Commentaire sur la révolte de Spartacus, narrée par Florus
Les deux premières guerres serviles ont lieu en 139-2 et 104-100 av. J.-C, en Sicile : elles avaient permis de mettre au premier plan les difficiles conditions de vie de l?esclave, la dureté des maîtres, les aspirations devant une société si hiérarchisée. La révolte de Spartacus est considérée comme la troisième guerre servile. Florus (70-140), dans sa Guerre des Romains, propose un travail d?abréviateur en regard à l?Histoire romaine de Tite-Live. Son travail se découpe en deux livres : un premier sur les guerres étrangères, un second sur les guerres civiles.
[...] Il rétablit lʼordre dans les légions et refoule Spartacus toujours plus vers le Sud, jusquʼau massacre. En conclusion, nous avons vu dans ce commentaire que la révolte instiguée par Spartacus, Crixus et Oenomaüs était inscrite dans des circonstances particulières de crise sociale, dans une société où sévit lʼantagonisme entre lʼaristocratie et les esclaves, ainsi que de crise morale, Rome connaissant toute une série de signes annonciateurs de mauvaise augure. De plus, il sʼagit dʼune révolte autour dʼun homme, Spartacus : il est présenté à la fois comme un guerrier sanguinaire et comme un brave romain ; lʼauteur reconnaît là son caractère héroïque. [...]
[...] En second lieu, cʼest aussi une époque de crise de la moralité. La religion et les valeurs morales sont omniprésentes dans la société romaine, ce qui fait que tous les signes négatifs sont interprétés comme le “malheur de Rome” (l. 7). Cʼest le cas des conflits qui rythment à cette époque la vie politique romaine : on peut citer la guerre de Mithridate qui a repris, en 74, avec le général Lucullus qui est envoyé pour prendre la direction des troupes, ou encore la guerre civile entre syllaniens et marianistes. [...]
[...] Il est vrai que la présentation de Spartacus par Florus est ambiguë, et que le portrait quʼil dresse du gladiateur est paradoxal. Cependant, il est indéniable quʼil est au centre de la révolte et quʼil ait été lʼobjet dʼun engouement des esclaves, confiants dans son action, notamment en constatant ses victoires. Pour finir, Florus fait de cette troisième guerre servile une guerre “improvisée”, en dépit dʼune stratégie presque uniquement fondée sur lʼévasion. Tout dʼabord, lʼimprovisation de cette guerre est visible dans les moyens employés par les révoltés. [...]
[...] Le nom “mirmillon”, à la ligne 32, désigne en fait lʼéquipement du gladiateur qui porte une courte épée et un casque. Aux lignes 24 et 25, une succession dʼattributs vont décroissants pour qualifier Spartacus : il en effet, intégré lʼarmée romaine aux côtés des nations alliées, mais selon Jean-Charles Dumont, il est faux de lui reprocher son comportement en tant que soldat, et expliquer sa mise en esclavage par la désertion. Il nʼaurait pas démérité en tant que soldat. Florus se contente de légitimer la carence de lʼadministration romaine en invoquant cette raison, et cela lui permet des effets de style. [...]
[...] Ils créent aussi un véritable corps de cavalerie (l. 22) : en effet, on sait quʼils négociaient avec des pirates pour obtenir des chevaux, et des razzias étaient organisés dans le but de se nourrir mais aussi dʼacquérir des richesses pour se permettre dʼavoir le matériel nécessaire. Finalement, les moyens semblent trop fragiles, car ils sont obligés de reculer, à la ligne 34, peut-être vers la Sicile, mais ils sont pris au piège. Cette conclusion souligne le manque de préparation consciente des esclaves, et beaucoup dʼindices laissent penser que la place la plus importante revient à lʼimprovisation : lʼaccent est mis sur les multiples évasions des soldats. [...]
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