« A message for our Future ? The Rapa Nui Ecodisaster and Pacific Island Environments ». Paru en 2002 sous la plume de l'archéologue P. Rainbird, le titre de cet ouvrage aura tôt fait de nous interpeller. Si l'on en croit de nombreuses études scientifiques sur le sujet les Rapa Nui – habitants de l'île de Pacques – auraient été à l'origine de leur propre disparition. Ce serait à cause d'une déforestation excessive que ces insulaires du Pacifique auraient péri. D'aucuns réfutent cette thèse, mettant en cause le passage des Occidentaux sur l'île . Pourtant, si l'on en croit les théories du géographe et biologiste Jared Diamond, des schémas similaires pourraient être observés dans l'effondrement d'autres peuples tels que les Mayas d'Amérique centrale ou les Vikings du Groenland . La disparition de ce peuple est souvent imputée aux effets dévastateurs du Petit Age glaciaire, qui s'installa peu à peu à partir du XIVe siècle. Venus d'Islande, les Vikings s'étaient établis dans les fjords de la côte ouest du Groenland vers 980, à un moment où le climat était doux. On estime que les températures qui prévalaient alors et dans les siècles suivants étaient voisines de celles d'aujourd'hui. Durement ressenti en Europe, le Petit Age glaciaire eut sans doute là-bas un tout autre impact. Les bateaux norvégiens cessèrent de s'y rendre, leur route estivale étant entravée par les glaces à la dérive. Jared Diamond ne nie pas l'impact du changement climatique, mais y voit une cause seconde de l'effondrement. Les causes profondes sont à rechercher ailleurs, dans l'aveuglement d'une société trop figée dans ses traditions pour engager les adaptations nécessaires. Cette thèse est intéressante dans la mesure où elle peut nous faire réfléchir sur l'excès des sociétés trop conservatrices. Cependant, sous un angle scientifique et concernant l'histoire du peuple Viking, elle est peut-être à relativiser. Cependant, dans une certaine mesure, il rejoint l'historien Arnold Toynbee lorsqu'il affirme que « les civilisations meurent de suicide, pas d'assassinat » . Toutes ces études nous poussent à nous interroger sur le sort de l'humanité. Ne sommes-nous pas en train de programmer notre propre mort en détruisant l'écosystème de la planète ? Pourtant, si bon nombre de personnes des pays développés connaissent le danger, ils s'en remettent au pouvoir politique pour traiter de ces questions. Bien souvent ils estiment – à tort peut-être – que leurs petits gestes seront insignifiants pour améliorer le sort de l'environnement. Mais ce qui peut provoquer la chute d'une civilisation n'est pas toujours d'ordre climatique. Certains peuples ont disparu envahis par d'autres. Quoi qu'il en soit il semble que le pouvoir politique puisse être compétent pour traiter de quelques-uns des facteurs qui font disparaître une civilisation. L'Etat pourrait-il être garant de notre survie ? Ce qui nous amène à nous demander : dans quelle mesure le pouvoir politique peut-il être responsable de la chute d'une civilisation ? Pour mener à bien notre étude, nous porterons notre attention plus particulièrement sur l'exemple de la civilisation romaine.
[...] En outre, il y a eu une barbarisation de l'armée. Or, ce qui caractérisait la puissante armée romaine était aussi le profond attachement à la citoyenneté et aux valeurs de Rome. Les soldats avaient une réelle motivation à se battre contre l'ennemi et cet aspect psychologique n'est pas de moindre importance[24]. L'historien Végèce formula une théorie selon laquelle l'Empire romain déclina et tomba à cause du contact grandissant avec les barbares. La barbarisation fut, selon cet auteur, un des facteurs de dégradation. [...]
[...] Cette période, aussi appelée Bas Empire, ou Antiquité tardive, est celle du début de la décadence de la civilisation romaine. Dans l'ensemble, il reconnaît que l'œuvre de Dioclétien a réussi. L'administration fonctionnait correctement et la situation économique s'améliorait lentement. Toute la société était contrôlée par l'Etat. La centralisation était telle que la chaîne hiérarchique des fonctionnaires attachait chaque élément de l'Empire à un centre organisé comme un ensemble de ministères. Les empereurs étaient vénérés comme des dieux. Le pouvoir était organisé et affermi. [...]
[...] Qui dispose de la puissance et de la légitimité que le divin donne ? Pour les Empereurs chrétiens, de Constantin à Théodose, la continuité avec le caractère divin de leur prédécesseur païen est évidente. Tout au plus sont-ils représentant de Dieu sur terre, et perçoivent ainsi les signes de l'autorité divine . Saint Augustin répond dans la Cité de Dieu, que les deux cités, celle de Dieu et la cité terrestre ne s'opposent point mais que leurs finalités sont différentes, ce qui déjà est une façon d'affirmer l'autonomie du spirituel à l'égard du temporel. [...]
[...] Alors que le magico-religieux était au dehors du politique, il devient objet du politique. La subordination du religieux au pouvoir politique fait jour. L'esprit romain disparaît déjà et la civilisation avec lui. La tradition du mythe se perd. Or, nous avons vu que la civilisation se caractérise par un mouvement de transmission, un lien commun à tous et unificateur. Là encore plusieurs facteurs peuvent conjointement être mis en relief. On sait que lors des conquêtes romaines, ces derniers laissaient la liberté de culte à leur peuple conquis. [...]
[...] Le rex incarnait aussi une dimension inexplicable qui ne pouvait s'expliquer que par son opposition au peuple, populus, ou à la cité, civitas. Nous savons ce qu'il n'est pas mais nous restons tout à fait incertains quant à son contenu positif Or, les romains, étaient peu enclins à la philosophie et avaient une pensée essentiellement pragmatique, d'où la fameuse formule primium vivere deinde philosophari vivre d'abord, philosopher ensuite Ils puisèrent alors dans le mythe fondateur l'explication de ce que nous appelons aujourd'hui la souveraineté. [...]
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