Alexandre, personnage historique, né en 356 et mort en 323, parvint en ses trente-trois ans de vie à dominer le monde entier, ce que jusqu'alors, personne n'avait réussi à faire. Il n'est donc pas surprenant que ses conquêtes et son ambition aient impressionné les générations futures. De nombreux écrits en découlèrent. Et le Roman d'Alexandre n'est qu'une infime représentation des histoires imaginaires que le héros inspira.
Au fil des siècles, certains inventèrent des faits qu'ils prêtèrent à Alexandre afin de le magnifier. C'est de cette légende que naquit le Roman d'Alexandre au IIIe siècle de notre ère. D'abord attribuée à Callisthène, on a préféré garder quelques réserves en nommant communément son auteur le « Pseudo-Callisthène».
De cette première version, en effet, dérivent les Légendes, Vies, Romans, Histoires ou Exploits d'Alexandre le Grand qui se multiplieront, à partir du Ve siècle, en Syrie, en Perse, en Palestine, en Arménie, et, plus tard en Géorgie, en Turquie et jusqu'en Asie centrale. Par la suite, il y eut d'autres Romans d'Alexandre. On parle alors de recensions. Il en existe cinq : la recension α, β, λ, ε et γ. Ces textes grecs auraient été écrits entre le IIIe et le VIIIe s apr. J.-C.. Mon travail repose sur l'étude de la recension e.
Cette recension nous a été transmise par plusieurs manuscrits: le codex Oxonius Bodleianus Baroccianus 17 daté du XIIIe siècle, le codex Oxonius Bodleianus Holkham gr.99 du XVe siècle et le Mosquensis mus. Hist.gr 436 du XIVe ou du XVe siècle. Elle est datée de la fin du VIIe siècle ou du début du VIIIe siècle.
En effet, l'auteur reprend les révélations du Pseudo-Méthode qui traite des années 640 apr. J.-C., après l'invasion arabe en Syrie, ce qui fournit un "terminus ante quem" assez précis. Ces éléments sont d'ailleurs renforcés avec la mention du peuple des Bersiles (39,1) qui occupait le Caucase et qui a été décrit par deux écrivains byzantins: Théophane (environ 760-818) et Nicéphore le Patriarche (758-828).
Quelle est alors la place d'Alexandre, le basileus ? Quel rôle tient-il dans ce roman? Pourquoi appelle-t-on cette oeuvre, le « roman » d'Alexandre? Pourquoi ce parallèle entre Rome et Constantinople ?
[...] Dans le début du Roman, Alexandre est encore jeune. On n'y observe donc aucune péripétie élémentaire, si l'on met de côté l'épisode de sa conception et de sa naissance. L'action est réellement lancée à partir de la mort de Philippe et de l'accession au trône d'Alexandre. A ce moment, avide de pouvoir, le nouveau roi décide de calmer les tensions et les mutineries des peuples voisins en lançant des expéditions contre eux. Puis, s'étant allié à certains, il se dit déterminé de faire la guerre aux Perses. [...]
[...] Extrait tiré du Roman d'Alexandre, A. Abel, p.55 et suivant. Ibid. On note en effet tout au long de l'oeuvre la présence de références directes à l'Iliade d'Homère, par exemple. Ce point mérite d'être détaillé plus tard. Ce passage fait partie de ma traduction en annexe. Le rédacteur d'e n'a certainement pas voulu rédiger une épopée. L'enjeu est bien plus complexe en cette période byzantine. Toutefois, il est vrai que l'auteur a sans doute souhaité conserver cette assimilation entre Achille et Alexandre en ponctuant son récit de références constantes. [...]
[...] C'est le portrait d'un homme qui a la puissance d'un dieu dont il faut faire le portrait. Ainsi, en lui assignant un père divin puisque pharaon d'Egypte, Alexandre se voit doté d'une condition surhumaine. Puis, la tradition historique attestant ses conquêtes, il ne s'agissait plus que de magnifier ses exploits pour atteindre le mythe. Sa mort, tirée en longueur, est développée mystérieusement[125] pour intéresser la légende. De cette manière, c'est exactement le portrait d'un homme-dieu qui est présent dans le Roman. [...]
[...] Les influences religieuses Le Roman d'Alexandre[33] possède la particularité de conserver des traces des caractères religieux des autres recensions. Bien qu'elle serait une réécriture chrétienne d'une version juive pour certains, le rédacteur e s'est efforcé de conserver les allusions aux autres religions. Ainsi, l'épisode qui décrit Alexandre lors de sa marche dans les ténèbres, à la recherche de l'eau d'immortalité, se retrouve dans le Talmud de Babylone tout comme dans le Coran Le Talmud[34] Lors de la rédaction de cette recension, les Juifs se sont emparés de la figure du héros macédonien pour l'enrichir de nouvelles fables et en faire un héros sémitique, défenseur et propagateur de la religion du dieu unique. [...]
[...] Alexandre doit devenir suite à la lecture de cette oeuvre un modèle à suivre. En mettant en valeur les qualités qu'il possède, il en dresse un exemple. Ainsi, il s'agit de voir maintenant les traits de l'intelligence d'Alexandre à travers, entre autres, les stratagèmes qu'il met au point puis d'étudier la manière dont il se comporte lors de ses combats La mêtis d'Alexandre Alexandre tente d'arriver au succès par habileté. Mais il n'emploie que les ruses permises à la guerre, que l'on appelle des stratagèmes. [...]
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