En publiant L'énigme indo-européenne en 1987, Colin Renfrew développe une pensée subjective souhaitant mettre en exergue le fait que la grande famille linguistique des indo-européens aurait vécu deux mille ans avant le groupe culturel du Kurgan (dans les steppes russes) qui détenait jusqu'alors dans les esprits l'origine des langues indo-européennes, développée par les thèses de Gordon Childe, Marija Gimbutas ou encore Gustav Kossinna depuis le XVIIIème siècle. Selon Colin Renfrew, les premiers agriculteurs européens venus d'Asie mineure (l'actuelle Turquie) seraient à l'origine de la diffusion lente et progressive des langues vers la Grèce, l'Italie, les côtes méditerranéennes françaises ainsi que l'Espagne et le Portugal. En renouant avec le schéma diffusionniste antérieur, l'auteur anglais opère une intelligente et surprenante synthèse entre archéologie culturelle moderne et linguistique.
Suite à la parution de cet ouvrage, une violente vague de polémiques quant à cette thèse novatrice voire révolutionnaire va progressivement s'atténuer au fil des années. La thèse de Colin Renfrew est maintenant connue de tous, mais aussi appréciée largement par certains. Quoiqu'il en soit, l'auteur y développe une pensée nouvelle qui a le mérite d'être étudiée, autant par des spécialistes que par des étudiants novices en la matière. Pour reprendre les mots de Colin Renfrew, le fait "qu'un non spécialiste vienne se mêler de linguistique [nous] semble quelque peu téméraire"…
[...] Le terme indo-européen désigne la langue, pas les personnes (p. 98). Les reconstructions linguistiques hâtives fondées sur une méthode comparative de différents mots ont amené Colin Renfrew à se placer à l'encontre de certains de ces contemporains ainsi que de ces prédécesseurs. Selon eux, le rapprochement linguistique ou étymologique de termes similaires permettrait un rapprochement direct de deux populations différentes, voire opposées, les classant ainsi dans une même famille de langues. C'est ainsi que l'on a reconstruit le proto-indo-européen, la langue originelle (Ursprache), parlée par le peuple originel (Urvolk) dans son habitat originel (Urheimat) (p. [...]
[...] Il souhaite définitivement qu'on étudie avec un regard neuf les origines des langues Afin d'asseoir sa théorie, il examine de façon minutieuse les rapports d'adéquation entre l'archéologie et le langage. Selon Karine Philippe, traditionnellement, la reconstitution de l'indo-européen reposait uniquement sur des comparaisons entre les langues, sans tenir compte ni des échanges culturels ni des déplacements de populations.[5] En intégrant des données archéologiques vérifiables et vérifiées, Colin Renfrew amorce la synthèse entre linguistique et archéologie. Le lien entre les langues, les cultures et les populations n'est plus à nier. [...]
[...] Ainsi, les langues indo-européennes auraient des liens directs avec les autres foyers de langues de la Terre. Pour asseoir sa thèse, Merritt Ruhlen se sert d'arguments fournis par l'archéologie et la génétique afin de démontrer que les langues ont suivit l'évolution de l'Homo sapiens à travers le temps et l'espace. Conclusion Comme il le mentionne lui-même dans la dernière partie de son ouvrage, intitulée Archéologie et origines indo-européennes : une évaluation, Colin Renfrew note que tout au long de sa thèse, il a eu pour souci majeur de porter un regard pluridisciplinaire sur la question de l'origine des langues. [...]
[...] Faute de pouvoir vérifier leur langue, on note qu'ils inhument leurs morts en distinguant nettement les chefs, enterrés avec de riches trésors et un grand nombre de serviteurs et de concubines. L'historien Georges Dumézil (1898-1986) s'inscrit dans ce même courant de pensée, définissant les premiers indo-européens venant du nord comme les Aryens. Enfin, l'historien français Bernard Sergent, associé au linguiste André Martinet (l1908-1999), se servit de la thèse de Marija Gimbutas, critiquant vivement le point de vue tout autre développé par Colin Renfrew en 1987. C. [...]
[...] En s'appuyant sur les études de paléobotanique et paléo-environnementales, Renfrew démontre que les langues indo-européennes se seraient diffusées en partenariat avec l'agriculture. Il écrit que la théorie langue/agriculture reposait en partie sur l'hypothèse que l'arrivée de l'agriculture en Europe s'était faite par le biais des déplacements successifs, étalés sur plusieurs générations, de paysans cultivateurs (p. 311). L'hypothèse soutenue par Gimbutas des guerriers de la steppe envahissant l'Europe d'est en ouest est largement décriée par Colin Renfrew. Cependant, la thèse de Gimbutas (la plus plausible de toutes selon Renfrew, malgré ses défaillances) fait jouer les cultures du Kurgan, de la céramique cordée et du gobelet campaniforme afin d'expliquer l'origine commune des langues. [...]
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