Professeur d'histoire romaine à l'université de Paris 8, Claudia Moatti propose dans cet ouvrage de remonter le temps, jusqu'à l'époque où la ville, délaissée, est peu à peu ensevelie. Là est le point de départ du voyage auquel elle invite le lecteur à prendre part, et ce voyage, à travers le temps, se fait en six étapes, en six chapitres. Il consiste en outre de mettre au jour les mécanismes qui ont fait redécouvrir la Rome antique aux contemporains des divers époques, et de mettre à la lumière les motivations des acteurs de cette renaissance : amour de l'art, raisons politiques, etc.
« A la recherche de la Rome antique » s'ouvre par un court préambule où sont considérés les éléments les plus caractéristiques de cette Rome : la ligne, la couleur, le marbre. Trois caractéristiques, trois constantes qui définissent l'art monumental de la Ville éternelle. Ce sont ces traits si particuliers qui dominent le projet des pensionnaires de l'Académie française dans leurs travaux de reconstituer le paysage antique de la ville, projet archéologique qui recherche avant tout la vérité historique, et dont l'attrait est moins important que la recherche de la beauté, qui a trop souvent prévalu dans les travaux précédents.
[...] Un net progrès de l'archéologie vient d'avoir lieu : en effet, l'ouvrage est organisé selon l'ordre topographique, les textes, les fouilles et les inscriptions étant en relation permanente. L'époque suivante, le XVIIIe siècle, est traitée dans le troisième chapitre. Les grandes découvertes du XVIIe siècle suscitent l'envie et la convoitise de ces trésors mis au jour, au gré du hasard. Le commerce de l'antiquité, comme objet beau, de valeur, devient monnaie courante. La mode de cette antiquomanie est lancée par les Anglais, très tôt suivis par les Français, auxquels les Allemands emboîtent le pas. [...]
[...] Cette classification en quatre périodes de l'art grec est la toute première démarche historique, malgré le fait que l'art romain y perd en prestige. Quelle ironie que les chefs d'œuvres qu'admire Winckelmann sont en réalité des copies romaines d'originaux grecs disparus. Le quatrième chapitre s'articule quant à lui autour de l'occupation de Rome par les troupes françaises de Napoléon. Cette occupation se caractérise par la vaste spoliation formulée légalement par l'article 8 de l'armistice de Bologne, signé entre le pape Pie VI et Bonaparte. [...]
[...] Il se pose aussi aux Français la question de savoir concilier ruines et tissu urbain moderne. En parallèle de ces grands chantiers, plusieurs institutions sont nouvellement créées : la Commission aux embellissements de Rome par exemple. De même que l'archéologie est enseignée d'une manière nouvelle : il s'agit de mythologie, d'histoire de l'art et d'archéologie à proprement parler Pour mettre en œuvre ces grands chantiers, il a été fait appel à la population sans emploi. Réticente au début, cette main d'œuvre augmente de plus en plus qu'il arrive un moment où manquent les chantiers. [...]
[...] C'est le cas entre autres de Poussin, Huber Robert, Pannini. C'est aussi à cette époque de forte émulation intellectuelle que naît l'histoire de l'art. le Prussien Johann Joachim Winckelmann part du principe que seul l'art grec s'est élevé au Beau Idéal. Il propose alors une division de cet art en quatre périodes : 4 l'antique, Grèce archaïque ; le sublime, Ve siècle av. n.è. ; le Beau, IVe siècle av. n.è. ; le décadent, derniers siècles av. n.è. [...]
[...] Goethe quant à lui lance l'idée de créer à Rome un musée de l'inauthentique de toutes les pièces mises au jour. De plus en plus, les grandes fortunes font construire des complexes gigantesques afin d'accueillir leurs collections privées, ainsi que le fait le cardinal Albani, neveu du pape Clément XI, lorsqu'il fait construire sa villa-musée sur la via Salaria. Les papes ne sont pas épargnés non plus de cette folie de la collection d'antiques. Le musée Pio-Clementino est installé au Vatican par les papes Clément XIV et Pie VI. [...]
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