L'empire romain s'est constitué peu à peu par de nombreuses conquêtes au cours des Ier et IIe siècles avant J-C. Marc Antoine fut l'un des acteurs de ces conquêtes et a permis à Rome de se rendre maîtresse de territoires en Orient.
C'est un des sujets qu'aborde Plutarque dans cet extrait de la Vie d'Antoine. Ce texte est tiré des Vies Parallèles, l'œuvre la plus célèbre de Plutarque. Dans ces Vies, Plutarque cherche à tracer un portrait qui permette de saisir l'essentiel de la personnalité et l'exemplarité, positive ou négative, du destin des « hommes illustres » qu'il étudie. Le but avoué de l'auteur est que ces œuvres, dont la rédaction l'a aidé à ordonner sa propre vie selon les règles de la vertu, servent aussi à la formation morale des lecteurs. Plutarque a composé cette partie de son œuvre sans doute à partir du règne de Nerva, on ne sait quand et dans quel ordre. Le recueil regroupe 50 biographies dont 46 sont en effet « parallèles » et justifient le titre général donné à l'ensemble : elles présentent la vie d'un Grec et celle d'un Romain, ou de 2 Grecs et 2 Romains. En utilisant le genre de la comparaison enseigné dans les écoles de rhétorique, Plutarque veut montrer que les Grecs et les Romains ont vu vivre dans leur histoire autant de héros qui peuvent se comparer, dans leurs vertus comme dans leurs vices. Par exemple, Démétrios Poliorcète et Marc-Antoine ont été choisis comme exemple « de ces hommes qui se sont conduits de façon trop inconsidérée et dont les vices ont été rendus éclatant par la grandeur du pouvoir qu'ils ont exercé et des affaires qu'ils ont dirigées » et qu'il faut absolument éviter d'imiter.
Pour écrire cette Vie d'Antoine, Plutarque a consulté, outre de nombreux auteurs qu'il ne désigne que par des formules vagues, des sources aussi variées que des discours de Cicéron et d'Antoine lui-même, les Mémoires d'Auguste, et des œuvres du médecin Olympos et des historiens Q. Dellus et Timagène. Aucun de ces ouvrages pourtant n'a pu lui fournir un récit continu de tous les évènements auxquels fut mêlé Antoine. Pour compléter ses sources, Plutarque a vraisemblablement utilisé des traditions orales. Comme l'époque d'Antoine est relativement proche de la sienne (3 générations les séparent), il peut faire appel ici à des souvenirs de sa propre famille, son grand-père Lampias par exemple.
[...] Cette image d'Antoine est restée présente dans les esprits pendant très longtemps et nous en avons la preuve dans ce texte, puisque Plutarque reproduit cette image d'Antoine dans ce passage mais aussi dans l'ensemble de la Vie. Bibliographie Source - PLUTARQUE, Vies, tome XIII, Démétrios-Antoine, texte établi et traduit par Robert FLACELIERE et Emile CHAMBRY, collection des Universités de France, Les Belles Lettres, Paris Ouvrages généraux - Marie-Pierre ARNAUD-LINDET, Histoire et politique à Rome, Les historiens romains (IIIe av J-C Ve ap Bréal - Joël LE GALL et Marcel LE GLAY, L'Empire romain, tome 1 : Le Haut- Empire de la Bataille d'Actium (31 av JC) à l'assassinat de Sévère Alexandre (235 ap PUF Ouvrages spécialisés - François CHAMOUX, Marc-Antoine, dernier prince de l'Orient grec, Arthaud, Paris - Jean SAVANT, Cléopâtre et Marc-Antoine, Publications de l'Académie d'Histoire, Paris - Christian-Georges SCHWENTZEL, Cléopâtre, Que sais-je PUF, Paris - Arthur WEIGALL, Marc-Antoine, sa vie et son temps, traduit par Maurice GERIN, Payot, Paris Outils - Tim CORNELL et John MATTHEWS, Atlas of the Roman World, Phaidon- Oxford - Jean-Claude FREDOUILLE, Dictionnaire de la Civilisation romaine, Larousse, Paris - Jean-Luc LAMBOLEY, Lexique d'Histoire et de Civilisation romaines, Ellipses, 1995. [...]
[...] On peut donc dire que Plutarque était totalement favorable à Octavie qu'il opposait à Cléopâtre et en faisait même une menace pour elle, ce que l'on voit des lignes 9 à 12 : Mais Cléopâtre, voyant en elle une ennemie et craignant que, si elle joignait à la noblesse de son caractère , elle ne devint aussi invincible et ne s'emparât entièrement de son mari Des stratégies matrimoniales ? Le mariage d'Antoine et d'Octavie ainsi que la liaison d'Antoine et de Cléopâtre peuvent être interprétés comme des stratégies d'Antoine pour parvenir à ses objectifs militaires et politiques. Ainsi, nous avons vu qu'Antoine s'est marié avec Octavie pour des raisons politiques, à cause de son frère l 9. [...]
[...] Il reçut la cité romaine, l'ordre équestre, puis les ornements consulaires, sans doute par l'entremise de Q. Sosius Senecio, à qui sont dédiés les Vies Parallèles. Il fut également procureur d'Achaïe, au début du règne d'Hadrien. Plutarque séjourna à Athènes entre 79 et 82, et à Rome vers 90-92, il fit plusieurs voyages à Alexandrie, en Grèce, en Asie, mais il dut passer la plus grande partie de sa vie entre sa cité de Chéronée et la ville sainte de Delphes. [...]
[...] Antoine en se mariant avec elle, réalisait deux bonnes opérations : d'une part il consolidait son alliance avec son principal rival et d'autre part il s'assurait un soutient financier non négligeable. On peut avancer le même genre d'interprétation en ce qui concerne la liaison qui existait entre Antoine et Cléopâtre. En effet, les historiens pensent qu'en entamant sa liaison avec Cléopâtre, Antoine avait au départ un objectif bien précis en tête. Il voulait utiliser les ressources de l'Egypte pour financer sa future guerre contre l'empire Parthe. III. [...]
[...] Mais notre rôle n'est pas d'imaginer ce que l'histoire aurait pu être. Notons que Plutarque a écrit ce texte bien après les faits qu'il y relate. Comme nous l'avons vu en introduction, Plutarque a utilisé différentes sources dont Cicéron, Auguste (qui n'est autre qu'Octave), des médecins et des historiens ainsi que des témoignages oraux. Il semble que la véracité de ces sources, dans l'ensemble, ne soit pas à remettre en doute mais nous pouvons néanmoins émettre quelques critiques à leur propos. [...]
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