Véritable poète latin, Ovide, de son nom latin, Publius Ovidus Naso est né le 20 mars de l'an 43 av. J.-C à Sulmo dans les Abruzzes, au sein d'une famille de rang équestre. Après des études de droit à Rome qui lui ont permis d'exceller dans l'art de la rhétorique, il consacra le plus clair de son temps à la poésie. Puis comme Horace, il va achever ses études à Athènes, parcourt la Grèce et la Sicile, avant de s'installer à Rome où ses poèmes connaissent rapidement le succès.
La bonne société apprécie ses Amours, recueil de poèmes adressés à une amante fictive ; ses Héroïdes, où il imagine une correspondance entre des héros et des héroïnes de la mythologie ou encore ses Métamorphoses, qui rassemblent selon une chronologie qui va des origines au règne d'Auguste, toutes les légendes qui racontent les transformations subies par des êtres humains, métamorphosés en plantes, en animaux, en astres ou en minéraux. Ces dernières, qui mettent en valeur le talent narratif du poète, deviennent presque aussitôt la référence en matière de mythologie gréco-latine.
D'abord apprécié des sphères influentes de Rome et protégé par l'empereur Auguste (63 av. J.-C – 14 apr. J.-C), Ovide attire les foudres d'Auguste après le succès que lui vaut son Art d'aimer. En effet, vers la fin de son règne, Auguste changea de politique envers ceux qui se permettaient d'être mécontents. Il avait longtemps affecté de mépriser leurs attaques. Il commença à les punir sévèrement et sembla par la même occasion décidé à ne plus souffrir d'opposition autour de lui. C'est à ce moment-là qu'Ovide fut chassé de Rome en l'an 8 de notre ère et relégué à Tomes , dans une contrée lointaine du Pont-Euxin (Constantza, une ville de Roumanie actuelle). On peut penser cependant que les raisons de sa disgrâce tiennent davantage à des raisons politiques et religieuses, même si la publication de l'Art d'aimer, manuel de séduction au contenu grivois avait pu déplaire à Auguste, alors soucieux de restaurer la morale à Rome.
[...] C'est à ce moment que le poète Ovide fut chassé de Rome et banni aux extrémités du monde. Cet exil est l'un des événements les plus curieux et les plus obscurs de cette époque. La cause en est restée très douteuse : l'édit impérial qui reléguait le poète dans ces contrées sauvages du Pont- Euxin ne lui reprochait uniquement d'avoir publié l'Art d'aimer; mais personne n'ignorait à Rome que l'immoralité de ses écrits n'était pas le seul motif de son châtiment. [...]
[...] La mythologie ne pouvait qu'intéresser le régime augustéen. D'une part, en raison de son double statut de parole des origines sur le monde, les dieux et les héros, et de parole de vérité. D'autre part, en raison de deux principes qui régissent son organisation : le principe généalogique et le principe de modèle selon lequel les dieux sont tous unis par des liens familiaux. Les héros dont ils sont les aïeux ou les pères sont leurs émules. En quête de légitimation, les Julii ont voulu entrer dans le monde prestigieux du mythe, d'abord en jouant sur la notion de modèle (que la culture latine avait fortement développé avec le concept d'exemplum), puis en cherchant à insérer leur famille dans une généalogie remontant aux Olympiens. [...]
[...] Vous me pardonneriez, dit-il, si vous connaissiez toute la suite et l'enchaînement de mes malheurs On devine à peu près quel genre de services il pouvait rendre. C'était sans doute un de ces confidents d'amour qu'on introduit volontiers dans les liaisons les plus intimes pour rompre de temps en temps le tête-à-tête lorsqu'il pèse. Personne ne devait savoir aussi bien que ce poète et ce bel esprit égayer un entretien et animer une fête galante. Il faut croire qu'il poussait assez loin son obligeance, puisqu'il éprouve le besoin de la justifier. [...]
[...] À ce titre, il était naturel qu'il souhaitât attirer à lui le poète dont la Rome entière chantait les vers. Cependant, il ne paraît pas qu'il ne l'ait jamais approché de sa personne. Si Ovide avait été de quelque façon distingué par Auguste, il n'aurait pas manqué de le dire, et il n'en a parlé nulle part. Cette sorte d'éloignement systématique d'un prince ami des lettres pour un si grand poète paraît difficile à expliquer: il faut pourtant en chercher les raisons. [...]
[...] En outre, c'est par la poésie qu'Ovide attend sa délivrance. C'est par elle qu'il espère encore intéresser assez bien l'opinion de Rome à son sort pour qu'elle fléchisse sur la volonté de César. Oui, adoucir le courroux d'Auguste, le supplier et le faire supplier tant et tant qu'il rapporte le fatal arrêt, voilà le seul espoir d'Ovide. Quelque indulgence que nous ayons pour un si grand malheur, ces flatteries nous répugnent. Là-dessus, on l'a accusé de platitude. On a noté avec soin les termes de flatterie, de flagornerie ou d'adulation dont il se sert pour parler d'Auguste, qu'il traite comme un dieu, placé aux côtés et parfois presque au-dessus de Jupiter[99]. [...]
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