Henri-Irénée Marrou (1904-1977), était normalien. Il a soutenu sa thèse en 1937 sur Saint Augustin et la fin de la culture antique. Archéologue, épigraphiste, musicologue et historien, il s'est imposé comme un de nos grands spécialistes de l'Antiquité.
Ce livre aborde les différentes orientations de l'éducation classique dans le monde romain. Nous ne retiendrons dans ce résumé que quatre points qui nous ont paru les plus intéressants : les méthodes de l'ancienne éducation romaine, l'enseignement primaire dans les écoles romaines, l'œuvre éducatrice de Rome et enfin l'apparition des écoles chrétiennes de type médiévale.
[...] Il en recevra essentiellement une formation ascétique et morale, spirituelle plutôt qu'intellectuelle. Le monachisme a ravivé, dans la tradition chrétienne, le primat des simples, s'opposant à l'orgueil intellectuel que véhiculait la culture antique. Le caractère savant de la religion chrétienne s'est tout naturellement affirmé. Le moine, nuit et jour, médite la loi divine, la parole de Dieu. En principe, tous au monastère doivent savoir lire et apprendre par cœur au moins le Psautier et le Nouveau Testament. La Règle de Saint Basile admet des enfants dès leur plus jeune âge pour qu'ils soient initiés aux lettres en vue de l'étude de la Bible. [...]
[...] Cet idéal est celui de la cité antique, faut de sacrifice, de renoncement, de dévouement total de la personne à la communauté et à l'Etat, l'idéal de la Grèce antique. Bien entendu, l'amour de la gloire n'est pas étranger à l'âme humaine, mais l'exploit n'y a jamais le caractère d'une geste individuelle : il est toujours étroitement subordonné, comme à sa fin, au bien et au salut publics. L'éducation morale du jeune Romain était, comme celle du Grec, alimentée par un choix d'exemples offerts à son admiration ; mais ils étaient empruntés à l'histoire nationale, et non à la poésie héroïque. [...]
[...] Ce sens religieux, ne va pas sans beaucoup de formalisme. La piété, c'est essentielle observer avec un égal scrupule tous les rites traditionnels : la notion romaine ne va pas sans quelque calcul sordide, étroitement intéressé : donnant, donnant ! Par ailleurs, l'éducation physique donnée à la jeunesse reste strictement utilitaire : l'escrime, lancer le javelot, jouer de l'épée, voltiger, piquer chevaux et manier toutes les ares, combattre à coups de poing, endurer le froid et le chaud, passer à la nage le courant d'une rivière impétueuse et froide. [...]
[...] Le gymnase est le symbole de l'installation de l'hellénisme en terre barbare. Rome apporte aussi avec elle un style de vie noble, le luxe, les plaisirs : on pourrait dire que les monuments caractéristiques de la Romanité sont les thermes, le théâtre, l'amphithéâtre et le cirque. Mais ce n'est pas tout : ses écoles, sa langue et sa culture. La romanisation progresse au même rythme dan tout l'Occident. Partout Rome avait pour commencer, appliqué la même méthode : élever dans des écoles romaines les enfants remis en otage par les notables des pays récemment soumis. [...]
[...] L'école se tenait dans une boutique, presque en plein vent, sommairement isolée de la rue par une tenture. Les enfants assis sur des escabeaux sans dossier sont groupés autour du maître qui trône dans sa chaire. Le maître d'école reste à Rome comme en Grèce un pauvre hère ; son métier et le dernier des métiers, fatigant, pénible et mal payé. Ajoutons enfin, que le maître d'école est souvent suspect au point de vue moral. Il n'y a plus, comme au début de la période hellénistique, de temps prévu pour les exercices physiques : l'enfant ne paraît pas aller au gymnase mais seulement aux thermes, car la journée s'achève par le bain. [...]
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