Les Scipiones, une famille en osmose avec la République romaine

Résumé du document

L'étude de la République romaine nécessite une compréhension profonde des structures sociétales qui sous-tendent la totalité de sa vie politique et économique. Or, ces structures sont foncièrement liées à l'organisation du corps des citoyens en gentes. Ces dernières sont des groupes de parentèles parfois si vastes qu'elles se scindent en différentes familiae. Parmi les plus grandes gens qu'il nous est permis d'appréhender à travers les sources, la gens Cornélia est l'une des plus anciennes.
Elle accède au patriciat peu de temps après la fondation de la République. Un siècle plus tard, apparaissent les Cornelii Scipiones. Notre recherche portera sur le destin des Scipions, car ils sont au centre de tous les enjeux de l'Histoire de la République romaine.
Ils comptèrent parmi les premières familiae entrant en contact avec les Étrusques. Ensuite, ce serait un truisme d'affirmer que durant les guerres puniques, ils jouèrent un rôle essentiel. Or ces guerres puniques marquèrent l'avènement de l'impérialisme romain. Enfin, c'est peu dire que l'affaire des Gracques constitua un des temps forts du IIème siècle avant notre ère. Sur ce point, l'étude des divisions internes de la gens Cornélia éclaire en fait la situation de la société romaine toute entière.

Extraits

[...] Elle montre la préoccupation face aux dangers de la jeunesse incarnée par le groupe des Scipions et par le danger du pouvoir personnel incarné par Scipion Africanus lui-même. La jeunesse de Scipion lui attira d'ailleurs l'animosité du groupe de Caton ne jurant que par le mos maiorum, la tradition des ancêtres. Après son retour en puissance de Zama s'ouvre pour Scipion l'Africain une sorte de deuxième carrière au sein de la Cité qui est semée d'embûches par Caton. Il devint successivement, questeur, consul, puis princeps senatus. [...]

[...] Leur large réseau d'alliance leur permit ici d'obtenir la majorité et mena à l'élection de Scipion qui consacrait ainsi la victoire de la vision politique des Cornelii. Il avait derrière lui tout le groupe de ses alliés, de ses parents, les Cornelii et les Aemilii, dont l'influence rallia d'autres groupes à sa cause. Scipion fut donc finalement autorisé à porter la guerre sur la terre africaine. Cela marque réellement pour un temps la victoire des Cornelii sur les Fabii. Les dernières années de la guerre donnèrent raison à la stratégie politique de Scipion. [...]

[...] Scipion lui propose alors la paix qu'il refuse. Ayant porté la guerre en Afrique, en repoussant en somme les forces puniques dans leur retranchements, Scipion remporte la bataille décisive à Zama en 202 avt n.è. Dès lors, il reçoit le surnom Africanus. Hannibal, vaincu, est contraint d'accepter un dur traité mettant un terme à la deuxième guerre punique. Scipion rentre à Rome auréolé de ses victoires qui ne se contentèrent pas de sortir Rome d'une position intenable, elles devaient faire de Rome une puissance à échelle Méditerranéenne. [...]

[...] Ils deviennent une des familles patriciennes les plus influentes de Rome après la seconde guerre punique, symbolisant l'impérialisme romain et l'ouverture à l'hellénisme. Cependant, ils se divisent en quatre branches à la fin du IIIème siècle av. N.È, amorçant la déliquescence de la lignée, sans pour autant disparaître du champ politique. Leurs descendants se montrent dignes des exploits de leurs ancêtres, mais le cognomen expire au IIème siècle de notre ère. En effet, la familia disparaitra des fastes consulaires après 178. [...]

[...] Au sein de la gens, le père comme le fils appartiennent au même groupe social et se transmettent les biens, les privilèges et les statuts. Le système patrilinéaire permet le contrôle de la société de la famille à la Cité. Celui qui tient l'ensemble est le père de famille, le pater familias : il est le chef de famille ainsi que guide politique et spirituel de sa famille. Si la famille est un noyau s'étendant rarement au-delà de deux générations, son chef recherche des alliances aussi larges que possible et utilise de façon privilégiée les liens de parenté, au besoin en les créant. [...]