L'intérêt porté à l'étude de la violence en histoire n'a cessé de croître durant ces dernières décennies. Parmi ces recherches, l'étude de la violence dans le domaine du religieux offre des traits et des difficultés spécifiques. Dans son étude sur l'antiquité tardive, Jones distingue trois grands types de situations où la violence peut émerger : lors de périodes de famines, lors d'une escalade dans les rivalités au sein des différentes factions du cirque et enfin lors de conflits religieux. En considérant cette typologie, on constate que les violences religieuses sont sans doute les plus complexes à analyser. Il semble parfois bien difficile de saisir les causes réelles de la violence religieuse, alors que celles des autres types de conflits semblent davantage prévisibles.
Dans quelle mesure la violence des conflits religieux est-elle réellement le fruit de problèmes religieux, et à l'inverse n'insiste-t-on pas trop parfois sur les possibles causes séculières d'un conflit, tendant à le vider de sa dimension religieuse ? Ces questions ne peuvent que difficilement être résolues, le nombre de thèses contradictoires qui font l'historiographie du conflit donatiste, en particulier depuis le travail de Frend, le montre bien. Cela tient à la nature même des sources, qui sont dans une immense majorité des écrits polémiques, n'offrant qu'un éclairage partial sur les motivations des acteurs. Ces écrits nous informent sur la vision qu'a l'auteur du conflit, la façon dont il se positionne au sein de celui-ci, sur son schéma d'interprétation, mais il ne nous informe pas sur les motivations réelles des acteurs. Par ailleurs il est souvent bien difficile de définir clairement quels sont les participants de ces violences, de voir à quelles couches sociales ils appartiennent.
Ce travail sur les limites que l'on impose à notre regard sur les violences du conflit étant effectué, on peut dans un second temps examiner la violence du conflit elle-même. Comment le conflit est-il premièrement tombé dans une spirale de violence qu'elle est la raison d'être de cette violence ? On peut ensuite se demander de quoi est faite cette violence, qui touche-t-elle, dans quelles conditions ? Enfin on peut étudier ce que la violence nous apprend sur le conflit lui-même, sur un certain imaginaire que se sont construit les opposants, sur la façon dont la violence est conduite, sur les pratiques et les symboles qui se cachent derrière les actes. Tout ce travail permettra de mieux saisir comment se déroulait la violence sur le terrain, dans la réalité, avant de voir dans une dernière partie quelle réponse offrait l'Etat à cette violence locale.
[...] Tel est en tout cas la seule façon de sortir de la logique du conflit, comme l'avait très bien compris Augustin en faisant passer les interventions de l'Etat pour de simples opérations de remise d'ordre, et non pour des persécutions religieuses. Chapitre 4 : Typologie des violences locales 1. Les lieux de la violence La lecture des sources nous montre que la violence ne touche pas uniquement les villes. De nombreux exemples, notamment des plaintes d'Augustin au sujet de violences perpétrées dans la campagne près d'Hippone nous montrent que ce phénomène touche tout aussi bien le milieu rural. [...]
[...] Quae omnia Gestis iudicialibus et municipalibus demonstramus, ubi et ipsum concilium vestrum allegastis, dum vultis iudicibus ostendere quod schismaticos vestros de basilicis pelleretis. Et tamen qui ab ipso semine Abrahae, in quo omnes gentes benedicuntur, schisma fecistis, de basilicis pelli non vultis, non per iudices, sicut schismaticis vestris vos fecistis, sed per ipsos reges terrae, qui completa prophetia Christum adorant, apud quos Caecilianum accusantes victi recessistis Si autem nec audire nec docere nos vultis, venite aut mittite nobiscum in regionem Hipponensium, qui videant armatum exercitum vestrum; quamvis nullus miles numero armorum suorum calcem et acetum addidit ad oculos barbarorum. [...]
[...] MONCEAUX, P Histoire littéraire de l'Afrique chrétienne tome 6 : Littérature donatiste au temps de Saint Augustin, Paris. MONCEAUX, P Histoire littéraire de l'Afrique chrétienne tome 7 : Saint Augustin et le Donatisme, Paris. RIVIERE, Y Constantin, le crime et le christianisme : contribution à l'étude des lois et des mœurs de l'antiquité tardive Antiquité Tardive 10, p.327-361. SAXER, V L'Eglise et l'empire chrétien au siècle. La difficile séparation des compétences devant les problèmes doctrinaux et ecclésiologiques Revue des sciences religieuses p. [...]
[...] Il aurait par exemple été très intéressant d'examiner la façon dont a pu se résorber la violence, comment le conflit s'est résolu. Augustin n'ayant de cesse d'écrire pour le rétablissement de l'unité religieuse, le retour des clercs donatistes dans la communauté catholique est toujours décrit comme une immense joie pour la communauté catholique, comme un retour à la normal dont tout le monde se réjouit. Pouvons-nous cependant croire qu'un conflit aussi haineux et violent puisse se résoudre dans les faits aussi facilement et rapidement ? [...]
[...] Aussi pour dégager une définition opératoire pour traiter du conflit entre catholiques et donatistes est-il nécessaire de partir de ce qu'écrivent les auteurs africains tardifs au sujet de la violence. Le terme français violence provient directement du terme latin violentia, qui lui-même dérive du mot vis qui désigne de façon générale ce que nous appelons la force Ces deux termes peuvent l'un comme l'autre désigner ce que nous appelons violence, mais avec des nuances de sens considérables. La vis peut désigner des phénomènes d'une grande diversité. [...]
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