Le théâtre antique est un théâtre à la fois religieux et politique et voué au culte de Dionysos. En effet, c'est pendant les dionysies, les fêtes en son honneur que le théâtre est mis en scène, sous forme de concours. Par exemple, du IVéme et Véme siècle avant J.-C., lors des Lénéennes qui se déroulaient au mois de janvier, on trouvait un concours de dramaturgie avant que le théâtre ne soit construit, puis, lors des Dionysies des villes ou Grandes Dionysies qui se déroulaient, elles, en mars et avril, c'était aussi l'occasion d'un concours dramatique sur trois jours où parfois, le dernier jour était l'occasion d'un concours de comédie. Il n'y avait que deux dramaturges qui se rencontraient et présentaient plusieurs œuvres chacun. Euripide, dramaturge du Véme siècle avant J.-C. qui vécu de 480 à 406 avant J.-C. participera à ces concours mais ne connaîtra que peu de succès puisque tout au long de sa carrière il ne les gagnera que trois fois en trente - six ans et quatre vingt douze pièces…Pourtant, c'est un des auteurs dont l'œuvre a été la mieux conservée et qui connu un grand succès et un grand rayonnement après sa mort. Paradoxalement, il s'était toujours tenu à l'écart de la vie publique et y gagna une réputation de misanthrope et de misogyne, il est d'ailleurs raconté que harcelé par les poètes et les comiques, il se réfugia à Salamine en 408 avant J.-C., dans une grotte donnant sur la mer, demeure des nymphes, pour écrire, alors qu'Alcibiade venait de reprendre le pouvoir à Athènes créant un climat de violence et noyautant les institutions alors même que la Cité était affaiblie vis à vis de Spartes. Ainsi, la tragédie Les Bacchantes invoquant les fidèles de Dionysos, aurait été écrite pendant cette période où l'auteur s'était exilé et ne serait parut qu'après sa mort, grâce à son fils Euripide le jeune, en 405, alors que l'auteur serait mort en 406. Dans cette pièce, Euripide est original dans puisqu'il met en scène une situation complexe avec de nombreux personnages, de nombreuses péripéties et un sujet qui remet en cause la société. En effet, il montre comment le dieu Dionysos est arrivé dans la cité accompagné de ses ménades et comment son cousin, le roi de ville a rejeté sa divinité ainsi que son pouvoir. Dans cet extrait, un messager vient rapporter au roi les activités des bacchantes et la folie qui s'est emparée d'elles, les rendants bestiales, sanguinaires et douées d'une force surhumaine. A la suite de cet extrait, le roi ne croyant pas le messager, il ira vérifier par lui-même, avec Dionysos en personne, avant de se faire tuer par son propre mère Agavé prise par la folie que lui a transmise le dieu, comme il l'a transmis à toutes les autres femmes de la cité, car elle ne voyait en lui qu'un homme qui ne doit connaître les mystères de Dionysos réservés seulement aux femmes. Il ainsi montre une société inversée où les rôles entre hommes et femmes sont complètement permutés et où le dieu lui - même permet à chacun de sortir de soi pour brouiller les frontières qui existent entre les hommes et les femmes, les hommes et les animaux, les hommes et les divinités par le vin et la mania
[...] Puis on les vit retourner au lieu même où commença leur course, aux sources que le dieu avait créées pour elles ; elles lavaient leurs mains sanglantes, leurs serpents léchaient toute trace de sang dégouttant de leurs joues. Ah ! Quel qu'il soit, ce dieu, ô maître, accueille-le dans ta cité, car il est grand à tous égards et surtout, à ce qu'on me rapporte, aux mortels il fit don de la vigne, endormeuse de nos chagrins. Or, sans le vin, quel charme resterait-il aux mortels ici-bas ? [...]
[...] II ) L'inversion des rôles homme, femme, dans les Bacchantes d'Euripide La bestialité des bacchantes, les possédées de Dionysos : une première inversion lignes 89 à 93 : D'abord, elles laissèrent le flot de leurs cheveux couler sur leurs épaules [ ] leurs seins gonflés du lait de leur maternité nouvelle. Les femmes oublient leur statut et perdent leur humanité. Elles deviennent des animaux au contact de la nature puisque par exemple les serpents leurs lèchent la joue. Dionysos possède ces femmes qui se "bestialisent" selon son désir, elles sont dépossédées de leurs fonctions de mère nourricière qui doit protéger sa descendance. [...]
[...] La sœur de sa mère Ino l'accueillera et l'élèvera habillé comme une fille pour échapper à la folie d'Héra, jalouse qu'une autre femme ait enfanté de son mari, ce qui le conduisit à la folie. Chassé par ses persécuteurs il parcourt la Grèce et l'Orient et revient, d'où son surnom de Dieu étranger. Selon la tradition et comme nous le voyons dans le texte, son retour se fait dans la violence. Dionysos, après des débuts difficiles gagnera donc sa place de dieu puisque les hommes le reconnaîtrons et l'accueilleront dans la cité. [...]
[...] La première cité d'Hellas que je visite est Celle-ci ! Déjà, dans ces régions lointaines, j'ai déployé mes chœurs, institué mes rites, pour me manifester aux hommes comme un dieu. La première choisie entre les cités grecques, c'est Thèbes, que je fais tressaillir de mes cris. Je lui mets la nébride au corps, le thyrse en main ce dard enguirlandé de lierre. Car les sœurs de ma mère, qui, plus que personne auraient dû m'épargner cette insulte, ont affirmé que moi, Dionysos, je n'étais pas le fils de Zeus ; que Sémélè, par un amant mortel séduite, avait attribué sa propre faute à Zeus, artifice inspiré par Cadmos. [...]
[...] Mais voici que ta mère se dressant au milieu des Bacchantes, lança le signal rituel, la clameur du réveil, sitôt qu'elle entendit mugir nos bœufs cornus. Secouant le profond sommeil de leurs paupières, merveilles de pudeur, toutes, de se dresser, toutes, les jeunes et les vieilles, et les vierges ignorantes du joug. D'abord, elles laissèrent le flot de leurs cheveux couler sur les épaules ; puis on en vit qui remontaient leurs peaux de faon dont les liens s'étaient relâchés, ceignant ces nébrides tachetées avec des serpents qui les léchaient à la joue ; et d'autres, dans leurs bras, prenaient des petits faons ou bien des louveteaux, à ces farouches nourrissons tendaient leurs seins gonflés du lait de leur maternité nouvelle jeunes mères ayant délaissé leur enfant. [...]
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