« J'ai rédigé des lois égales pour le bon et pour le méchant, composant pour chacun une droite justice» s'exclama Solon (de 640 à 558 av. J.-C.) qui devint l'un des plus grands législateurs de la Grèce archaïque entre le 8ème au 6ème siècle av. J.-C., une période de trouble social, économique et politique que l'on qualifia de stasis.
En effet, au 7ème siècle avant notre ère, on assiste à un bouleversement total des relations politiques et économiques qui s'appuie sur deux problèmes majeurs. La réforme Hoplitique ou révolution militaire d'une part, qui apporte un souffle nouveau dans les armées. Celles-ci ne sont désormais plus constituées des simples aristocrates mais peuvent également intégrer les grands propriétaires terriens tels que les riches commerçants. Ceux-ci vont alors réclamer, à juste titre, de bénéficier des mêmes droits politiques que les Eupatrides (ou aristocrates). La lutte entre cette nouvelle classe moyenne contre les aristocrates est lancée, mais elle ne s'arrête pas à ces simples revendications. Non seulement ceux-ci se révoltent mais le « petit peuple » aussi.
Emerge en parallèle un second problème fondamental, la « stenochoria » (ou manque de terre) qui repose sur une population en surnombre, une mauvaise répartition des terres entre les hommes, et un système successoral inopportun. En effet, à la mort du père, on partage les terres entre tous les fils, une mesure qui a pour conséquence, un morcellement des propriétés foncières. Pour répondre à ce manque de terre, les petits paysans tentèrent donc en vain d'accroître leur surface cultivable. Mais ils se heurtèrent d'en un premier temps à la configuration montagneuse du pays qui empêchait tout élargissement et d'autre part aux Aristoi , propriétaires de bétails. Car cherchant à s'accaparer de nouvelles terres, ils le faisaient souvent au détriment des troupeaux. La situation bloquée, les paysans suite à des récoltes qui s'avèrent insuffisantes pour nourrir toute leur famille, furent contraint d'emprunter des grains auprès des plus riches, les Eupatrides. Le plus souvent les paysans n'arrivant pas à rembourser leur dette, s'offrait alors à eux deux possibilités. Soit ceux-ci si devaient verser chaque année une partie fixée de sa récolte aux grands propriétaires soit ils se voyaient réduit en esclavage c'est-à-dire qu'ils étaient forcés de travailler sur leurs propres terres mais devaient reverser tous produits à leur créancier. Une fois encore le déséquilibre ne fit que s'accroître entre les petits propriétaires fonciers et les plus riches.
De ce face à face n'acquit un système politique nouveau, à la tête duquel s'installa un législateur chargé de restaurer le calme dans la cité. Solon, fut à la manière de Lycurgue à Sparte, l'un des plus célèbres d'entre eux à Athènes. Issu de la noblesse athénienne dite des Eupatrides, Solon se présenta de lui-même, en tant que législateur ou aisymnète pour dire le droit. Selon la définition d'Aristote un aisymnète, contrairement à un tyran, est élu par le peuple et ne se maintient pas au delà du temps nécessaire pour remplir la mission qui lui a été confié. De plus, étymologiquement l'aisymnète est associé à la mémorisation car soit il fait appliquer le droit coutumier ou soit il établit un droit nouveau, ce qui, dans les deux cas, se traduit par une consignation par écrit. En ses termes, Solon durant son archontat (594 à 593 av. J.-C.)durée pendant laquelle un magistrat dit archonte exerce son pouvoir de commandement ( dit Arché) et décision, fut sans nul doute, à l'origine de l'établissement d'un nouveau code de lois (nomoi) « semblable » à tous, autrement dit un droit commun.
Ainsi si la future notoriété de Solon apparaît comme légitime, certain dont essentiellement Aristote, lui attribut abusivement toutes les mesures réformatrices qui permettent d'en faire le « père de la démocratie ». Ces prédécesseurs sont bien trop souvent négligés, bien qu'ils aient à leur tour, joués un rôle essentiel dans l'avancé vers la démocratie. Si la première tentative de tyrannie échoua avec Cylon vers 632 av. J.-C., Dracon vers 624 à 621 av. J.-C., même s'il ne peut être considéré comme un réformateur, mit en forme le droit préexistant et établit des lois pénales qui eurent pour effet de dépouiller les grandes familles de leurs privilèges judiciaires.
D'autre part, même si Solon apporta par lui-même sa propre contribution quant à l'histoire de la grande lignée des législateurs et en particulier à la sienne, notamment par ses Odes dans lesquelles il comte ses efforts, ses réalisations, et enfin ses échecs, c'est avant tout chez Aristote, dans l'une de ses œuvres majeurs « Constitution d'Athènes » qu'apparaît la principale source de l'Histoire de la Grèce Antique . Né en 385 av. J.-C. à Stagire, après avoir été élève de Platon à Athènes puis le précepteur du futur Alexandre le Grand en 347 av. J.-C., il fonda une école, le « Lycée » où aidé de ses disciples, il rassembla une collection de « constitutions » dont celle qu'il rédigea sur Athènes et dernière existante à l'heure actuelle.
