révolution de Juillet sont représentées dans le premier ministère constitué par Louis-Philippe le 11 août.
Le premier est le parti de la Résistance (« droite ») qui n'est pas l'ancêtre du futur parti de l'Ordre de 1849, car il lui manque la force de l'Eglise et celle de la grande propriété foncière, en majorité légitimiste. Il est, dès sa naissance, très imprégné de libéralisme politique. Il n'y a pas eu de révolution en Juillet 1830 pour lui, mais plutôt une riposte au coup d'Etat (les ordonnances) de Charles X. Il a accepté Louis-Philippe « parce que Bourbon », et dans la mesure où son programme correspond aussi à celui de l'ancienne opposition libérale, des « 221 », prépondérants dans la Chambre des députés. On y retrouve des théoriciens (duc de Broglie, Guizot), un leader (Casimir Périer), un organe « le Journal des Débats », une clientèle (la grande bourgeoisie soucieuse de progrès rationnel, d'expansion économique et de limitation des responsabilités politiques en fonction d'une capacité qu'elle identifie à la richesse).
Le second, le parti du Mouvement (« gauche »), est issu d'une révolution car pour lui, il y a bien eu révolution en 1830. Ce parti aspire à une plus grande démocratisation de la vie publique. Il veut garder le contact avec le mouvement populaire pour éviter toute menace contre-révolutionnaire, et ses partisans sont sensibles aux aspirations nationales étrangères qui font appel à la France. Sont présents en ses rangs plusieurs membres de la jeune génération (Odilon Barrot), des chefs libéraux impressionnés par les passions populaires et entraînés par leur popularité (Laffitte, La Fayette). Ce parti s'appuie sur les sentiments démocratiques et patriotiques qui animent la petite bourgeoisie et la garde nationale, à Paris, dans les grandes villes et dans l'Est de la France. Son principal organe est « le National », avec Armand Carrel, et s'appuie sur la majorité des journaux de Paris et même de province (on avait constaté un essor de la presse politique après la chute de Charles X). Ses membres restent cependant minoritaires dans la Chambre des députés.
[...] Enfin, la France ne connaît pas encore de révolution agricole : une grosse majorité de propriétaires parcellaires, de petits fermiers et de métayers vivent en quasi autarcie et dans un fréquent isolement. Esquissées et en partie permises par la Monarchie de Juillet à partir de 1842-1845, les grandes transformations économiques seront pour les décennies suivantes juillet 1842 : -Mort accidentelle du duc d'Orléans (accident de voiture à chevaux) : -Une jeune marine, encore modeste, conquiert quelques points d'appui en Côte d'Ivoire, aux Comores, à Nossi Bé, en Polynésie qui viennent s'ajouter aux lambeaux de l'ancien Empire (villes de l'Inde, Réunion, Antilles, fortins du Sénégal, Guyane, St Pierre et Miquelon) mai 1843 : -Prise de la Smala d'Abd el-Kader juillet 1844 : -Le fils du duc de Berry se proclame seul héritier du trône de France (comte de Chambord) : -Nouvelles agitations anti-anglaises avril 1846 : -Attentat contre Louis-Philippe mai 1846 : -Louis-Napoléon s'évade du fort de Ham Badinguet Août 1846 : -Aux élections législatives, on relève la plus forte majorité ministérielle jamais atteinte (291 députés ministériels contre 168 des diverses oppositions) juillet 1846 : -Nouvel attentat contre Louis-Philippe. [...]
[...] -1990 : Louis-Philippe et la monarchie parlementaire, Denoël. Serres O Étude d'une mise en œuvre de l'article 45 de la Charte de 1830 : les pétitions pour la réforme électorale sous la monarchie de Juillet, thèse, Paris p. Apparemment débonnaire, sincèrement pacifique, nettement intelligent mais vieillissant mal (il était né en 1773), le monarque était en fin de compte aussi autoritaire que ses prédécesseurs, mais il savait utiliser le temps, et ne rien précipiter. Il sut jouer des ambitions rivales, ne pas céder devant l'émeute (sauf à la fin), après s'être assuré, en doublant le cens électoral, d'une chambre qui refléterait bien la bonne bourgeoisie triomphante, qui ne demanderait (outre l'enrichissement) qu'un peu de liberté, mais pour elle seule ; elle refusait toute république (pour le moment) et se souciait peu de la montée en effectifs, en misère et en colère du monde ouvrier, qu'elle méprisait le plus souvent (P. [...]
[...] On constate un certain assouplissement des procédures électorales : le nombre des électeurs passe en effet de 94600 à 167000. Novembre-décembre 1831 : -Révolte des canuts lyonnais Vivre en travaillant ou mourir en combattant qui constituaient un véritable prolétariat ouvrier dont on avait osé baisser les salaires de et qui descendirent de la Croix Rousse sur la ville, qu'ils occupèrent, drapeau noir en tête. La répression par l'armée fut menée par Soult mais n'aurait tué personne décembre 1831 : -Le roi supprime l'hérédité de la pairie. [...]
[...] Les débuts du chemin de fer français se font autour de St Etienne, Paris, dans le Midi, en Alsace. On compte moins de 500 km en 1840. Mais l'action de développement du secteur ferroviaire fait éclater de féroces discussions en 1840 entre hommes d'affaires, hommes politiques et même savants qui ne sont pas convaincus par le système. Le gouvernement tranche : la loi de 1842 dessine les axes du futur réseau et les principes des concessions à effectuer ( km concédés en 6 ans). On compte dès lors 17 compagnies. [...]
[...] Très vite, des désaccords de leurs chefs sur les principes ou les méthodes rejaillissent. Ceux-ci ont pour principal effet de neutraliser l'ardeur des jeunes troupes, souvent des individus exaltés en mal de romantisme et isolés du pays légal, de la bourgeoisie effrayée par leurs thèses, isolés des milieux populaires par l'imprécision et les contradictions de leurs doctrines. -Légitimistes et bonapartistes n'ont eux jamais posé de graves difficultés, malgré le complot de la rue des Prouvaires éventé par la police (chefs emprisonnés ou déportés). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture