Dans la cité grecque antique, l'étranger est avant tout celui dont on ignore le nom et l'origine. Il n'appartient ni par son patronyme, ni par son ethnique (les deux composantes principales de l'identité grecque) à l'état civil de la cité. Le « xenos » est celui qui n'appartient plus à sa cité d'origine, celui qui est « étrange ». En étudiant la perception de l'étranger, la place qu'on lui accorde dans la cité, Marie-Françoise Baslez cherche à comprendre la conception de la société chez les Grecs. L'idée même de l'étranger ne peut se comprendre que par l'étude de sa place dans la cité. La cité est une organisation complexe dont on n'a aucune définition précise permettant de la circonscrire. C'est par l'étude de la place de chacun que l'historien peut en définir l'organisation. Dans la cité l'étranger a ainsi avant tout une définition politique : c'est celui qui n'est pas citoyen, mais libre, celui que les grecs ont appelé le métèque. La deuxième notion d'étranger est le barbare, celui qui n'appartient pas au monde grec. La vision du monde pour les grecs se posait sur cette dualité : ceux qui sont du monde grec, ceux qui ne le sont pas.
Marie-Françoise Baslez a décidé de montrer l'évolution de la place de l'étranger dans la cité en parallèle de l'évolution institutionnelle de la cité grecque. La position de l'étranger évolue au cours du Ier millénaire avant notre ère : l'étranger soumis à la tradition d'hospitalité à l'époque archaïque, la création de son statut dans la cité classique, et sa place dans la cité cosmopolite hellénistique. Ce sont ces trois parties chronologiques que je vais reprendre dans cette présentation, car l'évolution de la place et du statut de l'étranger dans la cité ne peut se comprendre que par les changements politiques et historiques que subit le monde grec.
[...] L'étranger se voit offrir de nouvelles possibilités d'intégration. Quelles sont- elles ? Comment l'évolution de la perception du monde extérieur modifie la conception de l'étranger et de l'autre ? La première caractéristique de l'époque hellénistique signalée par l'auteur est celle de l'émergence d'une nouvelle classe politique internationale La royauté macédonienne se structure autour d'un cadre de fonctionnaires royaux, qui sont recrutés dans les grandes villes du royaume comme Alexandrie ou Antioche, mais aussi dans les cités grecque comme Athènes. C'est l'occasion pour des athéniens de se mettre en avant sur la scène politique, de partir dans les grandes villes d'influence. [...]
[...] Les nouvelles institutions reposant sur la collégialité et l'alternance demandent un nombre restreint de citoyens. Le citoyen a de nombreux droits et consacre l'essentiel de son activité à la politique, pour le bon fonctionnement économique de la cité il est nécessaire qu'ils ne soient pas trop nombreux. La naturalisation demande donc un examen très rigoureux et doit être soumise à au moins deux votes de l'assemblée. Celui qui usurpe son statut de citoyen est réduit en esclavage. Les naturalisations d'étrangers sont donc extrêmement rares. [...]
[...] Le voyage d'observation culturelle et intellectuelle est aussi en vogue, il va de paire avec la volonté de découverte du monde. Mais l'étranger reste un être suspect soumis à une police stricte et de nombreux contrôles. Les préjugés persistent aussi pour les barbares. Avec les guerres médiques la représentation duale du monde entre Grecs et barbares s'accentue. Le barbare est celui qui ne fait pas partie du monde grec dans le sens où il n'en maîtrise pas la langue, et donc la culture. Il lui manque le logos, base de la compréhension du monde et des choses. [...]
[...] Qui sont ces voyageurs, et quelles sont leurs motivations ? Les voyageurs les plus importants sont avant tous ceux qui voyagent par obligations professionnelles. Ceux qui travaillent dans l'art se déplacent au gré des chantiers de constructions. C'est aussi le cas des démiurges[7], médecins et hérauts qui sont appelés par les dirigeants auprès de telle population. En revanche le métier de marchand est occasionnel, pour compléter des revenus, car la difficulté des conditions de transports rend l'activité commerciale très dure. [...]
[...] La cité accueille difficilement l'étranger dans son corps civique, mais elle l'accueille dans son territoire, notamment grâce aux proxènes dont la fonction se développe. Celui-ci fait fonction d'hôte et de protecteur. Sa fonction glisse naturellement vers des aspects diplomatiques et c'est ainsi le proxène qui est souvent chargé de recevoir les ambassadeurs de sa cité d'origine. Ils peuvent faire office d'intermédiaire dans le contexte de guerre du IVème siècle. Le proxène est ainsi l'exemple de l'étranger qui s'est inséré dans sa nouvelle cité, et qui occupe un rôle politique important et actif. [...]
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