Ainsi Aristote s'exerça tout au long de ses œuvres, à examiner les divers régimes politiques qui émergèrent en Grèce Antique et leurs évolutions dans l'Histoire.
De ce fait l'extrait étudié concernant les réformes de Solon tiré de la « Constitution d'Athènes » porte un intérêt certain puisque Aristote y retrace les grandes étapes qui ont marqué l'archontat de Solon. Pourtant même si celui-ci modifia profondément la situation des petits paysans et apporta un nouveau droit, il est nécessaire de préciser qu'il ne répondit pas à la réclamation première de ceux-ci, racine même de la stasis, qui est le partage des terres.
En conséquence il serait judicieux de chercher à savoir si Solon peut être légitimement considéré comme l'un des Grands législateurs réformateurs de la Grèce Archaïque, ou si ce titre ne devrait pas apparaître quelque peu plus modéré qu'il ne l'est, un titre qui découlerait probablement d'un mythe entretenu notamment par Aristote.
Pour mener à bien l'étude de cette question, d'une part nous étudierons l'apport réformiste de Solon le Législateur (I), et d'autre part nous verrons la politique médiatrice de Solon (II).
[...] Fondateur de la Constitution de Sparte appelée la Grande Rhétra. Principale source dans une certaine limite, puisque Aristote meurt en 322 av. J.-C. Au début ce terme définissait la population habitant une circonscription administrative puis très vite démos prend un sens politique, il correspond aux citoyens ou aux non- aristocrates parfois même aux pauvres. Dans notre contexte il s'agit des non-aristocrates. [...]
[...] Or nous savons que le système antérieur était en fonction de la naissance et non de la fortune. Pour répondre à ce problème, il nous faut nous pencher sur la dénomination des différentes classes. Ainsi, seule la première classe des pentacosiomédimnes correspond à la quantité de son revenu imposable c'est-à-dire cinq cents mesures de grains ou de produits liquides Autrement dit étant donné qu'un médimne équivaut à une mesure, pentacosiomédimnes signifie ceux des cinq cents mesures Or les classes suivantes n'ont aucune similitude avec leur revenu imposable propre. [...]
[...] Issu de la noblesse athénienne dite des Eupatrides, Solon se présenta de lui-même, en tant que législateur ou aisymnète pour dire le droit. Selon la définition d'Aristote, un aisymnète, contrairement à un tyran, est élu par le peuple et ne se maintient pas au-delà du temps nécessaire pour remplir la mission qui lui a été confiée. De plus, étymologiquement l'aisymnète est associé à la mémorisation, car soit il fait appliquer le droit coutumier ou soit il établit un droit nouveau, ce qui, dans les deux cas, se traduit par une consignation par écrit. [...]
[...] Son nouveau droit peut être qualifié de commun à tous car on grava les lois sur les tables mobiles, et on les plaça dans le portique royal lui-même situé dans l'Agora, un lieu symbolique (marché de la cité) de rassemblement ouvert à tous où tous jurèrent de les observer Ainsi désormais le droit est à la portée de tous et doit être connu de tous et appartient à tous, car même les archontes qui détiennent le pouvoir de la cité autrement dit Solon lui-même en prêtant serment près de la pierre, déclaraient qu'ils élèveraient une statue d'or s'ils en transgressaient quelqu'une Donc, Solon innova par son droit commun à tous qui perdura au moins pendant 300 ans puisqu'encore à l'époque d'Aristote, les neuf archontes jurent encore maintenant ici alors que Solon ne fixa les lois (que) pour cent ans Ces lois eurent donc un intérêt fondamental pour l'évolution de la Grèce antique vers la démocratie. Et même si le terme d'isonomie n'est pas employé ici, Solon selon Aristote s'en approche fortement et ouvre la voie à une égalité juridique puis politique qui devait caractériser l'Athènes démocratique. S'il eut certes une évolution visible de la conjoncture d'Athènes au profit du Démos, la politique solonienne n'abolit pas toutes les inégalités qui restèrent agrippées aux systèmes de la cité. [...]
[...] L'avènement progressif de la démocratie sous Solon (Extrait tiré de la Constitution d'Athènes, Aristote) J'ai rédigé des lois égales pour le bon et pour le méchant, composant pour chacun une droite justice»[1] s'exclama Solon (de 640 à 558 av. J.-C.) qui devint l'un des plus grands législateurs de la Grèce archaïque entre le 8e au 6e siècle av. J.-C., une période de trouble social, économique et politique que l'on qualifia de stasis. En effet, au 7e siècle avant notre ère, on assiste à un bouleversement total des relations politiques et économiques qui s'appuie sur deux problèmes majeurs. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture