Vie latine de sainte Mélanie, Gérontius, aristocratie romaine, conversion au christianisme, hagiographie, concile de Chalcédoine, ascétisme, invasions barbares, Alaric, Antiquité romaine, paganisme, charité chrétienne
Le IVe siècle est une époque de forte conversion de l'aristocratie, notamment romaine. Cette dernière, désormais autorisée, voire encouragée à choisir le christianisme, se tourne vers la foi chrétienne. Ils sont surtout séduits par les valeurs de charité et d'ascétisme, ce qui est visible chez Mélanie et Pinien dans ce texte. Ce texte est une hagiographie, ce qui indique une volonté de valoriser les qualités pieuses de Mélanie. C'est une vie écrite en deux langues grecque et latine qui présentent des différences sur la présentation, mais qui permettent de connaitre les pratiques religieuses de cette époque. L'auteur de ce texte est Gérontius, le successeur de Mélanie à la tête d'un de ses monastères après sa mort.
Il est considéré comme schismatique par son propre parti et il se dresse contre le concile de Chalcédoine. Sainte Mélanie est née en 383 et morte en 439. Elle est issue d'une grande famille de l'aristocratie romaine, elle est mariée de force aspirait à la vie ascétique, selon le mode de vie des Pères du désert. Cependant, elle accepte de se marier et de donner deux enfants à son époux si celui-ci promet de lui laisser commencer son processus ascétique après cela. Cependant, après la mort de leurs deux enfants et la dégradation de l'état de santé de Mélanie, le couple décide d'observer un mariage continent et de se convertir à deux à la vie ascétique.
[...] De plus, Rome n'est plus la ville de résidence des empereurs qui séjournent d'abord à Milan puis à Ravenne, où est alors protégé par une forte garnison, l'empereur occidental, Honorius. Il ne s'agit donc pas véritablement d'une invasion, car les Goths sont intégrés à l'Empire, mais d'une rébellion intérieure, d'un des chefs militaires de l'Empire, nommé en 398. Mais dès 401, il attaque l'Italie et se confronte au refus de négociation de l'empereur. On voit donc bien ici la marque que l'évènement peut laisser dans les esprits et surtout, comme nous le verrons, son impact sur le processus de liquidation entamé par Mélanie. [...]
[...] La première chose à noter ici est les conseils prodigués par ces derniers à Mélanie : « Les bienheureux ayant décidé de vendre tous leurs biens, les très saints et éminents évêques d'Afrique, c'est-à-dire le bienheureux Augustin, son frère Alypius et Aurélius de Carthage, leur donnèrent le conseil suivant : « L'argent que vous distribuez maintenant aux monastères sera dépensé en peu de temps. Mais, si vous voulez laisser une mémoire ineffaçable au Ciel et sur la terre, faites don à chaque monastère d'un local et d'un revenu. » Accueillant pleinement l'excellent avis des saints, ils agirent selon leurs conseils. [...]
[...] Ici, il est question de sa consommation de liquide et de nourriture. Or, il est à noter que les aliments cités ont une forte symbolique. D'abord, le vin, auquel selon Gérontius, Mélanie n'aurait jamais touché. Il semble ici confondre un vieux tabou qui interdisait à Rome le vin aux femmes et une forme d'interdiction aux sénateurs dont nous n'avons aucune autre trace. Ensuite, le pain est mentionné, un aliment presque christologique puisqu'il constitue le corps du Christ. L'ascèse vise à se rapprocher du Christ dans la douleur que la faim et la soif pouvaient représenter. [...]
[...] Tous les choix de Mélanie vont dans le sens d'une perfection morale, matérielle et spirituelle. Cette perfection est prêchée dans les Évangiles : « Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 6,48). Le chrétien doit poursuivre ce but dans la vie terrestre, mais pour certains théologiens, la perfection ne peut être atteinte dans ce monde. La recherche de perfection est donc vaine, mais peut participer à l'élévation des chrétiens qui la poursuivent. Enfin, Mélanie, dans cette recherche de perfection fais preuve d'humilité : « Elle était jalouse de dépasser tout le monde en ascèse » (lignes 39 et 40). [...]
[...] Pour conclure, on peut dire que Mélanie entreprend un processus qui s'inscrit dans un contexte particulier. Elle est ralentie d'abord par le contexte politique et religieux propre aux aristocrates romains. L'arrivée des Barbares l'empêche d'abord de réaliser la liquidation au profit des églises, mais elle reçoit le soutien de Dieu à travers une justice divine. Ensuite, elle définit ses propres pratiques religieuses, qui se répandent à cette époque. La liquidation des biens, la charité et l'ascèse sont des pratiques déjà observées par les chrétiens, mais poussées, ici, à l'extrême par Mélanie. [...]
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