L'analyse du métier de citoyen doit être à la fois juridique, s'attachant à l'étude des textes fixant les modalités du métier de citoyen ; existentielle, décrivant la situation concrète découlant du statut de citoyen, et enfin différentielle – rendant compte du caractère inégalitaire de l'exercice de la citoyenneté. Elle doit également couvrir la triple dimension de la vie civique : dimension militaire, dimension fiscale et financière, et dimension électorale...
[...] ( Aerarium : le citoyen contribuable (assidui). Mais le citoyen Romain est également soumis à des responsabilités bien moins exaltantes : les devoirs fiscaux. Et bien que Rome tente toujours de les exporter (vers les provinces), ceux-ci représentent tout au long de la période Républicaine une charge impérative consubstantielle au métier du citoyen. Tout particulièrement d'ailleurs sous la forme du tributum, contribution directe du citoyen aux frais de guerre proportionnellement à son cens (pro habitu pecuniarum) : le census sert de base à l'assiette du tribut et peut même en dispenser les moins riches (capite censi). [...]
[...] Cet œcuménisme - selon les termes de Claude Nicolet - de la République Romaine trouve une illustration symbolique dans l'Edit de Caracalla en l'an 212 qui accorde la citoyenneté à tous les pérégrins (peuples non-Romains) libres de l'empire. Le chemin vers la citoyenneté se fait toutefois progressivement avec la création de statuts inférieurs à la citoyenneté de pleins droits : de la civitas sine suffragio privant du droit de vote accordée dans le cadre des municipe [collectivité de non- Romains d'origine qui participent en toute chose aux obligations des romains sauf au droit de vote et à l'accès aux magistratures] aux nomen latinum, sorte d'antichambre de la citoyenneté de plein droit. [...]
[...] En plus de permettre une participation plus ou moins active à la vie politique et à la prise de décisions, le métier de citoyen confère aussi un statut particulier dans la cité. Juridique en premier lieu : le citoyen bénéficie en effet d'un habeas corpus avant la lettre protégeant l'individu face au pouvoir coercitif des magistrats ou des hauts fonctionnaires, symbolisé par le droit de provocatio, ou droit d'appel au peuple Romain (lois Porcia et Sempronia). Le métier de citoyen a donc pour corollaire un système de garantie civil et judiciaire (libertas) ; celui-ci est fondamental et les atteintes à la liberté sont considérées comme une dépravation de l'Etat. [...]
[...] Ainsi le métier de citoyen lorsqu'il ne donne pas accès aux responsabilités politiques et ne permet pas l'accès aux ordres supérieurs est-il ressenti comme un moyen de domination. Des raisons financières et militaires peuvent également être évoquées, puisque l'on verra que le métier de citoyen implique des responsabilités de cet ordre à l'égard de la République. C'est la prise de conscience par les Italiens de cette situation qui explique d'ailleurs la révolte sous le tribunat de Tibérius Gracchus à partir de 125 et la guerre sociale des années 91-89 qui débouchent sur l'octroi de la citoyenneté complète aux Italiens. ( Une citoyenneté qui respecte les particularismes. [...]
[...] Le corps civique est donc lui-même très hiérarchisé, sous la forme de classes. Cette hiérarchisation est cependant considérée comme légitime et ses fondements idéologiques reconnus. Le census fait tout d'abord écho aux théories Platoniciennes et Aristotéliciennes selon lesquelles les meilleures constitutions sont celles résultant du cens. Mais au-delà, le régime censitaire tel qu'il fonctionnait à Rome sous la République contribuait à créer une égalité dite géométrique considérée comme plus avantageuse et plus élaborée que l'égalité simple ou arithmétique : Ainsi, plus on s'élève dans la hiérarchie des citoyens plus on bénéficie d'honneurs (ce qui peut se traduire par de meilleures places aux comices, un poids plus important dans les décisions, un accès plus faciles aux magistratures), mais plus il y a de devoirs et de contributions. [...]
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