Aujourd'hui plus que jamais, le lien qui existe entre violence et religion est au centre des préoccupations. Aussi est-il nécessaire de s'interroger sur cette thématique pour tenter de mieux comprendre les conflits qui jalonnent la société actuelle. En partant d'une lettre de saint Augustin, père de l'Eglise catholique considéré par beaucoup comme le plus grand théoricien de la violence dans le domaine religieux en raison de toutes les doctrines qu'il a inspirées en la matière, on peut tenter de mieux saisir le rôle que tient la violence dans un conflit, ici dans le cadre d'un schisme catholique, et la reprise intellectuelle dont celle-ci peut faire l'objet afin de mieux affermir ses positions et détruire son ennemi.
En 403 se tint un premier concile de Carthage sous le règne de l'empereur Honorius où fut demandée une réunion contradictoire avec les donatistes qui la refusèrent. Cette situation tendue, où les donatistes se sentaient suffisamment puissant pour refuser toute confrontation, amena en 404 les évêques catholiques, lassés d'être l'objet des violences des donatistes, à demander l'application contre ceux-ci des lois portées par Théodose en 381 contre les manichéens et toutes les hérésies. En effet, l'assimilation progressive du donatisme à une hérésie sous l'action d'Augustin, et ce en raison de leur pratique du rebaptême, rendait possible une telle démarche. La conception de cette demande dans le camp catholique créait des divergences entre ceux qui étaient partisans d'un appel pur et simple à l'empereur, et d'autres, avec Augustin, qui souhaitaient utiliser les lois de Théodose d'une manière défensive, en s'en servant d'elles comme d'une arme dissuasive contre ceux qui empêcheraient les évêques catholiques d'exercer leur mission. Même si ce fut cette dernière position qui fut finalement adoptée, les violences exercées par les donatistes étaient déjà parvenues à la connaissance de l'empereur, poussant ce dernier, entre le 12 février et le 5 mars 405, à promulguer un « édit d'union » et trois autres édits sévères à l'encontre des donatistes, puisque interdisant toute manifestation de ceux-ci et obligeant les fidèles à rejoindre la communion catholique. Ces mesures furent sans nul doute prises par les donatistes comme une preuve de la collusion entre les catholiques et l'Etat, alimentant un sentiment d'injustice et de rancœur propice à alimenter les actes de violences corporelles.
Dans cette lettre rédigée en 406 au nom du clergé catholique d'Hippone, Augustin propose une autre vision de la situation, afin de faire cesser les actes de violence des donatistes. S'adressant à Janvier, primat de l'Eglise donatiste et évêque des Cases Noires en Numidie, Augustin offre ici une reprise intellectuelle des différentes formes de violence qui traversent le conflit à cette époque, en traçant des frontières entre ces diverses violences commises par les trois protagonistes du conflit, à savoir les catholiques, les donatistes et l'Etat, afin de légitimer les actions catholique et impériale. C'est ainsi qu'il construit différents schémas moraux, confrontant chaque type de violence afin de mieux disqualifier celle commise par les donatistes.
[...] C'est donc dans cette perspective qu'Augustin tire avantage de l'assimilation qu'il a effectuée entre donatistes et brigands. En effet Augustin apporte une constante attention à souligner que l'autorité impériale agit seulement comme une force policière, et non dans une perspective religieuse. Lorsque Augustin rappel au milieu du troisième paragraphe que Constantin ne s'est résigné que tardivement et à contre cœur à intervenir dans le débat épiscopal qui entourait l'affaire de Cécilien, c'est bien pour montrer que les empereurs catholiques ne veulent pas se mêler des affaires religieuses, et que l'action du pouvoir séculier est seulement ici une répression des excès de violence et de brigandage des donatistes, et non une persécution religieuse. [...]
[...] Dans cette lettre rédigée en 406 au nom du clergé catholique d'Hippone, Augustin propose une autre vision de la situation, afin de faire cesser les actes de violence des donatistes. S'adressant à Janvier, primat de l'Eglise donatiste et évêque des Cases Noires en Numidie, Augustin offre ici une reprise intellectuelle des différentes formes de violence qui traversent le conflit à cette époque, en traçant des frontières entre ces diverses violences commises par les trois protagonistes du conflit, à savoir les catholiques, les donatistes et l'Etat, afin de légitimer les actions catholique et impériale. [...]
[...] C'est bien parce que les donatistes représentaient une menace pour autrui que l'empereur avait entamé une répression du donatisme. De ce fait, Augustin récuse le fait que l'Etat persécute les donatistes, montrant par ailleurs que les catholiques ne sont en rien responsable de ces actes, puisque toutes ces actions ne font, finalement, que répondre aux exigences de la dignité impériale qui veulent, et ce depuis Auguste et peut être encore d'avantage sous les empereurs chrétiens, qu'un Prince se doit d'apporter la sécurité, et un cadre de vie aussi bon que possible à tous. [...]
[...] Tout cela n'est-il pas depuis, longtemps votre propre ouvrage ? Si les empereurs n'ont rien à ordonner dans ces questions, si un tel soin ne doit pas appartenir à des empereurs chrétiens, qui donc pressait vos pères d'envoyer à l'empereur, par le proconsul, la cause de Cécilien, d'accuser de nouveau auprès de lui l'évêque contre lequel vous aviez déjà porté d'une manière quelconque votre arrêt en son absence ; et celui-ci absous, d'inventer contre son ordinateur Félix des calomnies auprès du même empereur ? [...]
[...] Daniel fut, jeté dans la fosse aux lions par les calomnies de ses ennemis ; son innocence triompha de leur malice ; il sortit de la fosse sain et sauf : mais eux y furent jetés et y périrent. De même vos pères livrèrent à la colère royale Cécilien et ceux de son parti; son innocence l'ayant sauvé, vous souffrez de la part de ces mêmes rois ce que les vôtres ont voulu faire souffrir à nos catholiques; il est écrit: Celui qui creuse la fosse pour son prochain y tombera lui-même. [...]
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