Histoires méditerranéennes, Aspects de la colonisation grecque de l’Occident à la mer noire, VIIIe-IVe siècles av. J.-C., Maria Cecilia d’Ercole, colonisation grecque, commerce archaïque
Maria Cecilia d'Ercole est directrice d'études à l'École des Hautes Études en Sciences sociales depuis 2010. Auparavant, elle a enseigné l'histoire ancienne et l'archéologie dans les universités de Toulouse II Le Mirail et Paris I Panthéon-Sorbonne. Ses thèmes de recherche sont l'histoire des échanges économiques et des contacts culturels dans les mondes anciens, l'histoire de la colonisation grecque et de la colonisation romaine d'époque républicaine, l'artisanat artistique étrusque, italique et romain ainsi que l'histoire et l'archéologie de l'Adriatique antique.
Elle a notamment publié en 1990 La stipe votiva del Belvedere a Lucera consacré aux cultes liés à la colonisation latine en Italie méridionale et, en 2003, Importuosa Italiae litora. Paysage et échanges dans l'Adriatique méridionale archaïque traitant du commerce archaïque.
[...] D'autres mobilités individuelles existent du fait de la situation coloniale : à Héraclée, un géomène venu de Neapolis assiste les magistrats (les oristai) chargés mesurer et définir les terres des sanctuaires. Tout porte à croire qu'il soit venu à Héraclée à cause de ses compétences. La colonisation grecque se définit donc par un départ collectif, décidé et orchestré par l'État en raison d'un enchevêtrement de facteurs. Il convient maintenant de voir comment s'organise la colonie une fois les colons débarqués sur des terres parfois peuplées. [...]
[...] En grande Grèce et en Sicile, les conflits armés entre les cités grecques et les populations locales se multiplient aux Ve et IVe siècles av. J.-C . David Asheri parle même de « décolonisation du monde grec d'Occident ». Cependant, il ne faut pas résumer la situation en Occident à un affrontement entre deux « blocs monolithiques et figés » (d'Ercole). Les Grecs installés dans les fondations coloniales tout comme les populations autochtones sont des groupes hétérogènes et des alliances peuvent se tisser entre Grecs et Barbares. [...]
[...] Les cités coloniales sont donc insérées dans des réseaux économiques (qu'on ne peut qualifier de mondialisation, comme le rappelle Maria Cecilia d'Ercole), mais elles le sont aussi dans des réseaux symboliques. Ces réseaux sont notamment tissés par les nomina. Le terme nomina est un concept fondamental dans la pensée grecque. Il regroupe les usages, coutumes, institutions, normes juridiques, rites funéraires qui caractérisent l'appartenance à un ensemble. En milieu colonial, les nomina sont souvent les seuls liens demeurant entre la colonie et sa métropole au fil des siècles. [...]
[...] Les Grecs des colonies semblent revêtir une identité bâtarde : remparts de l'hellénisme face au monde barbare sur les zones frontière, ils sont souvent perçus par les Grecs du continent comme des semi-barbares. De ce fait, les Grecs des colonies possèdent une forte volonté de marquer le territoire par des monuments. Cette affirmation monumentale de leur identité grecque peut se faire vis-à-vis des Barbares, mais également vis-à- vis des autres Grecs dans les sanctuaires panhelléniques (Delphes, Olympie). Toutes ces caractéristiques font de la colonisation grecque entre le VIIIe et le IVe siècle av. J.-C. un mouvement indéniablement à part dans l'histoire des migrations et dans l'histoire des colonisations. [...]
[...] Il existe plusieurs versions quant à sa fondation datée de 750 à 730 av. J.-C. La première fait état d'une entreprise commune aux rivales Erétrie et Chalcis lors d'un moment d'entente politique. Les deux oecistes seraient alors chalcidiens. La deuxième tradition fait intervenir aux côtés de Chalcis et Erétrie une troisième cité, Cumes (sans doute la ville éolienne), qui aurait donné son nom à la fondation. De telles associations sont possibles, Erétrie et Chalcis l'ont déjà fait pour Pithécusses (vers 770-750 av. [...]
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