Famine et approvisionnement dans le monde gréco-romain : Réactions aux risques et aux crises, Peter Garnsey, Antiquité gréco-romaine, Grèce moderne, Athène
Cette étude d'histoire économique est la première à faire la synthèse sur les questions de la famine, de l'approvisionnement en céréales et des remèdes apportés aux disettes dans l'ensemble de l'Antiquité gréco-romaine à partir des rares sources écrites disponibles et de données de substitution sur le climat et le rendement agricole de la Grèce moderne.
P. Garnsey s'oppose à l'idée largement admise selon laquelle les faibles capacités de l'Attique contraignirent dès l'époque archaïque Athènes à être un importateur régulier de grain étranger. Il démontre :
- que les disettes étaient courantes mais les famines peu fréquentes ;
- que le potentiel agricole de l'Attique a été sous-estimé ;
- que l'importation massive de céréales n'est devenue vitale qu'au Ve s. av. JC, sans jamais représenter plus de la moitié des besoins d'Athènes dans les années normales.
[...] La paysannerie[2] Stratégie de production à faibles risques : Dispersion de la propriété foncière : la fragmentation en parcelles de terre permet de bénéficier de divers microclimats qui limitent l'effet des irrégularités climatiques. Diversification des produits : pratique de l'agriculture mixte (polyculture céréalière et arbustive et élevage de petit bétail) et grande variété de blé, d'orge, de céréales mineures et d'aliments de substitution en cas de famine (stocks de glands et de nèfles, légumineuses). Conservation : impossible au-delà de deux ans. Il faut produire un excédent normal pour se nourrir pendant les saisons improductives (l'hiver et le début du printemps). Rapports économiques et sociaux Relations horizontales : les échanges. [...]
[...] Comportement démographique : l'exposition des enfants nouveau-nés leur abandon), surtout des filles, sert de frein préventif à la disette. Idéal familial : le fils unique Les communautés urbaines NB : hors des périodes de crise, la régulation de l'approvisionnement en vivres par les autorités locales n'existait presque pas (sauf dans l'Athènes du IVe s.) réponses des États cherchant à éviter les disettes et/ou à réduire leurs effets : Extension de la production locale : elle est naturelle et non stratégique. [...]
[...] L'évergétisme, principal secours contre la faim et les crises de subsistance, n'est qu'une réponse transitoire et limitée (souvent sous forme d'un prêt). Approvisionnement et crise de pénurie de vivres à Athènes (vers 600- 322 av. J.-C.) Les ressources de l'Attique 1. Données[5] Population de l'Attique aux Ve et IVe s. : de à habitants. Densité : 50 à 104 habitants/km². Terres arables : 35 à Utilisation de la terre : agriculture à petite échelle, intensive, mixte, à assolement annuel et rotation des cultures céréales-légumineuses. Cette vision moderne rejette la description habituellement faite de l'agriculture de l'Attique. [...]
[...] À partir du Ve s., les capacités de l'Attique sont insuffisantes à nourrir la population croissante d'Athènes. En partant d'un chiffre de consommation généreux (plus de 230 kg de nourriture/personne/an, dont de céréales), le plus faible rendement du blé permettait de nourrir personnes et celui de l'orge de 93 à personnes si toutes les autres variables étaient à leur niveau le plus probable. Les colonies (notamment Lemnos, cible facile pour un impôt spécial en cas de crise) produisirent cinq fois plus de blé que l'ensemble des dix tribus de l'Attique en 329-328 et devaient donc faire profiter à Athènes de leurs excédents. [...]
[...] Après Chéronée un approvisionnement de plus en plus critique L'indépendance alimentaire est perdue et les céréales du Nord circulent moins facilement. Athènes est impuissante face à la Macédoine, la Perse et le développement de la piraterie. Les Rhodiens profitent du blocus du Pirée pour détourner les navires marchands. En 325-324, une colonie (apoikia) est envoyée dans l'Adriatique pour s'assurer des ports commerciaux et protéger les convois des attaques des pirates étrusques. Le royaume du Bosphore reste un partenaire privilégié et Athènes recourt davantage aux importations de l'Ouest (Sicile, après la colonisation sous Timoléon, 342-336) et du Sud-Est (Égypte, malgré les manœuvres dissuasives de Cléomène, gouverneur d'Égypte de 331 à 323) La multiplication des crises de pénurie 5 grandes crises de pénurie : 338-337 (Chéronée) ; 335 (prise de Thèbes par Alexandre) ; 330-329 ; 328-327, date à laquelle la situation est suffisamment grave pour qu'Athènes lance une souscription publique de nourriture (seul cas connu). [...]
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