Politique à Rome, Paul Veyne, César, Gilles Sauron, Cléopâtre VII, pax romana, Claude Nicolet, Pompée, Sicile, Égypte, Auguste, Michel Foucault, politique, Mithridate VI Eupator, Philippe Le Doze, Cicéron, Clodius Pulcher, Tibère, Marcus Tullius Cicero, Fergus Millar
À la fin des années 1990, l'archéologue et historien de l'art romain Gilles SAURON s'est illustré par une recherche originale sur les décors végétaux du soubassement de l'Ara Pacis, bâti à Rome par Auguste entre 16 et 13 av. J.-C. Celui-ci postulait en effet que, loin de constituer un remplissage ornemental sans conséquence, les rinceaux étaient porteurs d'une symbolique puissante, mêlant les thématiques de la légitimité dynastique et de la victoire sur les ennemis de Rome. Au premier chef de ceux-ci se tenaient Cléopâtre VII et son amant l'ex-triumvir Marc-Antoine, subtilement évoqué par les arabesques dessinant deux aspics, instruments du suicide de la reine d'Égypte au lendemain d'Actium (31 av. JC), selon la légende, et un mausolée orientalisant, rappelant le traître projet de Marc-Antoine de se faire inhumer à Alexandrie. À première vue, un tel rapprochement entre le dernier épisode de la guerre civile, à peine quinze ans auparavant, et l'idéologie de la Pax Romana qui doit désormais régner sur tout le territoire a de quoi surprendre : ne chercherait-on pas plutôt à oublier les événements tragiques et fratricides de la guerre civile ?
[...] J.-C., de nouvelles formes de violence politique se font jour entre particuliers. Le monopole de la violence symbolique, très brièvement détenue par César entre 45 et 44 av. J.-C., n'est en fait, définitivement reconstitué qu'avec Auguste. Après la bataille d'Actium et la conquête de l'Égypte qui s'ensuivent, en effet, Auguste n'a plus de justification à maintenir l'armée de soixante légions dont il dispose désormais, après réintégration de celles auparavant sous le commandement de Marc-Antoine. Il en démobilise d'ailleurs une partie. [...]
[...] Les tensions ne font ensuite que monter en puissance, l'escalade vers la guerre civile étant marquée d'incidents célèbres comme le meurtre du tribun de la plèbe Clodius Pulcher, attaché à César, par un agent du tribun rival Milon, en 62 av. J.-C., un meurtre normalement doublement impossible, d'une part parce que des bandes armées n'auraient pas dû pouvoir circuler à l'intérieur du pomoerium, l'enceinte de Rome, et d'autre part puisque Clodius était censé bénéficier de l'immunité tribunicienne qui interdisait que quiconque le touchât. À tous les égards, les lois de Rome volent donc en éclat. [...]
[...] Cet aveu d'impuissance du Sénat conduit ensuite, nous allons le voir, à une véritable délégation de l'intégralité du pouvoir militaire à l'empereur, appelée par une situation de crise où la violence dans la cité et pour des raisons de désaccords politiques est totalement incontrôlée. B. Lutte des factions et guerre civile entre : césariens et pompéiens : de nouvelles formes de violence politique entre particuliers (privati). Si la politique à Rome a en effet toujours été l'occasion de débats intenses, rares sont les périodes où elle a suscité autant de violences physiques qu'entre 63 et 31 av. J.-C . La lutte des factions, pompéienne contre césarienne d'abord, jusqu'en 45 av. J.-C. [...]
[...] Quoique la notion de romanisation (à comprendre comme une imposition consciente et violente d'un mode de vie depuis l'extérieur) ait prévalu dans l'historiographie depuis les travaux de Marcel BENABOU dans les années 1960, cette notion a été plus récemment remise en cause par Yvon THEBERT qui privilégie une lecture ambivalente, à la fois comme adoption locale d'une culture attirante, car matériellement confortable et symboliquement prisée, et comme politique romaine. On pourrait alors avancer l'idée d'une violence « inclusive » de la part de Rome, visant à forcer l'intégration des éléments les plus turbulents : qu'il s'agisse du chef de la révolte germaine de 9 apr. J.-C. [...]
[...] En retour, les populations ont pu elles aussi faire montre de leur opposition à tout ou partie de l'Empire romain en usant de la violence. Il est donc nécessaire de s'interroger sur ce paradoxe : comment le pouvoir romain, tout en professant un discours de pacification, justifie-t-il la concentration du monopole de la violence légitime aux mains du prince ? Un élément de réponse se trouvera certes dans le fameux adage latin si vis pacem, para bellum, mais au-delà de la simple invocation de la violence défensive, nous verrons que l'Empire romain, entre 70 av. J.-C. et 73 apr. [...]
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