Mogens Herman Hansen, population de la Grèce ancienne, cités-états, totalité du monde grec
Dans cet ouvrage, Hansen développe une nouvelle méthode pour calculer la population de la Grèce ancienne (nation grecque et colonies), qu'il explique pas à pas. Ce calcul est fondé sur l'inventaire des cités-états du Copenhagen Polis Centre (2004).
Ses conclusions sont innovantes, puisqu'il affirme que la population grecque devait être d'environ 8-10 millions de personnes à l'époque d'Alexandre ; contrairement à la plupart des historiens ayant traité de la question, il prend en compte la totalité du monde grec (il inclut les colonies) et de ses habitants, citoyens, étrangers et esclaves hellénisés. Il présente une vision de la façon dont vivaient les Grecs qui est différente de l'historiographie « orthodoxe » qui suit Moses Finley : en effet, il affirme que la grande majorité de la population était urbaine et non pas rurale, ce qui remet en cause le présupposé d'une économie de subsistance avec très peu de commerce de longue distance.
[...] Les femmes et les enfants reçoivent la moitié d'une ration. L'orge était la céréale dominante, peut-être les trois quarts des céréales mangées, et le blé le dernier quart. Si on peut obtenir une estimation du pourcentage de terre cultivable et du rendement par hectare, on peut calculer la production annuelle de céréale et le nombre de personnes qui peuvent en vivre. On fait pour cela quelques hypothèses de base : avec quelques exceptions (l'Attique, Corinthe), les régions étaient autosuffisantes et n'avaient pas besoin d'importer des céréales. [...]
[...] Elle était plus grande dans les grandes cités, moins importante dans les petites. Mais c'est surtout vrai des colonies ou des cités datant de la fin de la période classique et de la période hellénistique (Megalopolis, Messénie ) ; d'autres cités avaient des banlieues, nommées proasteion : c'est le cas d'Athènes, de Mykonos, de Mégare, de Chersonèse, d'Olynthe Dans ce dernier cas, il n'y a pas de doute que la banlieue a été construite parce qu'il n'y avait plus de place à l'intérieur des murs pour la population croissante. [...]
[...] Si on suppose qu'au moins des hommes en âge d'être enrôlés (de 20 à 50 ans) étaient exemptés de service, et que chaque foyer contenait environ cinq personnes (voir plus bas), on obtient une population estimée entre et personnes. Soit la capacité de charge était supérieure au IVe siècle, soit la Béotie importait une partie de son grain ; plus probablement, l'explication se trouve dans une combinaison des deux. On trouve des indications dans les sources épigraphiques qui tendent à montrer que la Béotie n'était autosuffisante que les années de bonne récolte, et qu'elle devait parfois importer des céréales. [...]
[...] Il précise qui il entend par les anciens Grecs car il en donne une définition très large : la population d'une cité comprenait les citoyens, des étrangers libres, et des esclaves. Dans les cités hellénisées, les citoyens étaient Grecs, ainsi que la plupart des étrangers libres, en particulier les marchands qui, pour des raisons économiques, et les exilés qui, pour des raisons politiques, avaient changé de cité. Les esclaves étaient une exception : certains étaient descendants de barbares et d'autres des barbares de la première génération ; les hilotes spartiates et les penestai thessaliens étaient grecs, mais à Athènes et dans la plupart des autres cités un grand nombre d'esclaves, probablement la majorité, étaient d'extraction étrangère. [...]
[...] Les différences de calcul par rapport aux autres historiens tiennent surtout au fait qu'ils ne prenaient en compte que le continent, alors qu'Hansen prend toute la nation grecque telle qu'ils la définissaient eux-mêmes. Sur la même aire géographique, il obtient un résultat relativement proche, un minimum de 2,6 millions (contre 2,4 pour Corvisier par exemple), mais il considère qu'il s'agit vraiment d'un minimum et que la réalité devait être plus proche de 3 ou 3,5 millions. Or, dans les années 1880, la population était de 2,2 millions et correspondait au maximum que la terre était capable de nourrir : après cela la Grèce a dû importer des céréales. [...]
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