Yvon Garlan, ancien membre de l'école française d'Athènes et professeur émérite, tente dans cet ouvrage de dresser un bilan des connaissances sur l'esclavage en Grèce ancienne, et plus généralement sur toutes les formes de dépendance basées sur l'usage de la force. Cette mise au point descriptive est accompagnée d'une réflexion sur les problèmes d'interprétation, et notamment sur la place de l'analyse marxiste dans l'étude du phénomène de la servitude en Grèce ancienne.
L'introduction de l'ouvrage nous permet de cerner le point de vue épistémologique que l'auteur adopte pour concevoir son étude. Après un bref rappel historiographique faisant état des différentes traditions dans l'étude de l'esclavage en Grèce – de la tradition moraliste et chrétienne à Moses Finley, en passant par les historiens soviétiques et les anti-marxistes représentés par Joseph Vogt – Yvon Garlan se place dans un cadre idéologique qui prend son
inspiration dans l'analyse marxiste de l'histoire tout en rejetant « une exégèse scripturaire » des oeuvres de Marx et d'Engels.
Dans cette introduction, l'auteur met aussi en avant les problèmes méthodologiques auxquels l'historien de l'esclavage en Grèce ancienne se trouve confronté. Tout d'abord la nature très fragmentaire des sources. L'esclavagisme ne constitue pas un thème très présent dans le discours philosophique ou politique des auteurs grecs.
[...] Au VIIe siècle, la crise pré solonienne va entraîner cette paysannerie dépendante sur la voie de l'esclavage. On assiste à une détérioration du tissu communautaire à laquelle Solon aurait remédié par l'affranchissement du Démos et l'importation d'esclaves étrangers. Les servitudes intercommunautaires de type hilotique Les asservis de type hilotique sont une catégorie sociale située entre la liberté et l'esclavage. Les Hilotes se définissent comme des indigènes. On ne sait pas leur origine ethnique ni les circonstances de leur asservissement. Les Hilotes sont répartis en famille sur des lots de terre. [...]
[...] Il faut chercher à comprendre pourquoi ce système prévalait en Grèce ancienne. La réflexion de l'ethnologue M. Godelier montre la raison pour laquelle les rapports de parenté ou les rapports juridico-politiques (qui sont de nos jours super structurels) jouaient à l'époque un rôle dominant et fonctionnaient comme rapports de production. Car l'état de développement des forces productives imposait, pour qu'elles puissent être efficaces, des modes de structuration sociale assurant le maintien des solidarités communautaires. C'est donc pour des raisons économiques que les relations sociales sont de nature non économique. [...]
[...] La différence majeure avec le type athénien se trouve dans le caractère patriarcal qui unit les esclaves à leur maître et leur proximité de conditions de vie. Ici, esclavage et liberté ne s'opposent pas terme à terme. On ignore la procédure d'affranchissement. C'est pourquoi l'esclave homérique, pas plus que l'esclave mycénien, n'apparaît comme l'ancêtre direct de l'esclave-marchandise de type classique. Le développement de l'esclavage-marchandise à l'époque archaïque La première mention des esclaves à Athènes dans la législation a lieu sous la magistrature de Solon (594-593). [...]
[...] De la résistance au consentement Les esclaves athéniens représentaient aux yeux de leur maître une menace sérieuse. Les citoyens ne doivent leur sécurité qu'à leur solidarité car ils surveillent leurs esclaves mutuellement. Les assassinats étaient rares, mais il y avait beaucoup d'actes de malveillance : vols, négligence, sabotage. Il faut cependant noter le caractère spontané de ces malveillances plutôt qu'une forme de lutte consciente visant l'affaiblissement du système. La fuite était une tentation permanente pour les esclaves. Ils fuyaient souvent en petits groupes, à l'occasion d'un voyage ou d'une crise. [...]
[...] On retrouve dans la littérature grecque l'idée de la cité des esclaves en pays barbare ou du moins dans une zone ou l'esclavage n'était pas de type athénien. Le pouvoir esclave est assimilé au pouvoir féminin. Il existe en effet des cas où, en l'absence des citoyens partis à la guerre, les femmes et les esclaves prirent possession de la cité, même si cela reste possible uniquement avec des Hilotes (c'était inenvisageable avec les esclaves-marchandises). Dans certains cas de tyrannie, le tyran libère les esclaves pour se les mettre dans la poche et les fait se marier avec leurs maîtresses. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture