Religion publique, romanisation institutionnelle, municipalisation, Gaule Narbonnaise, onomastique
La question générale commune aux diverses contributions rassemblées dans l'ouvrage est ainsi : « Comment, quand, selon quelles procédures, sous quelles impulsions, avec l'appui de quelles autorités, les peuples des territoires gaulois et germaniques ont-ils accédé aux formes romaines ou romanisées de l'organisation civique ? »
L'angle adopté est donc avant tout institutionnel, même si sont abordés par ce biais des domaines plus divers (comme la religion publique). Il s'agit d'étudier une forme de « romanisation », non pas matérielle (celle que met au jour l'archéologie), mais des personnes, ce qui est plus difficile.
[...] D'abord, quand les cités de Gaule septentrionale s'organisent sur le mode méditerranéen, elles élaborent souvent pour la première fois une religion publique (et non clanique, par exemple). La romanisation est donc essentiellement une imposition des formes du culte public et civique aux cultes locaux. Quant aux rites qui constituent l'identité des groupes sociaux, on ne sait presque rien mais on peut supposer que les élites locales les ont aussi coulés, dans une certaine mesure, dans le moule romain. À partir du CIL, qui exclut les Lingons et les Séquanes, classés avec la Germanie. [...]
[...] Les Lingons, les Séquanes voient leur statut promu (ils deviennent peut-être colonies romaines) par les candidats qu'ils soutiennent lors des guerres civiles de 68-70, mais une rétrogradation ultérieure n'est pas à exclure. Globalement, un très grand flou règne. En résumé, la municipalisation en Germanie commence avec César (Nyon) et Munatius Plancus (Augst). Ailleurs, c'est Agrippa qui inaugure la municipalisation en formant la cité des Ubiens. Tongres, Bataves, Helvètes, Lingons et Séquanes sont organisés en cités par Drusus. Tibère et Germanicus poursuivent son œuvre. Claude fonde Cologne et accorde le droit latin aux Trois Gaules sans qu'on sache s'il l'a alors étendu aux cités césariennes de Germanie. [...]
[...] Les institutions municipales dans les Germanies sous le Haut-Empire : bilan et questions Marie-Thérèse Raepsaet-Charlier L'article ne traite pas des colonies déduites. Il y a débat sur les frontières des cités, très floues. On retient ici celles qui ont fait partie de la Belgique telle que formée sous Auguste, puis attribuées aux Germanies sous Domitien après avoir relevé des districts militaires créés par Tibère. Agrippa installe sans doute dès 40-37 le réseau routier préparant l'invasion de la Germanie. En 27, Auguste crée les Trois Gaules et organise un cens. [...]
[...] Or la diversité des situations est grande : la Narbonnaise, bien documentée, présente une municipalisation ancienne, avec de nombreuses colonies déduites ou promues. Les Trois Gaules ne disposent que d'une seule colonie romaine (Lyon), le statut des autres communautés étant sujet à débat ; la situation est d'une extrême diversité en Germanie, où les sources sont par ailleurs très lacunaires. Ces deux derniers espaces sont caractérisés par une relative faiblesse de l'épigraphie publique on y honore moins les évergètes qu'à Rome ou en Narbonnaise. [...]
[...] Les guerres civiles de 68-70 provoquent des promotions dont on ne connaît pas la durabilité. Vespasien fonde Avenches. Domitien crée les provinces de Germanie vers 85. Trajan étend le droit latin (peut-être à certaines cités seulement, comme les Bataves), fonde Xanten et les cités ulpiennes. Hadrien complète la jouissance du droit latin. Antonin pousse la conquête à l'est. Marc Aurèle crée de nouvelles cités. C'est un parcours assez classique : il n'y a pas de véritable originalité germanique. Simplement, la conquête et la romanisation sont tardives, et l'édit de Caracalla arrive avant que la municipalisation progressive n'ait le temps d'homogénéiser les statuts d'où une diversité particulièrement grande. [...]
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