Il est assez difficile aujourd'hui de comprendre ce qu'à réellement été le "Principat" de Caligula et ce règne, aussi bref soit-il, est profondément marqué de façon négative et jouit d'une mauvaise réputation. En effet Caligula est très souvent qualifié d'empereur fou et son règne est décrit comme une période de malheur, de tyrannie. Cette légende noire ne s'est cependant pas constituée toute seule et l'absence de toute source historique fiable oblige l'historien à de nombreuses analyses et suppositions. Les principales sources sont d'abord celles des écrivains antiques comme Suétone qui dans sa Vie des 12 Césars raconte en détail le règne de Caligula. Ce biographe et historien romain n'est pas un contemporain du règne de Caligula, il vit sous celui de l'empereur Hadrien de 69 à 140 environ. Son œuvre la plus célèbre est sans conteste sa Vie des 12 Césars où il raconte la vie des empereurs du Ier siècle après. J.-C., de Jules César à Domitien en se basant sur de la correspondance ou des documents auxquels il a pu avoir accès dans le cadre de ses fonctions de conservateur aux archives. Cependant bien que cet ouvrage contienne des informations inestimables il ne peut pas constituer un témoignage objectif puisque Suétone ne fait pas la distinction entre les opinions et les faits et se base souvent sur de simples rumeurs. De plus il s'attache à mettre en avant les vices et tares des empereurs de manière peut-être à valoriser l'empereur Hadrien qui règne à cette époque. Le récit que fait Suétone de la vie de Caligula peut se décomposer en deux parties ou la première fait référence à la vie d'un prince et la seconde à celle d'un monstre. Ainsi dans la deuxième partie Suétone s'attache à décrire minutieusement le comportement de Caligula à l'aide d'anecdotes le plus souvent exagérées ou mal interprétées. Face à un tel acharnement, on peut s'interroger sur la véritable folie de Caligula et se pencher plus précisément sur la nature même de son règne. Dans une première partie, nous verrons l'arrivée de Caligula au pouvoir en tant qu'héritier de la lignée julio-claudienne avant de s'intéresser dans une deuxième partie à sa politique pleine de contradictions et enfin terminer sur l'analyse même du pouvoir de Caligula qui peut être vu sous la forme d'une monarchie de style hellénistique.
[...] Caligula agit donc très paradoxalement dans sa politique puisqu'il cherche tout d'abord à se faire apprécier en se comportant en véritable démagogue puis, dans la deuxième partie de son règne se comporte en tyran, en un véritable despote, ce qui le conduit à se comporter comme un monarque de style hellénistique. III) Une autre idée du pouvoir : une monarchie de style hellénistique Un mode de vie à l'orientale Tout le règne de Caligula est caractérisé par une volonté de démesure, de réaliser l'impossible. Le texte retranscrit ce sentiment à la ligne 12 car Suétone écrit qu'il a réalisé le pont afin de rivaliser avec Xerxès On peut voir ici que Caligula qui se doit d'être le meilleur fait un pont plus grand pour montrer que c'est lui le meilleur. [...]
[...] Ainsi c'est principalement la cruauté de Caligula qui est mise en avant par les auteurs anciens. Ce trait de caractère est très répandu au Ier siècle chez les empereurs comme Tibère ou Claude mais Caligula le possède sous toutes ses formes. Il a le goût du massacre comme peut le montrer l'anecdote ou il fait exécuter un jour 26 chevalier ensemble sans raison apparente. L'empereur a également l'habitude de dire à son bourreau frappe-le de telle façon qu'il se sente mourir La colère est également un de ses vices d'ailleurs l'historien Pierre Grimal a montré que la figure de Caligula se retrouve dans l'ensemble du traité de Sénèque sur la colère. [...]
[...] Cette volonté de s'assimiler aux dieux peut être nuancée lorsque que l'on connaît son goût pour le théâtre et la comédie mais Caligula ne s'en tient pas seulement aux déguisements. Il fait scier les têtes des dieux du panthéon grec pour les remplacer par la sienne. Il se fait même dédier un sanctuaire où y trône sa statue, que l'on habille tous les jours. Ce sanctuaire est tenu par un clergé spécialisé qui organise la liturgie et diverses cérémonies en l'honneur de l'empereur déifié. [...]
[...] Ainsi la volonté de contact de Caligula avec l'or peut se rapprocher d'une volonté d'être en communion avec le divin. Cette volonté de vivre à l'orientale se caractérise même jusqu'à sa tenue puisque dans la deuxième partie du texte Suétone se charge de nous en faire une description précise. Caligula rompt alors les traditions romaines et refuse de porter la toge impériale en lui préférant des vêtements orientaux. Ses vêtements lui permettent également de s'adosser à sa passion puisqu'ils constituent toutes sortes de déguisements différents. [...]
[...] En effet, son principat s'exprime dans la démesure et une violence telle que les historiens qui ont plus tard tenté de retracer la vie de cet empereur l'on qualifié de fou pour justifier de tels actes. Cependant il est permis aujourd'hui de douter de l'importance de cette folie car certaines actions de Caligula apparaissent comme plutôt stratégiques et réfléchies et ne semblent en aucun cas être le fruit d'un esprit totalement déséquilibré. Il est évident aussi que les historiens ont noirci le portrait de l'empereur soit pour glorifier leur propre empereur, ou soit pour définir le parfait modèle du tyran. [...]
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