De l’organisation financière aux pratiques de marché dans les cités grecques classiques et hellénistiques - Véronique Chankowski (Conférence Nanterre 2007)

Thèmes abordés

Organisation financière, pratiques de marché, cités grecques classiques, cités grecques hellénistiques, Véronique Chankowski, oikonomikè, chrematistique, système acrophonique

Résumé du document

Quel lien établir entre les pratiques comptables et financières des cités et les pratiques de marché ?
Deux perspectives sont possibles :
- institutionnalistes : études des processus de gestion et des pratiques comptables, des compétences et des capacités de performance technique.
- approche sociale : on étudie la façon dont circule l'argent, ses flux, c'est-à-dire le lien entre la cité et les réseaux d'affaires.
Les deux approches sont complémentaires ; c'est ici la première qui est privilégiée.

Dans la politique, Aristote donne un témoignage capital qui atteste l'existence de pratiques comptables et de stratégies financières à l'échelle des cités.

Extraits

[...] Cela révèle des administrations soucieuses de quantifier les ressources et de programmer les dépenses. La mise en place de bureaucratie du tribut a créé des pratiques financières qui ont ensuite servi pour les sanctuaires ; mais ceux-ci ont aussi servi de laboratoires à des pratiques qui ont ensuite servi à la comptabilité athénienne L'émergence de la notion d'akribeia, acribie = exactitude. Cela apparaît dans un sens financier pour désigner la bonne gestion. Plutarque, Vie de Périclès : Périclès invente un mode de gestion caractérisée par l'akribeia, vente et planification des dépenses Par le recours au marché, il rompt avec l'autosuffisance : cela va sans doute de pair avec la volonté péricléenne de rompre avec les clans et les réseaux pour favoriser l'évolution démocratique en mélangeant la population. [...]

[...] En effet le collège des hiéropes change chaque année, il n'y a donc aucune continuité dans la gestion, et sa compétence dépend des compétences particulières de ses membres. Or parfois, la stèle de compte est mieux organisée, elle correspond plus parfaitement aux comptes tel que les banquiers le pratiquent. Les comptes de l'année 179, de l'archontat de Démarès, mentionnent 4 hiéropes, dont Silénos, fils de Silénos. Ce Silénos est connu par ailleurs comme l'associé de l'une des banques avec laquelle le sanctuaire travaillait, pas pour stocker le numéraire, mais pour des opérations de change et de comptabilité (il s'agit en effet de tenir les comptes dans la monnaie athénienne seulement). [...]

[...] Cette amélioration des techniques est donc bien un des moyens utilisés par les cités pour améliorer leur situation économique, non seulement par l'augmentation des revenus, mais aussi par l'usage d'une information économique pour être acteur sur le marché. Conclusion : 8. L'amélioration des pratiques comptables semble donc bien avoir fait partie des solutions pour relancer les économiques civiques, au même titre que les expédients du Ps Aristote. Cela a conduit à une sensible amélioration ; il ne faut donc pas considérer seulement l'évergétisme dans les relations financières entre le monde privé et la cité. Il y a l'existence réelle d'une gestion financière publique. [...]

[...] On recherche de revenus en argent et non pas en nature. - Précision sur la misthosis. On met le reliquat aux enchères : celui qui est capable de fournir du blé pour le plus bas prix l'emporte. Le citoyen fournit le blé (d'un coup, ou épisodiquement) et en échange empoche la somme d'argent. - À ce propos, il est bon à noter que beaucoup de ventes dans le monde grec se font aux enchères, ce qui doit conduire à la plus grande prudence sur la notion de prix de marché Délos Question : La politique de démultiplication des taxes ne peut-elle pas être au bout du compte pénalisante pour les flux ? [...]

[...] Ce qui est intéressant c'est que les valeurs numérales sont des valeurs monétaires, depuis 500 talents à la demi-obole. Ici début du Ve, pour l'abaque de Salamine. On a d'autres témoignages, l'abaque de Corinthe, l'abaque du temple d'Aphaia à Égine. Le Vase des Perses donne un autre témoignage. Ce cratère daté de 330 vient d'Italie du Sud ; l'auteur inconnu. La représentation figure une opération comptable où on voit une ambassadeur auprès d'un représentant du roi (remise du tribut ; un personnage est assis devant une table basse, qui manipule de la main droite des jetons et tient dans la main gauche des tablettes (diptyque) sur lesquelles on peut lire 100 talents Le personnage devant lui porte un gros sac, et les trois autres personnages sont dans des positions de suppliants. [...]