Folie et cures de la folie chez les médecins de l’Antiquité gréco-romaine, J. Pigeaud

Résumé du document

Dans le cadre du séminaire « Textes médicaux latins » , nous avons abordé le thème de la musicothérapie dans l'Antiquité , et l'ouvrage de Jackie Pigeaud , Folie et cures de la folie chez les médecins de l'Antiquité gréco-romaine , a été à cité à maintes reprises.
L'auteur, après avoir consacré un premier ouvrage à la psychopathologie intitulé La maladie de l' âme , s'intéresse de plus près ici à une maladie et à un concept précis qui est la manie.
Le but de l'ouvrage étant de montrer l'évolution du sens de ce terme et le concept qu'il englobe dans le domaine médical et les principes de guérisons qui en découlent.
L'étude débute avec des textes du Corpus Hippocratique qui sont les représentants d'une « première » médecine scientifique , et se clôt avec des auteurs beaucoup plus tardifs tel que Caelius Aurélien.

Extraits

[...] Il existe plusieurs théories sur le nom de la maladie : - c'est un pouvoir divin qui l'a envoyé. - elle altère l'âme qui est sacrée. - elle a son siège dans la tête qui chez les philosophes est le sanctuaire sacré de la partie de l'âme qui naît avec le corps. - en raison de l'importance de la maladie. Les deux premiers chapitres du traité proposent une argumentation contre la divinité de la maladie. Cette argumentation n'est pas isolée dans le Corpus Hippocratique. [...]

[...] En effet, selon le processus de la purgation hippocratique de l'humeur, la sollicitation de l'humeur entraîne la décharge du trop plein Caelius Aurélien préconise des pièces comiques et du mime pour les maniaques atteints de tristesse, et des pièces tragiques avec tristesse et crainte puérile pour les maniaques atteints de gaieté puérile. Il s'agit de corriger la qualité de l'aliénation par son contraire pour que l'âme recouvre la condition moyenne de la santé. Chapitre III Les traitements par les médicaments, les exercices, le régime dans la manie. [...]

[...] Chapitre II, La manie chez Arétée de Cappadoce. Aretée de Cappadoce, médecin grec du Ier siècle, appartient à l'école du pneumatisme (cf Athénée d'Attalie), adaptation de la pneumatologie stoïcienne pour les théories médicales. Il définie la manie comme une maladie chronique. Elle constitue un délire qui dure, sans fièvre. Il faut la distinguer des comportements dits maniaques avec l'absorption de certaines plantes (mandragore . ) et de l'engourdissement de la sensibilité dont souffrent les vieillards. La manie est chaude et sèche, elle connaît des intervalles (ce qui la distingue de la mélancolie) et affecte surtout les sujets jeunes et vigoureux car le chaud et le sang sont abondants dans le corps. [...]

[...] La cause réelle (contrairement aux causes évidentes citées ci-dessus) est l'état de constriction (strictura), qui est une conception propre à la médecine méthodique. La tête est le lieu où se rassemble la plus grande nervositas (ensemble des nerfs), par conséquent c'est elle qui souffre le plus dans la manie. La manie est essentiellement une maladie du corps avec des implications secondaires sur l'esprit. Troisième partie : Les traitements de la manie Après avoir montré la constitution du concept de manie, J. Pigeaud s'intéresse aux traitements de la manie, et en particulier à ceux que nous livrent Caelius Aurélien dans Maladies Chroniques. [...]

[...] les troubles de la mémoire. L'auteur hippocratique pratique la brachylogie et la parataxe, par conséquent le médecin hippocratique se doit d'être philologue. Après avoir analysé le vocabulaire et le style des descriptions des troubles du comportement dans le Corpus Hippocratique, J. Pigeaud dans son second chapitre, tente de montrer comment s'est formé le concept de manie en analysant les emplois de ce terme. Chapitre II, La manie hippocratique Dans le traité Airs, Eaux, Lieux (II L 28) : La manie peut être spontanée ou consécutive à une autre maladie (Crises 42 =IX L 290) Les signes qui annoncent la manie sont divers : perte de la vue, modification du regard, les extases silencieuses, sans repos, avec rotation continuelle des yeux et expiration forte, la surdité, modification de la respiration, palpitations, spasmes. [...]